Vendredi 22 novembre 2024

Opinions

Ce jour-là, le 30 juin 1977 sonne le glas d’Ubugererwa

29/06/2014 18

Le décret-loi d’abolition d’Ubugererwa, salué par les Burundais, a été proclamé la veille de la première célébration de la fête d’indépendance sous la deuxième République. Le même jour, une commission nationale des rapatriés est créée.

Manifestation publique au lendemain de l’annonce de l’abolition de l’institution d’Ubugererwa
Manifestation publique au lendemain de l’annonce de l’abolition de l’institution d’Ubugererwa

Huit mois après le coup d’Etat (1er novembre 1976), il fallait marquer la différence, montrer à la population un changement avec l’ancien régime. En supprimant l’institution d’Ubugererwa, comparable à la féodalité pendant le Moyen-âge européen, la deuxième République vient d’opérer une réforme socio-économique, marquant ainsi sa légitimité auprès du peuple burundais. Aussi définira-t-elle en termes clairs, pour motiver la mesure, ce concept d’Ubugererwa.

C’est ainsi qu’est stipulé le premier article du décret-loi : Est désormais interdite à peine de nullité la convention d’Ubugererwa, selon laquelle, un titulaire de droits fonciers, le shebuja, remet la jouissance d’un fonds de terres, l’itongo ( (propriété foncière), à un exploitant, le mugererwa, pour une durée indéfinie et révocable, à charge pour ce dernier et sa descendance, de servir au shebuja des prestations diverses de travail et de services variés ou de fournitures de valeurs ou denrées, manifestant l’allégeance du mugererwa et des siens à l’égard du shebuja.

En plus, selon le décret-loi, le shebuja n’est plus fondé à exiger ou recevoir des prestations de l’ancien mugererwa, quelle qu’en soit la nature et la quotité. Ce dernier jouit désormais des terres et biens constituant l’itongo, sans aucune autre limite que celle des droits de l’Etat et de la commune, s’il a assuré la mise en valeur de cet itongo depuis au moins sept ans.

Par ailleurs, le décret-loi stipule que si la jouissance et la mise en valeur de l’itongo par le mugererwa est inférieur au délai de sept ans, le shebuja peut en reprendre possession en payant au mugererwa une indemnité pour la plus-value y apportée par ses soins et services…
Enfin le décret précise que si le shebuja n’use pas du droit de reprise institué par l’article précédent, il abandonne ses droits au mugererwa sans prétendre à aucune forme d’indemnité.

Une commission nationale des rapatriés est créée

C’est dans le but de la réintégration dans leurs droits des personnes qui ont quitté le Burundi suite aux événements de 1972 et 1973. Pour apurer le contentieux relatif aux litiges opposant les rapatriés et les détenteurs des biens litigieux, le décret-loi est clair: « Toute occupation, détention, jouissance des biens et droits laissés vacants par le départ des réfugiés à la suite des événements de 1972 est inopposable à l’administration. »

La commission comprenait un membre du comité exécutif du Conseil suprême révolutionnaire (président), un représentant du ministère de l’Intérieur, un magistrat désigné par le ministre de la Justice, un représentant du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et du développement rural, le gouverneur de la province où se situaient les biens ou droits litigieux. La commission accomplira-t-elle réellement ses missions ?

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Mudacikana Paul

    Ubwo Bagaza ntimumurenganya ga yemwe bana b’abarundi? Niko ya kuriye ku ntwaro y’umukazo, arayikorera. Ariko kuva afashe ubutegetsi yaragerageje gukosora amakosa atari make:

    1. Yarakuye ubugererwa n’ubugabire. Erega abagererwa ntibari abahutu gusa harimwo abatutsi.
    2. Yarategetse gusubiza inzu n’amatongo y’abahutu bapfuye mu 1972. Hari abamugambaraririye aribo n’ubu babandaya batera igere. Murundi yari yagerageje.
    3. Yarafashije ihunguka ry’abantu benshi cane, abaha amatongo i Nyanza-lac na Rumonge.
    4. Ibihangange mu bahutu nka Ndadaye, Ntaryamira, Ngeze, Mayugi, Kampayano, Ngarambe, Ntibantunganya…. batahutse kuri Bagaza.
    5. Birya vya i na u uwabigize yaravyiyemereye kandi yari mu karwi kazwi kakumira abatari abo i Matana, baba abahutu canke abatutsi.

