Depuis deux mois, des cadavres sont retrouvés ici et là flottant dans des rivières ou gisant sur des terrains vagues. Parfois, les auteurs et le mobile ne sont pas connus. Raisons politiques ? conflits fonciers ? Rien n’est moins sûr. Seule certitude : c’est angoissant.
La semaine passée, quatre personnes ont été assassinées en moins de 48 heures. Élysée Irahezagira, élève de la 8ème à Gatumba en province de Bujumbura, a été retrouvé mort, mardi 19 septembre 2017, dans un petit restaurant où il travaillait.
Ce même jour, dans le quartier de Carama en mairie de Bujumbura, le corps de Félicien Mvukabanka a été découvert égorgé flottant dans une fosse septique de la maison en chantier dont il assurait la sécurité. Dans la foulée, le porte-parole du ministère de la Sécurité Publique, Pierre Nkurikiye, a indiqué que deux personnes sont sous interrogatoire.
Le 18 septembre, un homme surnommé Mujojo a été retrouvé mort poignardé sur la colline de Munyinya en commune de Butezi en province de Ruyigi. Anastasie Ntungwanayo de la colline de Murama en commune de Ryansoro de la province de Gitega a été poignardée.
Dans la nuit du 11 septembre 2017, vers 20 heures, 4 personnes à savoir Jeanine Ntakarutimana, Gérard Habimana, Maurice Havyarimana et Thierry Ntakarutimanana ont été tuées dans le quartier Gikoma, zone Kinama, commune Ntahangwa de la ville de Bujumbura.
Deux autres personnes ont été blessées dans cette attaque des hommes non encore identifiés. Les victimes étaient en train de préparer une boisson prohibée appelée Kanyanga.
Au centre comme à l’Est, le phénomène s’observe
En province Gitega, deux corps sans vie ont été retrouvés le 14 septembre 2017. La première victime est Suavis Ntahondereye, âgée de 31 ans, de la colline Rutegama, province Gitega. Elle a été découvert pendue dans sa maison. Son mari a été appréhendé sur-le-champ pour des raisons d’enquête.
L’autre victime est Déo Uwisezerano. Le corps sans vie de ce natif de Nyamugari a été retrouvé sur la colline Songa.
Le 9 septembre 2017, sur la colline Bihanga, commune et province Gitega, Daniel Gahungu, âgé de plus de 80 ans, a été assassiné par des hommes non encore connus. Le mobile de ce meurtre reste inconnu.
En province Ruyigi, en commune Butezi, Célestin Ikizakubuntu et sa femme Claudette Iradukunda sont morts, le 7 septembre 2017, dans une attaque sur la colline Muyange. Des inconnus munis de machettes et de couteaux les ont attaqués alors qu’ils rentraient à moto. Samuel Ntirampeba, le père de Célestin, sera grièvement blessé. Il succombera lui aussi deux semaines plus tard.
A l’ouest, c’est encore pire
En province Cibitoke, la plupart des victimes sont accusées de vol ou de sorcellerie. Les défenseurs des droits humains dans cette province n’excluent pas des mobiles politiques et craignent une impunité des auteurs.
Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2017, sur la colline Buseruko, commune Mugina, province Cibitoke, Maforo, membre du parti Cndd-Fdd, âgé de 45 ans, a été battu à mort. Il était accusé d’avoir volé un régime de banane.
La veille, sur la colline Munyika I, commune Rugombo à une dizaine de km du chef-lieu de la province de Cibitoke, André Ngendakumana, un quadragénaire, a été tué chez lui par un groupe de malfaiteurs dont l’identité n’a pas été révélée.
Les informations collectées sur place indiquent que le défunt était soupçonné de vol sur pieds et aurait dévalisé plusieurs ménages de cette localité. Sa famille réfute ces allégations, elle soutient que ce père de 4 enfants a été victime d’un règlement de comptes suite à un différend foncier l’opposant à l’un de ces voisins.
«Il venait de gagner un procès au tribunal de résidence, ce qui n’a pas plu à certains de ces voisins proches », indique sa femme tenant dans les bras un bébé de quelques mois.
