Problème d’accessibilité physique aux bureaux de vote, l’absence de bulletin en braille, non accès à l’information, tels sont quelques défis empêchant certaines personnes vivant avec handicap d’exercer leur droit de vote.
« Nous n’avons pas participé aux derniers scrutins. Nous n’avons pas eu accès aux bureaux de vote, suite à nos différents handicaps », se lamentent certaines personnes vivant avec un handicap rencontrés dans la ville de Bujumbura.
«Je marche à l’aide d’une béquille. Je n’ai pas accompli mon devoir civique, lors du dernier référendum constitutionnel. Le bureau ayant été placé loin de ma résidence », déplore N.B.Ces personnes disent qu’elles sont privées du droit de vote. « Nous avons le droit d’élire et de nous faire élire à l’instar des autres citoyens burundais».
Les défis sont énormes
« On ne le dira jamais assez. Certaines catégories de personnes vivant avec handicap font face à de nombreux défis, lors des échéances électorales», confirme Cassien Bizabigomba, président de la Fédération des associations des personnes handicapées au Burundi. Et d’énumérer les plus saillants.
De prime abord, ce défenseur des droits des personnes vivant avec handicap évoque l’accessibilité physique aux bureaux de vote. Certains sont aménagés dans des lieux où on doit escalader les escaliers. Des caniveaux difficiles à franchir qui se trouvent devant quelques bureaux de vote. Les personnes se déplaçant dans des chaises roulantes, fait-il savoir, éprouvent des difficultés pour y accéder. Mêmes difficultés pour les personnes marchant à l’aide de béquilles.
Bizabigomba évoque, en outre, le problème des malvoyants : « Le bulletin de vote est écrit à la normale alors qu’il devrait y avoir un bulletin en braille adapté aux handicapés visuels.»
Les personnes sourdes ne sont pas épargnées. Cassien Bizabigomba épingle le problème d’accès à l’information, suite au manque d’interprètes du langage des signes.
Pendant la campagne électorale, il fait savoir que les messages échappent aux sourds parce qu’il n’y a pas d’interprète à la RTNB. Ils ignorent le contenu des projets de société présentés par tel ou tel candidat. M. Bizabigomba demande à la RTNB de former et de recruter ces interprètes pour que les personnes sourdes puissent avoir accès à l’information.
La CENI indexée et interpellée
« Nous avons exposé nos préoccupations auprès de la CENI, depuis 2010. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de réponses satisfaisantes », déplore cet activiste des droits des personnes vivant avec handicap. Il affirme que la CENI a associé les associations dans les réunions tenues, lors de la préparation des précédents scrutins. Mais il fustige son comportement actuel: « Nous ne sommes pas invités dans les réunions qu’elle organise. Nous avons été invités seulement quand la CENI a rendu publique le calendrier électoral. Nous sommes discriminés.»
Il suggère à la CENI de songer aux personnes vivant avec un handicap en prévoyant surtout le scrutin en braille. Par ailleurs, la CENI devrait aussi aménager des bureaux dans les centres qui hébergent les personnes vivant avec handicap. En outre, il demande aux partis politiques de les considérer au moment de confectionner les listes des parlementaires, conseillers communaux et collinaires.
Interrogé sur cette question, Sixte Vigny Nimuraba, président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (Cnidh), reconnaît que chacun a ses droits : « Le droit de vote est un droit inaliénable pour n’importe quel Burundais ».Il soutient que chacun doit avoir accès à un bureau et un bulletin de vote. « Malheureusement des lacunes subsistent. Il y a des bureaux de vote qui ne sont pas jusqu’ à présent accessibles».Et de demander à la CENI de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour répondre à cette préoccupation.
Toutefois, le président de la Cnidh estime que tout va dépendre des moyens disponibles. Il interpelle la CENI et les autres intervenants à fournir les efforts pour garantir le droit de vote à ces personnes vivant avec handicap.