La crise économique, la vie chère, la pénurie des carburants couplée de la hausse exponentielle des prix des produits de première nécessité sont susceptibles de provoquer des appels à la révolte. Tel est l’avis de certains habitants de la colline Bartye en commune Butaganzwa de la province de Ruyigi.
« Certains individus, surtout sur les réseaux sociaux, accusent le gouvernement de ne rien faire et appellent publiquement au renversement du pouvoir. Ils le traitent de régime qui n’aime pas la population, un régime qui doit disparaître. La population peut être confuse et passer à l’acte », indique sous anonymat un habitant de cette colline.
Même lecture chez Évelyne Ndayiziga qui fait savoir qu’il existe beaucoup de lamentations et de plaintes parmi la population. Toute la faute, dit-elle, est jetée sur le gouvernement. « Le président et toutes les autorités administratives portent toute la responsabilité face à cette situation. Ce sont les institutions qui doivent trouver des solutions ».
De son côté, M.K. trouve que la révolte a déjà commencé. Il donne l’exemple du refus de certaines personnes lors de l’enrôlement des électeurs pour le processus électoral en cours. Il rappelle que l’administration a dû utiliser la force pour contraindre les gens à se faire inscrire. « Nous avons compris que cela s’explique par cette situation de vie chère. La population souffre même si elle ne le dit pas en public ».
D’après Alexandre Ndayishimiye, un autre habitant de la colline Bartye, l’appel à la révolte vise à changer le régime qui a failli pour mettre en place un « pouvoir efficace qui se soucie du bien-être de la population. L’autre objectif c’est cette volonté de faire retomber le pays dans le chaos. La révolte n’a jamais résolu les problèmes. C’est ajouter le drame au drame et prolonger les souffrances », insiste-t-il.
Selon Théogène Bangura, conseiller chargé des questions économiques et des statistiques à la commune Butaganzwa, la situation de vie chère touche la population de sa commune en particulier et le pays en général. Par conséquent, dit-il, la population exprime le sentiment d’insatisfaction et d’inconfort sans nécessairement vouloir se révolter. « Ce ne sont pas des messages d’appel à la révolte ou à l’insurrection. Mais, ce sont des plaintes et des lamentations. Ils n’ont pas l’objectif de renverser les institutions par force », nuance-t-il.
Eviter toute manipulation
Oui, des lamentations existent, accepte-t-il sans tergiverser. Certains déplorent et critiquent le gouvernement de ne rien faire pour aider la population. Et de préciser que des manipulateurs politiques peuvent profiter de cette situation pour embrigader la population. « Des acteurs qui veulent atteindre leurs intérêts peuvent inciter la population à l’insurrection », précise-t-il.
Théogène Bangura indique que la population ne devrait pas tomber dans le piège. Il considère que la hausse des prix et la pénurie de certains produits font partie de la vie courante. « Par moment, il y a pénurie et les prix augmentent. Pendant une autre période, il y a une surproduction qui engendre la baisse des prix. Bref, il ne faut pas prêter une oreille attentive à ceux qui veulent profiter de cette période défavorable pour déstabiliser le pays », conseille-t-il.
Assainir la situation
Selon le socio-anthropologue Lambert Hakuziyaremye, la situation précaire qui prévaut dans le pays est propice à la prolifération des messages d’appel à la révolte. Des gens se lamentent. Ils se plaignent. « Des appels à l’insurrection suivent. C’est déjà le cas sur les réseaux sociaux », fait-il observer.
Il rappelle que le Burundi a déjà connu des révoltes dans le passé. Il parle des manifestations de 2015 avec toutes les conséquences que cela a engendrées. Il cite notamment la remise en cause de la cohésion sociale, les morts, les exilés et la pauvreté. « La situation était fragile, mais elle s’est aggravée davantage ».
Lambert Hakuziyaremye invite les dirigeants à assainir la situation pour prévenir la population de toute tentation. Les autorités pourraient, dit-il, s’asseoir ensemble pour trouver des solutions aux problèmes économiques du pays. « Des mesures doivent être prises pour protéger la richesse nationale et assurer une redistribution équitable des ressources de l’Etat. On doit améliorer la qualité des services pour inverser la tendance ». Et de préciser qu’il serait possible de préserver la population de toute manipulation.
Ce socio-anthropologue appelle chacun à réfléchir avant d’agir. « C’est vrai que la situation est problématique. Mais, les actes à poser doivent être pensés avec méthode et prudence. Une décision de s’engager dans la révolte basée sur des émotions peut causer des problèmes. Il faut minimiser les risques et conséquences », conclut-il.
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