Dans cette même commune, 5 autres personnes ont été trouvées mortes vers la fin du mois d’août. Les mobiles, comme l’indique sans ambages une source, sont liés à des conflits fonciers, sans oublier des cas d’assassinat à caractère politique. «A chaque fois, les victimes sont enterrées de façon hâtive sans mener de véritables enquêtes».
Outre les cas liés aux conflits fonciers, des personnes sont tuées accusées de sorcellerie. Vianney Niganze et Immaculée Ngendakumana ont été assassinés dans la nuit du 24 au 25 et du 28 au 29 juillet sur la colline Butega, commune de Murwi et colline Nyamitanga en commune Buganda province Cibitoke.
Vianney Niganze été tué par un groupe de gens alors qu’il rentrait chez lui en provenance d’un bistrot où il partageait un verre avec ses amis. Il était accusé de sorcellerie. «Parfois, des conflits fonciers sont cachés derrière ces assassinats».
Ce phénomène de sorcellerie à l’origine des assassinats liés aux litiges fonciers prend une allure inquiétante, selon les défenseurs des droits humains. Aux mois de juillet et d’août 2017, 16 personnes ont été assassinées dans toute la province suite aux conflits fonciers.
Crainte d’impunité
Les quelques défenseurs des droits de l’homme encore présents dans cette province de l’ouest se disent inquiets face à la recrudescence des violations massives des droits de l’homme allant jusqu’aux assassinats.
Ils demandent à la justice de poursuivre les auteurs de ces tueries et de décourager le phénomène de justice populaire. « Nous demandons de l’équité dans ces dossiers d’assassinat pour éviter des cas d’impunité», insiste un d’eux visiblement fâché.
L’administration locale dit avoir entamé des investigations pour aider la justice à retrouver les auteurs qui agissent souvent dans l’ombre. Elle demande à la population de dénoncer des cas de violations des droits de l’Homme pour permettre au ministère public de mener de véritables enquêtes.
Le nord n’est pas en reste
Ce 17 septembre 2017, deux cadavres de jeunes gens ont été découverts sur la colline Gikungere, commune Butaganzwa en province de Kayanza. Il s’agit d’Eric Nsaguye et un certain Janvier. Selon des sources administratives, ces jeunes étaient des voleurs et ils ont été lynchés par la population alors qu’ils étaient en train de voler avec des armes. Dans la foulée, deux fusils ont été saisis selon la même source.
Le 10 septembre 2017, il y a eu découverte d’un cadavre d’un certain Alexis Bayaganakandi, âgé de 40 ans sur la colline de Murambi en commune de Busoni de la province Kirundo. Son corps a été retrouvé par la population de cette localité alors qu’il flottait sur les eaux du lac Cohoha vers 9 heures. Les autorités avancent la thèse du suicide mais les habitants restent sceptiques.
Le 5 septembre 2017, sur la colline Muramba de la commune Kirundo, une femme dénommée Marie Nabigo, la quarantaine, a été retrouvée morte. La police a conclu à un suicide à l’aide d’une corde sur un avocatier pour des mobiles inconnus. Ses voisins ont des doutes et demandent à la police de mener des enquêtes approfondies.
En province Kayanza, Gérard Gishongomera de 40 ans de la colline Kivuruga en commune de Gatara a été retrouvé mort le 6 septembre 2017 par la population dans la vallée de Kivuruga. Son corps n’avait pas de traces particulières.
Ce même jour, un corps sans vie a été retrouvé dans la rivière Ruvubu. Le corps était ligoté, les bras derrière le dos. L’administrateur de la commune Muhanga a fait savoir que ce cadavre serait amené par les eaux provenant des communes voisines.
En commune Butaganzwa en province Kayanza, Claver Ndayizeye, commerçant et membre du parti FNL aile d’Agathon Rwasa a été tué par des gens non identifiés. C’était le 4 septembre 2017, vers 4 heures du matin, sur la colline Rugoma.Trois personnes ont été arrêtées pour des raisons d’enquêtes.
Le 3 septembre 2017 Elisabeth Nyandwi, une vieille de 64 ans a été retrouvée noyée dans les eaux de la rivière Nyagonga. C’était sur la colline Nyamiyogoro en commune de Muruta. La police parle des enquêtes en cours.
«Pas de recrudescence du phénomène des cadavres!»