    Karimu kuri Bagaza atabarundi bapfuye canke ngo bangazwe. Ahubwo yarondera itermbere rya bose.

    • Mpitabakana

      @Mudacikana Paul
      «Karimu kuri Bagaza atabarundi bapfuye canke ngo bangazwe. Ahubwo yarondera iterambere rya bose.»

      Et Micombero écarté et condamné à vie à l’exil jusqu’à y laisser sa peau, n’était-il pas burundais?… Disons tout simplement que les véritables actions de stabiliser le Burundi et son Peuple ont véritablement commencé avec l’instauration au pouvoir de Nkurunziza et du Cndd-Fdd. Y a-t-il aujourd’hui un quiconque ex-président du Burundi qui craint de s’installer ou garder ses pieds sur le teritoire national après son éviction? Bagaza en est lui-même un exemple sonnant, Buyoya aussi, ainsi que Ntibantunganya et Ndayizeye. Ils sont tous aujourd’hui reconnus par le Sénat du Burundi ce qui n’était pas le cas sous Uprona fût-il celui de Bagaza et encore moins de Buyoya. Continuons alors sur cet élan du Cndd-Fdd pour que le Burundi devient également le Paradis de tous les citoyens du monde et non seulement de ses natifs et ressortissants…

  2. Rwicaruhoze Jean

    Bagaza naramubonyeee, iyo ntore irayaaaarwaaaa! Yadukuye mukaagaa iyo tutiyagaaza, iyo ntore irayaaarwaaa.

    Ari budushire mukandi.

  3. J C

    Mbe ko batavuga ko abo baregwa bosubiza amatongo bashebuja. Je mbona naho nyene harabayemwo akarenganyo. Abakatiwe amatongo ahabwa abageregwa barakwiye kwitura CNTB. Ko mbona vyose vyakozwe na Leta abatwara igihugu ubu bakaba batemera ivyakozwe ni ntwaro zaheze nibaza ko botunganiriza abo bita ba Sebuja igihe bobitura. Baranyazwe.

    • Stan Siyomana

      @JC : (« Abo baregwa bosubiza amatongo bashebuja…Abakatiwe amatongo akahabwa abageregwa barakwiye kwitura CNTB… »
      1. Je ne vois pas comment ce serait possible dans le contexte actuel du Burundi vu que l’institution d’Ubugeregwa est toujours accusee d’etre « comparable a la feodalite pendant le Moyen-Age europeen ».
      2. Ailleurs dans le monde, l’Histoire n’a jamais fait marche arriere pour annuler les REFORMES AGRAIRES de la Revolution francaise, Urugguay (1815), Revolution mexicaine (1917), Chine communiste, Bolivie (1953), Perou (1970), Zimbabwe (2000), Namibie.
      3. Philosophiquement, certains des arguments pour justifier la reforme agraire sont:
      – Certaines des grandes proprietes foncieres peuvent avoir ete obtenu par vol;
      – Il s’agit d’assurer le plus de bien-etre pour plus de monde;
      – Le droit a la dignite (par exemple pour ces citoyens burundais qui etaient des serfs);
      – La justice requiert l’application de « la terre a ceux qui la cultivent ».
      (Voir « Reforme agraire », http://www.wikipedia.org).
      4. Ou on en est aujourd’hui ou certaines familles paysanes ont a peine 0,5 ha de terres, le Burundi risque de voir le probleme des squatters/occupation illegale des terres s’accentuer comme en Afrique du Sud. Et ca pourrait concerner les terres de l’Etat et celles des prives/amatongo (asigaye?).
      5. Une nouvelle loi sur la reforme agraire est en train d’etre etudiee en Afrique du Sud (et je suis sur qu’elle ne va pas rendre les terres a ceux qui, sous le regime d’apartheid, avaient reduit la majorite noire a vivre sur les terres steriles et poussiereuses des bantustans).
      Merci.

