Dimanche 24 novembre 2024

Editorial

« C’est moi ou rien »

21/07/2016 7
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Deux séances se tiennent la même semaine : les pourparlers interburundais d’Arusha et le 27ème Sommet de l’Union Africaine à Kigali.

Les délégations de Bujumbura à ces deux événements réagissent de la même manière : le retrait.

Dans les médias, les critiques de l’opposition sont acerbes et fustigent la politique de la chaise vide pratiquée ces
derniers temps par Bujumbura.

«La politique de « c’est moi ou rien » a détruit les pays», « Nous condamnons la politique de la chaise vide», « Ne participe au dialogue que celui qui est voulu par Bujumbura», «Bujumbura se sent coincé et veut à tout prix se comporter comme un tankiste assailli de toutes parts».

Le chef de la diplomatie burundaise essaie de convaincre : «Le Burundi a voulu donner un message à la Commission
de l’Union Africaine qui fait la sourde oreille aux sollicitations légitimes de notre gouvernement.»

Des raisons de sécurité sont avancées, Bujumbura n’a pas eu des garanties de sécurité pour les délégations ministérielles et présidentielles à Kigali.

Même scénario à propos du dialogue inter-burundais à Arusha. La délégation de Bujumbura n’a pas « digéré » la
présence dans la salle des Burundais de la société civile dont les initiateurs du Mouvement Halte au 3ème mandat
et des politiciens « poursuivis par la justice ».

Que ce soit pour Arusha ou Kigali, les arguments avancés par le ministre des Relations extérieures par rapport aux
boycotts sont discutables.

A Kigali, on est tenté de penser que l’UA a été mis dans le même sac que lesdits « déstabilisateurs et leurs alliés ».

Beaucoup d’observateurs estiment que Bujumbura, par son retrait, n’a pas profité de la formidable tribune que le sommet lui donnait pour plaider sa cause.

Pour Arusha, la médiation devrait revoir sa manière de procéder. En effet, si réellement elle a lancé des invitations
à ces personnalités « indésirables », Bujumbura risque de ne pas se présenter pour la prochaine fois et de prôner le rapatriement des pourparlers.

Par ailleurs, l’équipe de la facilitation aura montré son côté faible de ne pas assumer ses invités publiquement.

Avec le risque d’en déduire que le médiateur ne joue pas franc, mais tente de caresser la bête dans le bon sens du poil.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Karabadogomba

    Je suis sûr que Bujumbura n’ira plus à Arusha. Les prétextes sont toujours là. Il a déjà vu le côté faible du médiateur qui est imposé par une partie en conflit des gens avec qui dialoguer. Prochaine rencontre à Bujumbura. L’opposition radicale de Jacques Bigirimana, Mutabazi, Njangwa… sera là pour trouver les solutions au mal burundais.

  2. Stan Siyomana

    1. Le consommateur/acheteur etant roi (surtout quand il s’agit de produits/prestations consideres comme « banals ») , il peut se permettre de negocier avec le vendeur en utilisant ces relations basees sur le « pouvoir royal ».
    Les tactiques utilisees sont multiples: « chaise vide », « ultimatum », « delai limite », « mise devant le fait accompli », « menaces », « mise en garde », « surenchere », « chantage », « intimidation », « derobade », « introduction d’un fait nouveau », « alibis », »couper l’herbe sous le pied », « objectif leurre », « actions perturbatrices »,…
    (Voir Techniques argumentation/phase de negociation. http://www.objectifs-vendeurs.net).
    2. SI LE GOUVERNEMENT BURUNDAIS NE MET PAS EN AVANT LES INTERETS SUPERIEURS DU BEAU PAYS DE MWEZI GISABO POUR QU’IL Y AIT UNE CERTAINE HARMONIE DANS LA SOCIETE BURUNDAISE, il va croire que puisque c’est lui qui a l’avantage de detenir le pouvoir (NYEN’INKOTA NI UWUYIFASHE IKIRINDI?!) et il peut se permettre certaines de ces tactiques citees ci-haut.
    1. CHAISE VIDE = retrait;
    2. MENACES = Le Burundi a voulu donner un message a la Commission de l’Union Africaine;
    3. ULTIMATUM = La politique de « c’est moi ou rien »
    4. ALIBIS = Les arguments avances par le ministre par rapport aux boycotts sont discutables.

  3. Bakari

    « Avec le risque d’en déduire que le médiateur ne joue pas franc, mais tente de caresser la bête dans le bon sens du poil. »

    C’est qui cette bête qui se fait caresser dans le sens de ses poils?

  4. roger crettol

    … « les personnalités indésirables » …
    sont-elles celles qui affirment que le président a été élu pour un mandat auquel il n’avait pas droit, compte tenu des maneuvres et intimidations qui ont précédé le dépôt de sa candidature ?

    On peut comprendre que le gouvernement ne veuille pas s’exposer à ces reproches, mais cela ne les invalide pas et ne résout pas l’une de racines de la crise actuelle.

    Le président-à-tout-prix n’a pour lui que la force et le soutien des institutions sécuritaires du pays. Ce que soulignent l’obstination et les postures d’intimidation dans lesquelles se complaît le Bujumbura officiel.

    Cette présidence a contre elle le sang des victimes versé depuis mai 2015 et le « vote » du quart de million de réfugiés burundais qui ont préféré un exil aux risques liés à une position d’opposants dans des élections « libres et démocratiques » selon les conceptions de la jeunesse du parti au pouvoir – ces Imbonerakure dont les dirigeants ont prudemment stoppé l’activisme entre-temps.

    Alors, la perspective d’un quatrième mandat en 2020 n’a rien de réjouissant. Pourquoi le CNDD-FDD persiste-t-il à lier son sort à ce personnage qui ne peut pas s’affranchir d’une vision « guerrière » de l’exercice du pouvoir ? Quand on voit les effets de cette paranoïa, on hésite entre la colère et une insondable tristesse.

    • Meurlsaut

      @roger crettol
      Belle analyse roger crettol! L’arrogance et l’intimidation par la violence finiront par se retourner contre ceux qui pensent que tout leur est permis parce qu’ils ont la force.Wait!

  5. Nganji

    @ «Beaucoup d’observateurs estiment que Bujumbura, par son retrait, n’a pas profité de la formidable tribune que le sommet lui donnait pour plaider sa cause.»

    De quelle cause s’agit-il plus précisément ?.

    • Yves

      Sans doute celle de faire de Burundi le pays le plus pauvre du monde pour les dix prochaines générations. Projet estampillé Cndd

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