Contacté, Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, indique que l’on ne peut pas parler de recrudescence du phénomène des cadavres car les cas évoqués n’ont aucun lien entre eux : «Nous faisons face à des suicides, des noyades, des vols à main armée, suivis de justice populaire et d’assassinats sur fond de conflit foncier. Il est donc difficile de parler de phénomène des cadavres».
Et d’expliquer qu’à Kirundo par exemple, Alexis Bayaganakandi s’est noyé. Marie Nabigo s’est suicidée. En commune Ryansoro, confie-t-il, la victime a été poignardée, des suspects ont été arrêtés pour enquêtes de même que récemment à Gatumba où une jeune écolière a été poignardée.
A Ruyigi, soutient-il, une famille a été récemment décimée à cause d’un conflit foncier d’un terrain de 9 Km2. Là aussi, des suspects ont été arrêtés et des enquêtes sont en cours: «Peut-on vraiment dans ce cas parler de phénomène de cadavres ou de recrudescence de la criminalité alors qu’il s’agit des événements n’ayant aucun lien entre eux ? Je ne pense pas».
Ce n’est pas l’avis d’Anschaire Nikoyagize, un défenseur des droits humains. « Au cours de ces trois dernières semaines, on arrive déjà à 36 cadavres. Cela note que le phénomène des cadavres a repris. Ce mois-ci risque d’être plus sanglant».
M. Nikoyagize déplore le comportement des administratifs qui enterrent les cadavres sans aucune identification. «Vu leur empressement de les inhumer, cela montre qu’ils y seraient pour quelque chose dans certains cas. C’est aussi une nouvelle stratégie de faire disparaître les gens.»
Cher Senyamwiza. Vous vous trompez, le régime chrétien d’origine divine ne regrettera jamais rien. Il applique sa politique. C’est comme si on demandait aux alliés Interahamwe de regretter l’application de leur politique. Les seules à blamer ce sont dans l’ordre1) l’UPRONA entré au gouvernement justement pour empêcher le génocide et qui livre la population victime aux malfaiteurs pour quelques liasses de billets et les ridicules honneurs du pouvoir; 2) les Nations unies censées être les garantes des Accords d’Arusha mais dont la parole n’engage que ceux qui les croient. Elles ont laissé détruire la paix chèrement acquise en se cachant derrière la formule incantatoire : Nous sommes profondément préoccupés.
Enlever, faire disparaître par la force, torturer, violer ou tuer ne règleront jamais la crise profonde dans laquelle nous a plongé un 3è mandat inutile, de plus en plus intenable et sanglant. L’auteur principal de ce mandat du sang ainsi que ses co-auteurs le regretteront sûrement le restant de leur vie. Croyez-moi il ne les laissera pas non plus intact. C’est une question simplement de temps. Let us wait and see.
Amahoro kweli, hapafa abantu bangana uku? 36 bamenyekanye, abatamenyekanye nabo ni bangahe??? A Kirundo, on parle d’un vieux trou tres profond (+/- 100m), creuse lors de l’exploratation artisanale des minerais du coin pendant le temps colonial, qui se remplit de cadavres humains regulirement a nuit!!
PS: Cet administratif qui parle de corps sans vie transporte par l’eau venant « des autres communes » devrait subir une enquette pour clarifier a mon avis. En general, les corps sans vie flottent plutot,! Aurait-il contacte « ces autres administratifs » en amont avant d’enterrer ce cadavre par exemple? L’urgence avec laquelle on enterre ces cadavres provoque trop de questions!!!!! Pourquoi veut-on toujours cacher???
Chronique d’une catastrophe annoncée. Le régime chrétien d’origine divine annonce depuis quelques temps l’apocalypse. Il faut le prendre au mot. Il fera ce qu’il dit comme nos alliés Interahamwe en 1994. Les signes avant-coureurs sont déjà là. Déjà l’Est de la RDC s’embrase. Les camps des réfugiés burundais vont être attaqués comme Kamanyola. Les Congolais qui ont le malheur de porter l’étiquette « tutsie » vont subir le même sort. Des déplacements monstres des populations vont se mettre en branle. La région des Grands Lacs revient lentement mais sûrement au cataclysme de 1994. Pendant ce temps, les Nations unies « sont profondément préoccupées » et ça s’arrête là. L’UA ne voit rien, n’attend et ne dit rien. L’EAC est indifférente aux souffrances burundaises. Je le répète ad nauseam il n’y a que les affreux colonialistes, néocolonialistes et impérialistes occidentaux qui viendront sauver le peu qu’ils peuvent sauver uniquement par fardeau de l’homme blanc, les autres s’en balancent.
