Cette grande pipe à eau ne passe pas inaperçue dans les bars prisés de la capitale. Pourtant, sa nocivité n’est plus à prouver. Elle vient d’être interdite dans la région.
Au Rwanda puis au Kenya… les ministères de la Santé viennent d’interdire la chicha sur leurs territoires. La mesure tombe le 15 décembre dernier au Rwanda. Une semaine après, le Kenya emboîte le pas.
La ministre rwandaise de la Santé indique que cette décision fait suite à une recommandation de l’OMS qui évoque le caractère « addictif et dangereux » de cette forme de tabagisme.
« Il est interdit d’importer, de fabriquer, de vendre, d’utiliser, de faire de la publicité, de promouvoir ou de distribuer la chicha au Kenya », peut-on lire dans le communiqué du ministère de la Santé.
Pourtant, impossible de la rater sur les étagères des bars ou nights clubs prisés de Bujumbura.
Cette grande pipe, d’origine persane utilisée principalement en Iran et dans le monde arabe pour fumer le tabac, comprend un réservoir rempli à moitié d’eau. Une sorte de conduit métallique est relié à ce réservoir et permet d’inhaler un mélange à l’aide d’un tuyau flexible. Au-dessus de ce réservoir, un bol contenant un mélange aromatisé du tabac, de la mélasse, des fruits, etc.
Ces produits sont emballés dans du papier aluminium percé de plusieurs trous. Le tout est couronné par du charbon allumé au dessus.
Une heure de chicha= un paquet de cigarettes
Le pneumologue Yves Nsabimana lance un cri d’alarme. Il fait savoir que fumer la chicha pendant une heure correspond à fumer 20 cigarettes.
« La fumée de la chicha cause beaucoup plus de dégâts sur la santé du fumeur que la cigarette.» Elle entraîne de graves maladies, comme les bronchites chroniques, le cancer des poumons, de la bouche, de la gorge et d’autres parties du corps.
La chicha contient, en grande quantité, du monoxyde de carbone. « 7 fois plus que dans la cigarette. » Ce produit abîme les vaisseaux sanguins et entraîne des maladies cardiaques, comme l’accident vasculaire cérébral (AVC).
Pour ceux qui croient que l’eau filtre la fumée et qu’il n’y a donc pas de risque, Dr Yves Nsabimana les met en garde : « Détrompez-vous ! » Toutes les substances toxiques qui se trouvent dans la chicha sont inhalés par le fumeur. En se partageant la tige pour fumer, les fumeurs peuvent aussi se transmettre des maladies, comme l’hépatite, etc.
L’alarme de l’OMS
L’OMS va plus loin en affirmant que la fumée d’une heure de chicha équivaut à la fumée de 100 à 200 cigarettes. C’est dans le journal Afrique.com que Fatima el-Awa, conseiller régional de l’OMS de la méditerranée orientale (Emro) pour le tabac, l’avait souligné en 2006.
L’étude « La chicha et risques pour la santé » de l’Institut national du cancer en France montre également le danger de la pipe à eau. A en croire cette étude, la fumée de la chicha libère, lors de la combustion, près de 4000 substances chimiques, dont nombre d’entre elles sont toxiques, irritantes ou cancérogènes.
Selon cet institut, l’OMS a estimé qu’une cigarette est fumée en 8 à 12 bouffées sur une durée de 5 à 7 minutes, tandis que la chicha est fumée en 50 et 200 bouffées sur une durée de 40 à 60minutes.
Signalons que la Tanzanie a aussi interdit la consommation du « narguilé » (synonyme de chicha) en juillet 2016.
Non seulement la chicha devrait être interdite mais également la cigarette, en présence de mineurs, dans un endroit public et surtout lorsqu’il s’agit d’un endroit clos comme un bar ou un véhicule de transport en commun. La fumée secondaire est aussi nocive que la fumée primaire et les données probantes là-dessus sont plus que claires. So, Wake up madame la ministre!