Le président de la République a avertit, lors de [son rendez-vous du 22 décembre dernier->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4444] que des sanctions allaient être prises à l’endroit des politiques qui se réunissent en ‘violation’ de la loi. Pour Christophe Sebudandi, le président "doit se mettre au dessus de la mêlée pour réconcilier et non diviser son peuple".
<doc6558|right>{Que pensez-vous de la mise en garde du président Nkurunziza ?}
Elle vise à limiter la liberté politique des autres partis pour que le Cndd-Fdd soit le seul à agir sur le terrain. Elle va dans la droite ligne de nombreuses mesures qui ont été prises récemment visant la restriction des libertés de réunion et d’association. De plus, cette mise en garde confirme une certaine dérive autoritaire de nature à conduire le pays dans la dictature. Une dérive où le parti au pouvoir sera le seul à avoir toute la marge de manœuvre nécessaire avec les petits partis satellites autour de lui pour faire des activités politiques dans le pays.
{En d’autres termes, vous accusez le président de violer à son tour la loi ?}
Si on se réfère à la Constitution en ses articles 31,32 et 33, cette mise en garde me semble complètement anticonstitutionnelle. Ils garantissent la liberté d’expression et de réunion sauf au cas où ces réunions ou manifestations conduiraient les gens à s’entretuer, à provoquer la haine ethnique, religieuse, etc. Or, ceci n’est pas le cas pour le moment.
{Une certaine opinion qualifie le président de partial. Qu’en dites-vous ?}
Dans la tradition burundaise, il est appelé « Sebarundi » ou père de la nation. Il constitue le garant de la Constitution. A voir la façon dont il agit envers son parti, on voit qu’il y est très attaché. Il est resté un membre très actif alors que dès son investiture le président doit se placer au dessus de la mêlée. Depuis son accession au pouvoir en 2005, il a les pieds si englués dans une logique partisane qu’il lui est impossible de tourner le regard vers les autres. Ainsi il subsiste des doutes sur sa capacité de neutralité et d’arbitrage vis-à-vis du reste de la population.
{Les partis regroupés au sein de l’ADC-Ikibiri refusent de céder. Comment sortir de cette impasse ?}
Il n’y a aucun autre moyen de s’en sortir en dehors du dialogue. Les différents protagonistes doivent se rencontrer pour lire ensemble la Constitution. Effectivement, les coalitions des partis politiques sont permises lors des élections. Toutefois, la loi ne précise pas quand elles ne sont pas autorisées. Quelque chose qui n’est pas interdit est autorisée.
{Quelles peuvent être les conséquences de cette prise de position ?}
Si les partis politiques ne sont pas autorisés à faire campagne pour faire connaître leurs idées, nous allons arriver aux élections de 2015 avec un seul parti en lice. Fini le discours des élections libres et transparentes. La tentative des partis politiques sera de se retirer des élections comme cela été le cas en 2010. Différents protagonistes pourraient recourir à la violence pour déverrouiller le jeu. Le parti au pouvoir sera en train d’organiser une sorte de compétition contre lui-même. Ce qui constitue un risque sérieux pour la démocratie. Il faut agir de façon que tout se passe de la manière la plus pacifique possible et ouvrir grandement les portes à la démocratie.