Lundi 23 décembre 2024

Société

Ces « voleurs de l’amour »…

02/03/2018 12

Profession dévalorisée, fauchés… certains hommes « défavorisés » ont recours à tous les moyens pour conquérir le cœur d’une femme pour convoler en justes noces.

Salon vidé quelques jours après le mariage, chèque sans provision le jour de la dot… Rare n’est plus d’entendre ou de voir des mariages qui tournent au scandale.

C’est le cas d’un couple marié depuis quelques mois. C.N, 26 ans, est un balayeur-garçon de bureau dans un média. Mais devant sa jeune épouse, il est jusqu’aujourd’hui journaliste. Son complice et meilleur ami livre son témoignage.

Les tourtereaux, tous deux choristes, se sont rencontrés dans une église, il y a 4 ans. C.N. tombe sous le charme d’une « très belle » jeune femme. Il apprend qu’elle sort avec un « grand commerçant » qui lui offrait tout ce qu’elle désirait.

Pas question de jeter l’éponge

Très épris d’elle, impossible pour lui de prendre le risque d’être rejeté. Il fabrique ainsi un mensonge.

Vu qu’il travaillait pour un média, il a opté pour porter une casquette de journaliste, persuadé qu’ainsi il augmentait ses chances auprès de sa dulcinée alors élève.

Séduite, la jeune choriste finit par accepter la main du « journaliste ». « C.N. inventait des missions de travail et je devais jouer les intermédiaires ».

Le couple s’est enfin marié. Chaque matin, la jeune épouse croit que son mari, toujours bien mis, va chercher de l’information. Mais en réalité, il va balayer, couper le gazon dans une tenue appropriée qui reste bien rangé au lieu de son travail.

Un autre couple citadin, une autre « true story ». La vérité éclate le jour du mariage. La victime étudiait à l’étranger. Son futur mari lui avait assuré qu’il a « tout », prêt à se marier. Il avait loué une maison de passage sans aucun équipement. Sa future épouse l’a su quelques minutes avant d’aller à l’état-civil.


Une société où la poche l’emporte sur le cœur

Le sociologue, Désiré Manirakiza, estime que ce phénomène est normal dans un monde urbain basé sur l’anonymat.

Pour le sociologue Désiré Manirakiza, la grandeur de la poche confère à l’homme sa « noblesse », dans la société burundaise.

Pour comprendre ce qui pousse les hommes à vouloir mentir, à « voler l’amour », le sociologue Désiré Manirakiza affirme qu’il convient d’abord de s’interroger sur les critères qui confèrent à un homme la valeur sociale, la « noblesse », dans la société burundaise. Et ce n’est pas la probité du cœur, mais la « grandeur de la poche », d’après ce sociologue.

En général, explique-t-il, les hommes aiment plus ce qu’ils voient. Ils seront donc attirés par une jolie fille. Un réaliste sera persuadé que cette dernière n’accordera ses faveurs qu’à un homme riche. Il va donc s’auto-exclure. Mais un autre n’acceptera pas d’abandonner. « Au lieu de perdre celle qu’il aime, il optera pour la solution la plus facile : emprunter ou louer. »

Et ce « menteur » n’est pas bête, souligne Désiré Manirakiza. Il sait très bien qu’un jour la vérité éclatera. Mais il estime que les fruits du mensonge seront moins graves après le mariage qu’avant. Il sait, en plus, qu’il est protégé par la culture burundaise de par cette adage : « Niko zubakwa ». Une mentalité qui empêchera la femme de quitter son mari pour sauver l’image du couple.

« Je suis belle, je dois donc avoir une belle vie… »

Au Burundi, explique Dr Manirakiza, la fille est socialisée de telle manière qu’elle doit avoir un « bon mariage », un mari riche. Surtout lorsqu’ elle sait qu’elle est « belle ».

Le fait d’entendre souvent qu’elle est très jolie, depuis son bas âge, l’amène à penser qu’elle est porteuse d’une promesse. Elle se met donc dans la tête qu’elle doit avoir une belle vie. « Sa beauté devient un capital en quelque sorte ».

Pour le sociologue, ce comportement est au-delà du matérialisme. « C’est plus profond que ça. » Elle veut protéger sa progéniture. « Un homme qui n’est pas capable de s’acheter un pantalon, sera-t-il capable de payer les études de nos enfants ? », se dira la jeune femme.

Le sociologue relève que l’homme réussit à mentir à sa fiancée pendant des années sans qu’elle s’en rende compte. « Contrairement au monde rural où le contrôle social est élevé, la vie urbaine est fondamentalement basée sur l’anonymat ». En milieu urbain, conclut-t-il, la distance sociale est tellement grande que l’on ne saura jamais qui est notre voisin, quelle est son origine, qu’est-ce qu’il fait…


« Plus j’ai, plus je suis considéré »

La logique de la conquête en matière de séduction implique le célèbre « by any means necessary» de Malcom X pour certains jeunes hommes démunis ou exerçant une profession considérée comme peu valorisante. Ils optent pour une auto-présentation qui fabrique une bonne image de soi.