  4. Bingoye

    Qu’on lui prête de bonnes ou mauvaises intentions, l’«Ubugererwa» bien qu’aboli, se pratique encore sous d’autres formes qui laissent sûrement à désirer. Observez bien autour de vous, en ville et à la campagne, des cas d’ubugererwa déguisé sont très nombreux pour dire que le Gouvernement et législateurs ont encore du pain sur la planche!

    • MINANI

      Ba shebuja bari bayakuye he? Ni ayo bari baraguze canke ni ayo bari baranyaze?

  5. Bizindavyi

    @Abdoul
    «Le départ était bon pour le président Bagaza. Mais qu’est ce qui lui a empêché d’aller plus loin?»

    Ce qui a empêché BAGAZA et pourquoi pas aussi BUYOYA d’aller plus loin, c’est cette démagogie UPRONISTE de ne vouloir jamais voir un HUTU évolué sur tout les plans. Quant à son règne de 10 ans de Paix, il n’y en a pas eu du tout, et encore moins sous le règne de son remplaçant Buyoya. Ils ont été comme leur aîné et mal aimé MICOMBERO, TOUS des présidents tyraniques, si le bilan de chacun d’eux est officiellement entâché de massacres et oppressions ethniques ainsi que départ en exil de plusieurs centaines de milliers de rescapés et opprimés hutus. Qu’ont-ils réellement fait, Bagaza et Buyoya, pour réparer les divisions et massacres ethniques instaurés par Micombero? Rien, juste les attiser, horreur nationale!… Et maintenant que Nkurunziza et le Cndd-Fdd s’attellent à rassembler, réunir les familles et ressortissants burundais complètement désagrégés par les anciens régimes, certains en sont contents et d’autres malheureusement irrités au point de vouloir tout foutre en l’air pour réinstaurer les traditionnels massacres et divisions ethniques entre burundais et de ce fait, revenir aux éternels coups d’État sanglants pour faire valoir un Président aux véritables initiés pro-tutsis, un épisode encore de guerres et guéguerres interminables au Burundi! Murahagabira!…

    • Komera

      Iyo Nkurunziza yagomba gutunganya ibintu, yohereye gukwirikirana abishe Président Ndadaye, akareka guturubika aba FNL aribo bamufashije gushia aho ageze, agatunganiriza abarundi bose.

      • Sibo

        Ahubwo nagira ni FNL na FRODEBU toutes ailes confondues, vyoshimira Nkurunziza kuko iyo abanyagihugu batamutora, ces deux partis et pourquoi pas le Cndd-Fdd aussi, n’opéreraient pas aujourd’hui au Burundi. Et n’oublie pas aussi que les priorités et programmes des gouvernements diffèrent. Si pour toi gukwirikirana abishe Ndadaye biza ku murongo wa mbere, tu pourras le faire sans tracas niwashikigwa et par le fait même, t’associer ou collaborer avec des formations politiques de ton choix. Le FNL est considéré aujourd’hui comme parti adversaire du Cndd-Fdd et non son allié, réfère-toi aux déclarations partisanes aigres de Rwasa formulées à Nkurunziza et le Cndd-Fdd, après tu comprendras mieux le sens de «guturubika» que tu utilises dans ton commentaire…

  6. Apolitique

    il fut un moment ou Bagaza fut un grand homme et un vrai leader pour poser les bases d’une vrai économie basée sur l’industrialisation et le travail. Quel démon l’a-t-il pris pour inventer des histoires de division en se basant sur le clanisme, le régionalisme et l’exclusion ethnique: cfr système « u » et « i »

