Gitega abrite depuis ce mardi 6 février une réunion de trois jours sur la préparation d’un système d’alerte précoce. Elle est organisée par le ministère de l’Intérieur en collaboration avec le bureau d’OCHA au Burundi et le bureau régional Afrique des Nations Unies pour la réduction des risques des catastrophes.
« Au Burundi, il faut qu’il soit mis en place un mécanisme d’alerte précoce multirisque. Parce qu’aujourd’hui, nous faisons face à des mécanismes isolés », a déclaré Anicet Nibaruta, président de la Plateforme nationale de prévention des risques et de la gestion des catastrophes naturelles.
S’adressant à la presse, à cette occasion, il a donné l’exemple des prévisions météorologiques de l’IGEBU, le mécanisme d’alerte précoce au niveau du ministère de la Santé publique où en cas d’épidémies, des messages sont lancés pour que la population sache quoi faire.
Idem pour le secrétariat exécutif du Conseil national de la sécurité où il existe un système d’alerte précoce lié à la sécurité humaine. « On veut mettre ensemble tous ces mécanismes pour créer un seul mécanisme », a-t-il souligné.
Il s’agit, selon lui, d’une initiative lancée par le secrétaire général des Nations Unies vers fin 2022 et qui a été capitalisée, en novembre de la même année, lors de la COP27, en Egypte.
Le Burundi étant le 2ème pays à lancer cette initiative, en Afrique de l’Est, après l’Ethiopie. Et d’après le bureau mondial de l’OIM, le Burundi est parmi les 20 pays au monde les plus affectés par les changements climatiques.
Des actions en quatre axes
Selon le président de la Plateforme nationale de prévention des risques et de la gestion des catastrophes naturelles, il est impératif de déterminer des activités à mener suivant quatre axes.
Le 1er concerne la compréhension du risque. Effet, a-t-il expliqué, au Burundi, il y a déjà une cartographie multirisque. Ce qui permet de les géo-localiser ces risques. « Nous savons combien le Burundi perd à cause des effets climatiques et nous comptons fournir des efforts pour que les gens comprennent les risques majeurs climatiques qui sont autour de nous et auxquels le Burundi fait face. »
D’après lui, le deuxième axe concerne la prévision. Il y a donc un besoin de renforcement de la capacité technique et opérationnelle de l’IGEBU. Ce qui renvoie, selon lui, à la formation du personnel, aux équipements matériels, etc. « Nous voulons que cet institut soit doté des experts capables d’établir des recherches au niveau du climat aussi bien que le recyclage de son personnel pour s’adapter au contexte au niveau des phénomènes météorologiques qui sont en nombre croissant et en intensité croissante ».
L’autre aspect concerne la communication et la dissémination. Et là, M. Nibaruta a indiqué qu’il faut développer des actions pour l’information météorologique puisse bien arriver à l’agri-éleveur. « Parce que c’est lui qui en a beaucoup besoin. Nous avons par exemple déjà travaillé avec les radios communautaires. Ils sont aujourd’hui à l’œuvre pour relayer les informations climatiques ».
Selon lui, il y a aussi un besoin de renforcement des capacités et équipement du Réseau national de communication et d’information sur la réduction des risques des catastrophes (RNCI-RRC).
Ce qui permettra aux journalistes d’avoir des connaissances nécessaires pour bien faire leur métier, a-t-il fait savoir, notant qu’enfin, le 4ème axe concerne la préparation et la réponse aux risques de catastrophes. « Les structures de l’Etat qui se retrouvent dans les provinces, les communautés, la protection civile, les bureaux provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, les bureaux de la solidarité nationale au niveau provincial, la Croix Rouge, … tout ce monde-là doit se mobiliser pour tirer les plans de préparation et de réponse pour être aux côtés des communautés ».
Les défis sont là
Malgré les avancées en ce qui est de la réduction et gestion des risques des catastrophes, M. Nibaruta reconnaît que les défis sont aussi nombreux. « Nous avons un manque criant du personnel qualifié. Et ce problème est partagé avec nous les consommateurs de l’information météo aussi bien que l’IGEBU ».
Un personnel insuffisant et un manque du matériel pour les secours. Ici, il a donné l’exemple d’un cas d’incendie qui est, selon lui, devenu cyclique au Burundi : « Quand il s’agit de répondre aux situations d’incendies, nous devons utiliser des camions anti-extincteurs. Ils sont extrêmement chers. Nous avons aussi un nombre insuffisant de ces équipements ».
Idem pour le cas des inondations : « Nous avons par exemple besoin des équipements de secours comme les bateaux. » Un autre défi de taille, a-t-il ajouté, est le fait que les communautés ne sont pas très impliquées dans les actions de la préparation et de réponse aux situations d’urgence. Il a déploré en outre qu’on n’a pas aussi encore réussi à intégrer le secteur privé dans ce genre d’actions.
Le manque du fonds national de réduction des risques des catastrophes handicape aussi leurs interventions. Or, a-t-il signalé, ce fonds est prévu par le décret portant création, fonctionnement et mission et organisation du ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.
« Mis en place en 2020, il est logé au cabinet du ministre. Toutes les structures qui y sont logées au cabinet du ministre sont fonctionnelles sauf le fonds. Jusqu’aujourd’hui, il n’est pas fonctionnel. Or, c’est ce dernier qui devait aller intervenir dans les communes là où il y a des ravins qui s’agrandissent, des éboulements suite aux fortes pluies, etc. »
Toutes les parties prenantes issues des structures du gouvernement qui sont impliquées dans la gestion des situations d’urgence, des représentants des Agences onusiennes, des ONG internationales ou locales et des institutions financières ont été conviées à cet atelier.