La tromperie sur ce que l’on est et surtout sur ce que l’on a, devient ainsi leur arme de prédilection dans une société où le «plus j’ai, plus je suis considéré» est symptomatique du temps présent. D’autant qu’ils observent que le physique avantageux et la magie du verbe n’ont plus la même force attractive chez les filles au-delà de la période d’adolescence.

Cette technique d’approche est à rebours de la stratégie « f**k and forget », qui par définition est éphémère. Le fieffé menteur ne s’épanchera pas sur sa bonne image fabriquée auprès de sa dulcinée par une soudaine crise de franchise. Ou pour que les fondations de sa future union légale soient solides.

En ce cas, il courrait le risque que la jeune femme dispose encore de suffisamment de ressources psychologiques pour entamer un processus d’éloignement aboutissant à la rupture. Et il n’est pas sans savoir que le premier cercle ainsi que les membres de sa famille nucléaire mis dans la confidence l’inciteraient fortement à rompre ce cordon ombilical sentimental délétère à son équilibre émotionnel.

Se taire et laisser le temps faire son œuvre d’amortissement du choc de la révélation de la tromperie sera son option. Quitter son homme devant la société et devant Dieu est autrement plus difficile pour une croyante que quitter son petit ami. Le même entourage – tout aussi croyant -, qui l’exhortait promptement à aller de l’avant, verrait d’un très mauvais œil une telle initiative après la conclusion des liens sacrés du mariage.

Sans oublier que la culture burundaise aura tendance à pencher du côté du trompeur. « On ne quitte pas le bateau nuptial à la première difficulté ! », lui assénerait-on.

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Jean Habonimana

    J’ai connu dans mon village le drame d’une jeune institutrice qui s’est retrouvee mariee a un chomeur de Bujumbura, sur tromperie de la famille elargie qui a finance et organise le rapt pour caser leur jeune homme. Aujourd’hui c’est la pauvre jeune femme qui loge et fait vivre son mari sans activite. La condition feminine est terrible dans tous les aspects. S’agissant de la recherche de maris riches, c’est une predisposition genetique qui remonte a la nuit des temps. La femme veut un mari qui fera vivre sa progeniture. C’est le fruit de l’evolution exactement comme la capacite de la femme d’utiliser les deux spheres du cerveau pour proteger les enfants comme la mere-poule. Un homme dit-on « ne peut se raser et parler en meme temps », il se coupe, car l’homme utilise un seul sphere du cerveau alors qu’une femme peut taper sur laptop, parler au telephone et manger en meme temps. L’evolution genetique fait qu’elle utilise les deux spheres du cerveau pour voir tout l’environnement et ainsi proteger les enfants.

    • Banza

      @Jean Habonimana
      Je ne vois pas de rapport entre le fait d’être multitâche pour les femmes, et le fait de vouloir avoir un conjoint riche. Par ailleurs, la recherche d’un conjoint riche n’est plus réservée qu’à la seule gent féminine; j’ai cru entendre que (la) Madona à ses 55 ans bien sonnés avait comme conjoint un gars qui n’avait pas 30 ans. Exception qui confirme la règle générale? Ce n’est pas dit.

  2. Gacece

    Bongo! Bongo! Mamzella Maziyateke?

    À force de rechercher celui qui est riche, ces jolies dames finissent souvent par tomber dans les bras d’un « prétendu riche ». Et pour les jeunes hommes, à force de rechercher la plus jolie, ils finissent par tomber dans les bras de la « femme de tout le monde ».

    C’est un dilemne!

  3. KABADUGARITSE

    Tant que nos soeurs convoitent la fortune et tout ce qui s’y rapporte, normal qu’elles tombent sur de « bonnes » surprises.-

