Il est 10h au rond-point des Nations-Unies au nord de la ville de Bujumbura. Des enfants fument des cigarettes, d’autres snifent la colle pour chaussures. Pour ceux qui sont lucides, ils guettent des camions qui passent. Ils grimpent dessus pour vérifier s’il y a quelque chose à prendre. Ces véhicules viennent de l’intérieur du pays ou de la Tanzanie.
Du blé, du riz, du charbon de bois, des tubes métalliques, des bidons,des poules, etc, sont les préférences de ces petits voleurs. Ils les mettent dans des sacs qu’ils dénoment “Buceco”.
Leur coin le plus favorable est à Kamenge, devant le bar “Iwabo w’abantu”. Le rond-point est stratégique du fait que c’est dans un tournant. “Quand un camion vire, nous en profitons pour tirer un sac de riz caché dans un pneu de réserve. Le chauffeur ne peut rien voir dans son rétroviseur”, témoigne un des voleurs.
A cet endroit, les policiers sont toujours présents mais ils font comme si de rien n’était.
Ces enfants ont entre 10 et 17 ans. Ils disent qu’ils peuvent vendre 1kg de riz tanzanien à 1700 BIF alors qu’il est officiellement vendu à 3400 BIF. Pour eux, ce ‘’métier’’ est leur gagne-pain. Des fois, ils sont attrapés par la police et emprisonnés mais ils n’arrêtent pas.
Ils sont pour la plupart originaires des provinces de Bubanza, Kayanza et Muramvya. Ils disent qu’ils sont arrivés à Bujumbura accrochés sur des camions-remorques ou citernes (dunyuri, en kirundi). Quand ils veulent rentrer, ils font pareil.
Certains co-chauffeurs des camions essaient de veiller mais ces petits voleurs parviennent à tromper leur vigilance.