Certaines gens exaltent la raison du plus fort. Dans toutes les situations, ces derniers considèrent que le chef n’a pas besoin de compromis, ni de concertation avec les autres.
Selon Rémy Havyarimana, coordinateur de la Maison Lueur d’Espoir œuvrant dans le domaine de la résolution pacifique des conflits, il y a une tendance à exalter la raison du plus fort.
« Dans un débat, ou dans un conflit donné voire une situation problématique, le vainqueur est toujours considéré comme le plus fort. Il n’a pas besoin de compromis. Quel que soit le bien-fondé des arguments de son adversaire, il aura raison de lui et arrivera à ses fins », indique-t-il.
Pour lui, cette situation trouve origine dans la culture burundaise qui accorde un grand respect aux autorités. « L’autorité à la burundaise est une personnalité très respectée. Ce qui fait que souvent, la population écoute, comprends et réagit suivant ses pensées ». Cette légitimité dit-il, s’avère la raison pour certains de considérer qu’un chef doit décider seul sans concertation.
Remy Havyarimana trouve que dans ce contexte, deux grands groupes se dégagent. Le premier groupe caresse la bête dans le bon sens du poil. « Ils ne commentent pas. C’est une équipe des suivistes, qui appliquent les directives du chef sans poser de questions ».
Le deuxième groupe est constitué des gens qui attendent pour voir l’applicabilité de ces décisions unilatérales. Ils vont créer un silence et attendre ce qui a été dit pour se rendre compte que si ce qui a été dit ou décidé colle avec la réalité.
La société en pâtit
Le coordinateur de la Maison Lueur d’Espoir fait savoir que le passage en force dans les décisions ou gestion des conflits n’est pas sans conséquence sur la société.
Primo, les dirigeants perdent leur légitimité devant la population quand leurs décisions non concertées s’avèrent inefficaces. Leur autorité se retrouve amoindrie et affaiblie. La population estime que leurs dirigeants ne sont pas à la hauteur et sont incapables de joindre la parole à l’acte.
Secundo, la population dont la parole a été refusée, entretient des frustrations. « Le silence qu’ils ont entretenu a été beaucoup plus mêlé des critiques, des observations négatives par rapport à la position prise par l’autorité. Finalement, il y a risque de se retrouver dans une situation dont le changement peut être un éclatement. C’est la révolution au lieu de l’évolution ».
Selon M. Havyarimana, ce changement brusque est un mouvement déclenché difficile à maîtriser. Il y a possibilité d’actes de violence, d’absence de lois, d’autorité et d’hiérarchie. Cela va dépendre, dit-il, du degré de frustration que ceux qui se sentent exclus auront entretenu.
Il interpelle les autorités à privilégier le dialogue et le compromis avec les parties prenantes pour des décisions qui engagent la vie dans la société. Il tient à souligner que le silence d’une partie de la population ne signifie pas son absence. « Me faire comprendre que c’est vous qui décidez tout pour moi sans moi, vous créez une certaine sous-estimation. Il faut que chacun se sente convenablement citoyen. C’est cette simple reconnaissance de son existence ».
Pour construire une société juste, conclut le coordinateur de la Maison Lueur d’Espoir, l’important est de considérer que chaque citoyen a une pierre à apporter à l’édifice.