Elles sont maçons ou rabatteurs, des métiers plutôt masculins mais qu’elles exercent fièrement. Inimaginable il y a quelques années, mais cela change et certaines femmes travaillent dans une franche collaboration avec les hommes.
<doc7330|left>Leocadie Kankindi est l’une des 10 membres de l’association des femmes « rabatteurs » de la gare du nord à Bujumbura. Elle a commencé ce métier à la mort de son mari. « Il était un rabatteur lui aussi, et m’a laissé avec sept orphelins. Dans le règlement d’ordre intérieur de l’association, si quelqu’un meurt laissant derrière lui une veuve, cette dernière les remplace directement », explique-t-elle.
Auparavant, poursuit-elle, tout le monde s’étonnait de voir une femme pratiquer un métier ayant été jadis l’apanage des hommes. « Mais au fur et à mesure, ces messieurs se sont habitués et nous sentons que nous avons intégré une famille » ajoute Leocadie.
Elle indique que les activités sont bien organisées, de façon à ce qu’elles soient épaulées par les hommes dans les moments les plus fatiguant. « S’occuper de la charge des bus et montrer le bon chemin aux clients sont nos principales activités », éclaircit-elle.
De plus, rappelle-t-elle, nous sommes rémunérées sur un pied d’égalité avec les hommes. Avant d’ajouter : « Avec ce salaire, je peux faire survivre ma famille et assurer la scolarité de mes enfants ». Pour elle, il n’y a pas de métier basé sur le genre. « Heureusement, sinon les femmes mourraient de faim. »
Même constat pour Gloriose Mpawenimana, 25 ans, aide-maçon sur le chantier de construction d’une route, à Kinyami, dans la commune de Ngozi.
« Tout ce qui peut faire rentrer de l’argent est le bienvenue si ça demande d’utiliser mes propres mains », insiste-elle. Cette ouvrière indique que ça fait deux ans qu’elle exerce ce métier, et qu’elle parvient ainsi à nourrir sa famille. Mariée et sans enfant, elle noue les deux bouts tout en élevant ses animaux domestiques. « J’ai déjà acheté six chèvres grâce à l’argent que je récolte dans ce métier » dit-elle. De plus, nos confères nous traitent comme leurs propres sœurs.
Pour Janvière Hakizimana, 22 ans, une aide-maçon, rester à la maison n’arrangerait rien. « Celles qui restent à la maison de peur d’être vues par les gens n’ont rien compris, il n’y a pas de métier honteux s’il permet de vivre», conclut-elle.