{A l’occasion de l’exposition dédiée à l’architecture {bauhaus} au Burundi à l’Institut Français de Bujumbura à partir de ce 6 mars, Iwacu vous propose l’article publié en 2009 sur le sujet.}
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La capitale burundaise aligne près d’une centaine de maisons construites dans le style Bauhaus. Un complexe architectural unique en Afrique, à préserver.
<doc3069|left>La Librairie Saint-Paul, la Poste Centrale, l’immeuble de l’ancien Burundi Palace ou encore de l’Old East … Pour la plupart que d’entre nous, ces maisons n’évoquent rien d’autre que des repères dans le centre de Bujumbura. Pourtant, ce sont des témoins précieux de l’un des plus grands mouvements artistiques du 20ème Siècle : le {bauhaus}. Observez-les : lignes épurées, balcons avec angles ronds, décoration sobre avec quelques lignes colorées. Ou encore lettrages dans l’esprit art déco comme l’immeuble abritant la "Pharmacie du Rond Point". Une école qui influence l’art occidental durant l’entre-guerre, venant de l’Allemagne. Et qui embrasse presque tous les secteurs de la créativité artistique allemande.
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> [Bujumbura et le Bauhaus… "Exposition" par Jean Molitor->http://www.jeanmolitor.de/foto/burundi-exposition/]
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Ce mouvement gagne le Burundi dans les années 1950, quand le cœur de Bujumbura prend forme. « A cette époque, le café burundais commence à s’exporter et les riches commerçants, grecs pour la plupart, se font construire de vastes demeures» explique Carine Guillevic, 38 ans et architecte française résidant au Burundi depuis 12 ans. « Toutes ces maisons comportent deux parties : le rez-de-chaussée qui servait de magasin, et le premier étage d’espace de séjour» indique Carine. C’est elle qui a eu, la première, l’idée de monter un projet d’exposition autour de ces maisons. Une soif qu’elle partage avec Sandra van Edig, ethnologue et journaliste. Cette allemande se rappelle : « Nous avons voulu organiser une exposition-photo pour mettre en valeur ce patrimoine architectural de Bujumbura.» Les deux dames veulent provoquer l’opinion « sur une question qui remonte à l’époque coloniale et qui touche au charme même de Bujumbura », complète Sandra van Edig.
En bon état malgré la guerre
Le projet monté, il ne restait plus qu’à trouver le financement. L’idée trouve un écho enthousiaste à l’ambassade d’Allemagne au Burundi, d’autant plus que 2009 est déclarée « Année Bauhaus en Allemagne.» De son côté, la Coopération Française accepte spontanément d’accueillir à l’ex-Centre Culturel Français de Bujumbura cette exposition d’une vingtaine de photos. Il ne restait plus qu’à trouver un « bel objectif » pour immortaliser les coins de ‘Buja’.
Jean Molitor, 49 ans, photographe professionnel allemand débarque à Bujumbura pour l’occasion. Des images prises durant les travaux communautaires, en noir et blanc, ou en couleur, sur un pick-up qui sillonne Bujumbura… Derrière son viseur, l’homme est frappé par une architecture qui le renvoie à Saigon (Vietnnam), où il a récemment travaillé : « A la différence que, malgré la guerre qui a sévi au Burundi, l’architecture de Bujumbura est presqu’entièrement intacte ». Pour Jean Molitor, c’est tout un potentiel touristique que recèle la capitale burundaise : aucune autre ville africaine ne présente un aussi grand complexe Bauhaus que Bujumbura. A l’exception d’Asmara, la capitale de l’Érythrée classée au patrimoine de l’UNESCO pour cette même raison… Et pourquoi pas Bujumbura ?
Jean Molitor conclut : « Les bâtiments en Bauhaus sont pour Bujumbura ce que sont les rides d’une vieille dame : ils évoquent l’histoire de la ville. »
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{Bauhaus, une école*
Fondé en 1919 à Weimar (Allemagne) par Walter Gropius, le Bauhaus est un Institut des arts et des métiers, qui par extension désignera un courant artistique concernant notamment l’architecture et le design, mais également la photographie, le costume et la danse. Comme le révèlent ces habitations de Bujumbura, le Bauhaus un design minimaliste. Ainsi, Hannes Meyer, succédant à Grospius en 1928, privilégie l’approche scientifique sur l’esthétique : « Les créations doivent être nécessaires, justes et de ce fait aussi neutres […] que l’on puisse imaginer.»* Rien n’est superflu. L’accent est mis sur l’usage du béton, un matériau de construction que l’Europe découvre et adopte en Afrique. En 1933, le Bauhaus est fermé par les Nazis, qui lui reprochent ses liens avec les communistes. De nombreux artistes et professeurs s’enfuiront aux Etats-Unis.
[*Magdalena Droste, Bauhaus, Taschen, 2002 (ISBN 3-8228-2104-7) , p. 196] }