Cela n’arrivera jamais au Burundi. Ce qui se passera dans les autres pays ne nous concerne pas par contre, sauf si des vies burundaises sont en danger. Mais malheureusement nous ne pouvons que les inviter à rejoindre leur bercail.
Donc pour Mr. Nkurikiye, si j’ai bien compris, ces cadavres ne sont pas vraiment des cadavres, passons notre chemin!
«Peut-on vraiment dans ce cas parler de phénomène de cadavres ou de recrudescence de la criminalité alors qu’il s’agit des événements n’ayant aucun lien entre eux ? Je ne pense pas». Je trouvais que la liste était longue, or M Nkurikiye trouve qu’il n y a pas à s’inquiéter.
la question c’est: Au Burundi,à partir de combien des morts par mois pouvons-nous oser parler de recrudescence ( augmentation) de la criminalité?
Qui m’empêcherait de tuer pour assouvir mon petit plaisir, puisque même les coupables de crimes commis en plein jour et devant au moins 50 personnes ne sont jamais inquiétés
1) Hafsa Mossi
2) La famille d’un général exterminée à 8:0 en face du St Esprit
3) 3 soeurs italiennes égorgées à 14:0
Ngejeje aha.Enquêtes zarabaye?
Maintenant au Burundi, il y a des gens qui sont au dessus de la loi.
Merçi de publier ou de ne pas publiet mon cri de coeur
It is really disgusting
Pas surprenant : quand les autorités en haut de la pyramide s’acharnent à écarter tous ceux qu’elles considèrent comme nuisibles à leur suprématie ; et pourquoi certaines personnes en bas de la pyramide n’en feraient pas autant pour éliminer les «obstacles» à leur envies et ambitions.
» Le phénomène des cadavres »
Phénomène : Fait observable remarquable ou extraordinaire. [ Souvent, on présuppose des causes naturelles inconnues. ]
La décence et le respect dûs à ces victimes m’ont fait demander à mon ami JerryCan de ne pas se manifester ici. Paix à leurs âmes.
Il est difficile de ne pas voir dans ces meurtres – pour une part – un effet de la crise provoquée par votre Excellent Président et de l’impunité qui s’est progressivement installée. La paix règne peut-être – dans les enceintes du pouvoir, mais la situation générale s’est dégradée.
Et l’on peut craindre que cela dure jusqu’à l’automne 2020, et que cela empire par la suite.
36 cadavres en moins d’un mois, auxquels on rajoutera la disparition d’une personnalité politique en plein coeur de la ville la mieux « gardée » du pays. Mais à part cela, la paix règne sur le pays et les réfugiés n’ont rien à craindre… mieux vaut en rire
La super Police burundaise vient d’affirmer haut et fort que trouver des cadavres éparpillés ici et là ne devrait inquieter personne. Aussi longtemps que leurs morts ne sont pas identiques. Les gens ne meurent pas pour des motifs politiques mais par simples noyades ou suicides. Mais 36 cadavres en moins d’un mois c’est trop!
Phénomène de cadavres! Pour quel mobile? A qui profitent les crimes?
Ce qui reste intriguant est que parmi toutes ces personnes assassinées, je n’en vois aucune qui est susceptible d’influencer le cours des choses en politique. Ce sont, si je me trompe, de paisibles citoyens éloignés des intrigues politiciennes.
@Bakari,
La mort de ce « paisibles citoyens » devrait inquiéter au premier plan la police burundaise,
Ce qui n’est malheureusement pas le cas cher Bakari!
Vraiment! Dans un pays dirigé par un pasteur! Et on fait appelle aux refugiés de rentrer dans le pays et que tout le territoire est securisé. De toute façon, ces massacre est le résultat d’une politique de haine prêchée par les dirigeants DD. Quand on sème la haine, tu ne peut que recuiellir des morts, l’instabilité, la désolation, la pauvreté,…
This Pierre Nkurikiye is getting on my nerves..ni umubeshi wa mbere