Dans le but de lutter contre la pandémie de la Covid-19, le 13 janvier, le ministère de l’Intérieur a suspendu jusqu’à nouvel ordre les boîtes de nuit, les karaokés et autres événements susceptibles de rassembler beaucoup de gens. Le désarroi est total chez les tenanciers des bars, chanteurs et autres artistes.
Amer constat unanime. « Si le gouvernement ne « dévisse » pas un peu, c’est notre mort annoncée », clament-ils. Preuve que la situation devient intenable, dans certains bars, à l’instar d’Ingo Bar situé sur l’avenue Muyinga dans la commune urbaine de Mukaza. En deux semaines seulement, leur chiffre d’affaires a chuté de 80%. Une situation qui s’est déjà répercutée sur son personnel. Wallace, son gérant, confie qu’ils comptent diminuer leurs salaires. « On le fait malgré nous. Pour survivre, nous devons prendre de telles mesures ».
L’essentiel de sa clientèle étant attirée par le karaoké, il déplore que, même durant les weekends, ils ont à 50 personnes. « Imaginez croiser les bras pour avoir 50 personnes alors qu’avant la mesure, les weekends, on recevait plus de 400 clients ».
Même cas de figure qu’au snack bar Sky-Star se trouvant au quartier Kabondo. Egalement prisé pour son karaoké, le bar n’est plus que l’ombre de lui-même. « Les seuls clients viennent pour des anniversaires», lâche dépité un de ses responsables. Il y a quelques semaines, une situation difficilement imaginable. Plein à craquer tous les weekends, le tenancier soutient qu’ils dépassent à peine 50 clients. « Avant ladite mesure, la marge bénéficiaire oscillait autour des 2 millions de BIF, maintenant, avoir 300 mille BIF, c’est un casse-tête. Pour survivre, il faut ponctionner les dépenses». Conséquences, sur 40 employés, ils ont été contraints de mettre au chômage technique plus d’une dizaine de serveurs. « Sans oublier, la difficulté d’honorer les engagements vis-à-vis de certains de nos fournisseurs ».
Pour les chanteurs de karaoké, une situation difficile à vivre également. Seule gagne-pain pour la plupart d’artistes. Ils ne cachent pas que si rien n’est fait, ils risquent de se retrouver dans les rues en train de mendier. «Un mois à peine, dans nos mes ménages, c’est la galère. Imaginez dans trois mois ? », murmure un d’entre eux.
A l’unisson, chanteurs, propriétaires de bars-karaoké, implorent le gouvernement de revoir la mesure. « C’est notre Leta Mvyeyi (l’Etat responsable, NDLR), qu’il entende nos cris de désespoir. S’il faut qu’on réduise le nombre de nos clients à l’entrée, s’il faut qu’on redouble de vigilance par rapport au respect des gestes-barrières, nous le ferons. Mais de grâce, revoyez la mesure ! »