Sur la route nationale Bujumbura-Bugarama (RN1), à partir de la station service dite Gare du Nord, des cyclistes s’accrochent à l’arrière des camions-remorques ou d’autres gros véhicules pour retourner chez eux après avoir vendu leurs marchandises. Beaucoup d’entre eux sont des charbonniers, des commerçants de bananes et des journaliers sur des chantiers de construction en ville de Bujumbura.
<doc2545|left>« Nous reconnaissons que ce transport est très dangereux mais nous n’avons pas le choix. Il nous permet de faire au moins deux ou trois tours par jour et on parvient à vendre huit ou dix sacs de charbon. De cette façon, on peut espérer un bénéfice mensuel de 100000Fbu», indique Antoine, un de ces vendeurs de charbon rencontrés à Mageyo, Commune Mubimbi, Province de Bujumbura-Rural. Il parcourt ce trajet (45 kilomètres) chaque jour sans se soucier de la moindre sanction de la part de la police : « Des arrangements avec les policiers sont courants mais dépendent du tempérament de l’agent » signale-t-il.
Un chauffeur de camion souligne que ces cyclistes sont très habiles et malins : « Ils nous attendent à des endroits où nous devons ralentir pour s’accrocher sur nos camions. Nous avons tout fait pour les en empêcher, sans succès. Il y a même des cas où ils nous proposent de l’argent et nous font comprendre qu’ils sont en train de chercher de quoi nourrir leurs familles. » Pour les décourager, certains chauffeurs ont placé des branchages épineuses à l’endroit où ces cyclistes ont l’habitude de s’accrocher. Le gros danger, s’inquiète le chauffeur, est qu’ils peuvent causer des accidents parfois mortels : « Quand on roule à grande vitesse ou qu’on veut dépasser un autre véhicule, ces cyclistes perdent l’équilibre. Comme la route n’est pas large, des camions peuvent se cogner »
Anicet Bukuru, un autre cycliste, commerçant de bananes, indique qu’il se déplace de cette façon depuis une année, et cela entraîne des conséquences néfastes sur sa santé : « Avant que je ne commence à me déplacer accroché à l’arrière des camions, je n’avais aucun problème au niveau de la poitrine. La respiration était bonne. Mais, depuis un certain temps, j’ai des problèmes respiratoires », dit-il.
Pas de sanctions prévues par la loi
Selon un policier rencontré sur une position à quelques mètres de Bugarama, il n’y a pas de sanctions prévues par la loi contre ces cyclistes. Quand on les attrapé, dit-il, on leur fait payer une amende forfaitaire variant entre 3000 Fbu et 5000 Fbu ou bien on confisque leurs vélos. En fait pour lui, ces cyclistes jouent un jeu de cache-cache : « Quand ils arrivent tout près de nos positions, ils se cachent et quand le contrôle est terminé, ils s’accrochent de nouveau sur ces camions. »
Pour lui, chaque cycliste doit être conscient du danger qu’il court lorsqu’il utilise ce type de transport. Il demande surtout aux chauffeurs de camions d’empêcher ces cyclistes de s’accrocher sur leurs véhicules : « Une campagne de sensibilisation s’avère nécessaire à l’endroit de ces cyclistes. Il faut qu’ils sachent que l’argent qu’ils pensent gagner de cette façon est de loin inférieur au coût des médicaments encas d’accident », fait-il remarquer.