Elles préfèrent se taire parce qu’elles ont peur, et peut-être un peu honte … devenant ainsi presque complices de leurs bourreaux. D’où l’importance de la mission du Centre Seruka : {sortir de l’ombre} les victimes de violences sexuelles.
<doc7335|right>Initié à la base par MSF (Médecin Sans Frontière) en 2003, pour s’occuper des blessés de guerre, le centre Seruka s’est finalement recentré sur les cas de violences sexuelles. Aujourd’hui, le Centre Seruka est devenu le centre de référence pour toutes les victimes de violences basées sur le genre.
Le centre Seruka offre une assistance juridique et judiciaire aux victimes, en plus d’une prise en charge médicale et psychosociale communautaire. Cependant, selon la représentante légale du centre, Sandrine Inakabondo , seuls 39% des victimes acceptent de porter plainte, les autres refusent de peur de représailles. « Etant donné la lenteur des procédures et la corruption, peu de cas aboutissent au jugement.
<quote>- 1446 victimes ont été assistées en 2012 rien qu’à Bujumbura
– 66% des victimes sont des mineures d’âge
– 60% des auteurs des faits sont issus de la famille ou des proches de la victime</quote>
En outre le système d’ADN, n’existant pas au Burundi, il est difficile de prouver la culpabilité du présumé agresseur. Souvent, les preuves sont interprétées sur base d’expertise médico-légale, et la contre-expertise n’est pas prise en compte» explique la jeune femme. Ce qui explique la banalisation de ce fléau et l’augmentation des violences faites aux femmes, car les agresseurs ne sont pas punis dans la plupart des cas.
Des chiffres alarmants
Selon Mme Inakabondo, le centre a assisté 1446 victimes à Bujumbura en 2012, avec en moyenne 4 à 5 cas par jour. En tout, 1577 cas ont été recensés sur une année, à Bujumbura, Cibitoke et Muramvya.
Les pourcentages sont affolants : 66% des victimes sont des mineures ! La répartition par âge donne ceci : 18% d’entre eux sont enfants de moins de 5 ans ; 26% entre 5 et 12 ans, 22% entre 13 et 18 ans. Pour ce qui est des auteurs de ces crimes, 60% sont de la famille proche ou l’entourage. D’où l’intérêt des campagnes de sensibilisation communautaire, des pièces de théâtre à visée éducative et des séances de formation qu’offre le centre aux différents groupes cibles à savoir les victimes, la population et les décideurs politiques.
Toutefois les contraintes ne manquent pas. Par exemple les grossesses des mineures posent beaucoup de problèmes. En effet, ces dernières ne disposent pas encore de carte d’identité et se voient donc refuser l’accès aux soins gratuits.
En outre, le centre n’ayant pas de fonds propres, il doit attendre les contributions des bailleurs de fonds, dont les principaux sont la coopération Suisse, l’Union Européenne, l’ambassade de Belgique et l’État burundais.