  4. Adamond Christiana

    Shaka Clalisse uzodukorere inkuru kubijanye no gukwa!Jewe ndi contre mbona umengo ni ukugura,kuko muraciririkanay!Ngo uwize humanite make umukwa ni aya!Uwize kaminuza ngo make umukwa ngo ni aya!Uwutize ngo make ni aya!None abagwanira agateka k’abakenyezi bobo babibona gute?Kuko inkwano z’ubu zitandukanye ni za kera!Kera bakwa ink,akenshi inyana,yibarutse hariho zimwe bajana kubakoye bita gukazanura!Bivuga ko baratanze inka,ariko amaherezo bazosubira bayironke!Kandi kwari no kunywanisha(guhuza) iyo miryango ibiri!None ubu urakwa,iwabo n’umugore ntanakimwe uzobona kivuyeyo,atari uwo wakoye(waguze)!Mu bazungu bumva ubungane,aho abakobwa n’abahungu baba banganya economie n’imibereho myiza,batanga ishurwe(symbole)!Inkwano ziri mubituma abagore bahohoterwa ,kuko ico waguze ugikoresha ico ushaka!Hama kuri iyi nkuru wanditse,mwibuke ko m’Uburundi tuvuga ngo umusore canke umugabo atirariye ntaronka umugure(ntaresha inkumi)!Or kwirarira bivuga ububshi!Naganirishe cane n’inkumi z’abarundi n’abagore numvise abahuriza kukintu kimwe,ngo bakunda umuhungu canke umugabo abuvumvisha ko ariwe agaba isi n’ijuru,ati tuba tuzi ko atarivyo ati ariko biratunezereza iyo umuhungu canke umugabo yihagazeko!Muzoba mukoze mushiki wacu Clalisse niwadukorera iyo nkuru y’inkwano!

    • Gacece

      Je suis (du verbe suivre) un mec très riche : moi! Je me cherche la plus jolie des plus jolies des femmes burundaises. Elle n’a pas besoin de l’être, seulement d’y croire! Je lui promets mers et monde : des voyages partout dans le monde en avions et en gros bateaux. J’ai plusieurs voitures de luxe et de non-luxe, et je me promène souvent à pied pour me rappeler que je suis un homme sur ses deux pieds, qui a encore ses pieds sur terre! Je serai parfait comme mari (si je daigne t’accepter comme femme [à moi seul])!

      Celle que je recherche doit croire qu’elle est une princesse. L’important n’est pas que ce soit vrai, mais que ce soit vrai pour elle, et elle seule! Elle n’a pas à avoir besoin de ses oncles et de ses tantes pour lui dire qu’elle sera une « grande dame » au foyer, qui saura prendre soin de son prince de mari et de ses princes et princesses d’enfants.

      Vous pouvez voir les détails de mon profil en visitant le site http://www.votreprince.com

      Très important : ce site n’accepte que des abonnements de princesses! Pas de princes! Pas non plus de princes qui se considèrent comme des princesses!

      Qui est prête à tente sa chance?… ou son sacrifice?… 🙂

      Blague à part, c’est sérieux!

      • Stan Siyomana

        @Gacece: « Je serai parfait comme mari (si je daigne t’accepter comme femme [a moi seul]! »
        JEWE NARUMIWE KANDI NARAGUYE MU GAHUNDWE numvise umurundikazi yivugira ati: Uri umurundikazi azi ubwenge, hanyuma hakagira umugabo w’umurundi agutumako mu mahanga ngo mugire ubugeni, USHITSEYO WOCA UMUTA (ukironderera uwundi mugabo).

        • Gacece

          @Stan Siyomana
          J’en connais plusieurs à qui c’est arrivé là où je suis, au Canada. Et c’est un phénomène répandu, parce que ce ne sont pas seulement des Burundais qui en sont victimes.

          Mais j’aimerais porter à la connaissance de ces filles burundaises qui ne le savent pas encore, qu’au Canada, il ne suffit plus d’arriver et de déguerpir. On est obligé de vivre avec son mari ou sa femme pendant au moins 2 ans. Sinon, on te retrouve et on te retourne d’où tu es venu.

          À bon entendeur et à bon entendeuse!

          • Gacece

            ^*bonne entendeuse

  5. Stan Siyomana

    « By any means necessary » by Vladimir Lenin (19 March 1922).
    « We must pursue the removal of church property BY ANY MEANS NECESSARY in order to secure for ourselves a fund of several hundred million gold rubles (do not forget the immense wealth of some monasteries and lauras). »
    (Voir Letter from Lenin (top secret for members of the Politburo), 19 March 1922, http://www.loc.gov).

  6. Arsène

    Un ouvrage bien documenté de François de Singly explore cette problématique.

    De Singly François, 2002 [1997]. Fortune et infortune de la femme mariée. Sociologie des effets de la vie conjugale, Paris, Quadrige/PUF, 246 p.

  7. SUGURU

    Voilà là où réside la naïveté qui mine notre chère société africaine et ça fait pleurer. « Nikozubakwa », pourquoi garder ce mauvais héritage de nos ancêtres???Le monde évolue et il faut évoluer avec lui sinon on reste derrière. Le concept actuel de mariage n’a plus la même signification que celui de l’époque ancienne, today le mariage=matérialisme (Bien sûr je dois avouer que quelques exceptions existent). Bref, le plus avisé se marierait sous le régime de séparation des biens (Par ailleurs l’amour n’a rien à voir avec les biens) et envisager rapidement le retrait honorable une fois qu’il s’avère que son partenaire l’avait caché sa vraie face. A mon entendeur salut!

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