En abattant l’avion, le FPR a sacrifié froidement ses militaires présents à Kigali et la population tutsi. La journaliste est révoltée par cette thèse. Pour elle, c’est un présupposé injurieux à l’égard du FPR. « Comment peut-on imaginer que le FPR, qui est un mouvement de tutsi qui sont en exil, et qui veulent rentrer au Rwanda où ils ont tous de la famille, dont ils n’ont jamais été coupés, ait été capable de prendre la décision de sacrifier toute la base de sa communauté, pour rentrer dans un pays où tous les leurs seraient morts ! » Elle avance une terrible comparaison : « C’est comme si vous disiez que, dans le cas de la deuxième guerre mondiale, les juifs ont organisé le génocide juif pour avoir l’occasion de créer l’Etat d’Israël. Si vous dites ça en Europe, vous êtes passible de prison, c’est du négationnisme. » D’après elle, il est inimaginable que le FPR aurait sacrifié délibérément des centaines de milliers des siens. « C’est ça que moi je ne pardonnerai jamais à Bruguière », affirme-t-elle avec amertume. Elle estime que le FPR ne pouvait pas prendre de risque car le plan de massacre était connu de tous, le FPR en premier. « En 1994, au Rwanda, tout le monde savait qu’il y avait des Interahamwe, qu’il y avait des listes de gens à supprimer, qu’on avait distribué des armes. Par colline chacun avait des minutions, des machettes, on avait importé de Chine un million de machettes qu’on avait distribuées sur les collines. On avait formé des équipes de tueurs que les Français avaient formés, en expliquant comment manier la machette pour couper la carotide, les tendons, etc. Ils avaient été formés, drillés ». Pour Colette Braeckman, imaginer que le FPR ait sacrifié sa population, est odieux. « ça me révolte » dit-elle avec conviction.