« Le président de la République appelle tous les participants, qui sont d’ailleurs des leaders, à servir d’exemples, à être des modèles dans leurs services respectifs, à être au service de la population, à initier des projets de développement, à respecter le bien public, à lutter contre les malversations économiques, et surtout à utiliser les nouvelles technologie de l’information et de la communication. Ils ont également parlé des réformes administratives et économiques qui seront bientôt initiées pour plus de performances dans les domaines avec l’objectif d’atteindre une croissance économique à deux chiffres en moins de deux ans », dixit Evelyne Butoyi, porte-parole du président de la République, au baisser de rideau de la retraite des hauts cadres et des cadres de l’Etat sous le thème : « Bonne gouvernance, services publics productifs», samedi 5 mars, dans la capitale politique. La Banque mondiale remet les pendules à l’heure : le Burundi a enregistré un taux de croissance économique de 0, 3% en 2020. Elle le projette à 2% en 2021.
Le wishful thinking et le biais de confirmation – l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) a pour rôle de confirmer le narratif de Gitega – sont des outils au service de la puissance. A force de s’asseoir sur le mur des faits, les mots n’ont plus de sens, les croyances se muent en chiffres.
Les éléments de langage de la rhétorique officielle empruntent de plus en plus au discours hors-sol, un marqueur du système, certains concepts étant déconnectés du réel. Gitega a organisé dans l’hémicycle de Kigobe, du 18 au 19 novembre 2021, un forum national sur le développement, 1ère édition, sur le thème : « Faire du Burundi, un pays émergent d’ici 2040 » -label regroupant des pays comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Turquie. Et ce après l’adoption du Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté (CSLP I) en 2006, la deuxième édition en 2012. « La réalisation des actions de ces documents stratégiques n’a pas amené le gouvernement à atteindre ses objectifs d’accroître le taux de croissance économique et de tirer la population burundaise de la pauvreté », a mis en exergue le président de l’Olucome dans son communiqué du 18 novembre dernier. On enfile des initiatives comme on enfile des perles. Ce qui a émergé du thème de l’émergence made in Burundi est l’absence de raisonnement stratégique.
Dans l’hypothèse où le Burundi marcherait sur l’eau en moins de deux ans, gare au syndrome de la croissance sans développement. Un taux de croissance à deux chiffres peut n’avoir aucun impact sur les autres indicateurs du pays. Notamment l’accès aux services publics minimums, comme l’éducation, la santé et la sécurité. Pour combien de Burundais ? Et dans quelle mesure en termes d’effectivité, de qualité (faible culture de service) et de coût (services publics onéreux par rapport au revenu moyen du citoyen lambda)?
Quid de la stabilité politique, de la gouvernance démocratique, d’un secteur privé dynamique et de la confiance des investisseurs soucieux d’évoluer dans un climat d’affaires sécurisé comme piliers de la croissance économique ?
« Qui veut guérir d’une maladie ne doit pas cacher ses symptômes», nous enseigne la sagesse burundaise.
Guibert Mbonimpa
Que comptent-ils faire pour atteindre cet objectif et pourquoi ne l’ont-il pas fait pendant les 17 ans qu’ils viennent de passer au pouvoir?
Ce qui est navrant, même honteux, ce sont des rassemblements qui coûtent des fortunes au trésor. Dans ces forums, Ies grands qui nous dirigent , tirent des conclusions, annoncent à grand tambour des objectifs irréalisables .
Dame Butoyi l’a même pas daigné Pwxpliquer comment le Burundi va faire pour arriver à cette croissance à 2 chiffres.
Iyo bamumbariza ati ko mumaze 17 ans mutwara. Ubu hahindutse iki?
Pourquoi ces announces sans lendemain:
There is no accountability whatsoever in our african countries.
Il n’y aura personne après deux ans qui osera demandé où est la croissance à deux chiffres?
C’est cela notre tragédie
Alors rendez-vous dans moins de deux ans. Question: qu’allons-nous faire si le niveau de croissance n’a pas bougé d’un pouce ou s’il se maintient à un maigre chiffre et quelques centièmes? Ces hauts fonctionnaires ou du moins certains auront échoué leur mission. Le moment de les remercier ou simplement admettre que ce n’était que des paroles en l’air.
On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, dit la sainte bible. Cet objectif ne sera jamais atteint par ces prétendus leaders qui viennent de passer 17 ans au pouvoir sans atteindre même une croissance de 5%.
@Muntu
« Cet objectif ne sera jamais atteint par ces prétendus leaders qui viennent de passer 17 ans au pouvoir sans atteindre même une croissance de 5%. »
Es-tu sûr de ce que tu avances? Et si je te disais que la croissance était exactement de 5,41% en 2010 (https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codePays=BDI&codeTheme=2&codeStat=NY.GDP.MKTP.KD.ZG). Par ailleurs une croissance isolée peut ne pas signifier grand-chose. En 1972 croissance de de -6,40%. En 1973 +6.89% car l’année précedente on ne pouvait pas tomber plus bas.
Une démarche novatrice a été suivie chez notre voisin-le Rwanda-pour mettre au point une vision de ce pays pour 20 ans. C’était à l’époque la vision 2020. Elle a été conçue par l’ancien président de la Banque Africaine de Développement M. Donald Kaberuka en associant toutes les composantes du pays à la demande de S.E. Paul Kagame. Le Burundi pourrait recourir aux services de cet éminent économiste pour faire un travail similaire. Il me semble que les relations entre nos deux pays exécrables il y a quelques années sont maintenant au beau fixe.
Comment pouvez vous faire des élucubrations métaphysiques sur la croissance à deux chiffres dans 2 ans?
Ce n’est pas parce que la reine Butoyi l’a dit à la Rtnb que cela viendra comme par magie.
Les 15 jours pour le Mpanda gate ont été décrétés par notre guide. On attend toujours.
Tolérance zero à la corruption fut décretée par le guide suprême du patriotisme en 2005. 3 mandats plus tard , le Burundi est devenu le pays le plus corrompu et le plus pauvre du monde.
Parmi les auguste personnes assise dans ce congrès, il y aura certainement d’ailleurs plusieurs qui verront leurs richesses avoir une croissance à 4 chiffres. Surtout qu’ils sont exempts de déclarer leur patrimoine comme l’exige pourtant notre constitution
Je pense sincèrement qu’une croissance à deux chiffres est possible. Il suffit de demander à la CENI comment on confectionne des chiffres inventés de toute pièce et qui sont confirmés les yeux fermés par la Cour constitutionnelle. Le pays n’est pas à un paradoxe près : nous avons une démocratie sans démocrates ; un christianisme sans chrétiens ; un enfer socio-économique dans un paradis idyllique, des centaines de millions de dollars au Panama Papers alors que toutes les infrastructures sont en décomposition avancée, etc. Si le Burundi n’existait pas il faudrait l’inventer. Entretemps, la vidéo du Youtubeur Ruhi Cenet sur le pays le plus pauvre et le plus malheureux du monde, postée le 5 février, a déjà été vue à ce jour par presque 12 millions d’internautes et beaucoup en pleurent :
https://www.youtube.com/watch?v=n0gFsHf9cIw