  7. abdoul

    Le départ était bon pour le président Bagaza.
    Mais qu’est ce qui lui a empêché d’aller plus loin?
    Il aurait pu nous éviter des années de tension sociale meurtrière
    car il en a eu le temps et le pouvoir. Alors, qu’est ce qui a fait dérailler ce président,
    qui est le seul à avoir régné 10 ans de paix sur le BURUNDI indépendant, du chemin qu’il avait entrepris pour offrir la réconciliation aux burundais, jusqu’à ce que sous sa république soit inventé le ‘u’ et le ‘i’?

    Pour moi c’est un véritable mystère.Peut-être que la commission vérité réconciliation le lèvera.

    • Mahoro

      Umuntu ntiyama ashoboye vyose.iyo U na I ntizari mbi cane kuko nubu birakora nka 60 et 40%.Ahubwo twomushimira kuko abahutu nubu ntibariyemera kubuhutu bwabo.baracikumira leta ihari nayo ikaba yabandanije kubasubiza hasi gushikaho igisata kuva ubrundi bwikukira kidatera imbere aricuburimyi.Abdoul ,nimwikebuke kuko abarundi twese turi bamwe kdi turangana imbere y’amategeko uretse ko 40 na 60% bikwiye kwubahirizwa neza.Ubu abahutu barize bahe ivyo bakora nabo bateze imbere igihugu,isuka ntigishoby kubatunga yonyene.

      • abdoul

        Cher Mahoro,

        Je comprend ta situation.
        Le monde que tu as connu jadis s’écroule sous tes pieds et tu cherches désespérément des branches sur lesquels t’accrocher dans le nouveau monde. Ainsi ‘i’ et ‘u’ ressemble pour toi à 40 – 60, bien que l’un était pour discriminer alors que l’autre est pour intégrer.
        C’est dur , je comprend de vivre dans un monde dans lequel on ne se reconnaît plus. Les choses changent , c’est ainsi la vie. Même les Mwami ont fini par disparaître après des siècles de règne.
        Mais au lieu de te débattre pour rester dans un monde devenu impossible et qui s’éloigne inexorablement, n’est-ce pas plus judicieux de changer et de t’adapter? Car la roue de l’histoire a tourné, et sa particularité est de ne jamais revenir en arrière.
        Courage!

    • Ce décret-loi d’abolition d’Ubugererwa. Il ne s’agissait qu’une étape de plus, pour les Bahima burundais, pour casser le lien social qui unissait les anciens notables barundi (Mwami, Baganwa, Bahanza, Bajiji, Bashubi, … ) à tous les autres citoyens Barundi…
      Car, après avoir voler les terres des Barundi avec les Génocides de 1965,1969, et 1972, les Bahima burundais se sont directement heurté aux traditions juridico-sociales qui persistaient dans la société. Bagaza, avec ce décret, a la volonté de casser ce lien social, de manière structurelle, qui unissait les Barundi sous l’ancien Royaume Ingoma Y’Uburundi pour que les Bahima burundais puissent s’installer aisément au Burundi après – leur vol qualifié – des terres des ancêtres Barundi. Aujourd’hui, les enfants de ces autorités Bahima burundais sous la Dictature qui ont pris des décisions de cette nature, protestent contre la Commission Nationales Terres et autres Biens qui, elle, essayent de résoudre les divers conflits fonciers nés du Génocide Régicide …
      Ce décret Ubugererwa était dans la même dynamique de haine et de prise de pouvoir des Bahima burundais envers les anciens notables Barundi du Royaume Ingoma Y’uburundi. Par exemples, à cette même période Bagaza, tous les « Bigabiro » érigés à Ndago en mémoire de la fameuse bataille de 1903 opposant Allemands et Barundi, qui avaient pour vocation de permettre aux citoyens de se souvenir de ces vaillants guerriers Barundi ( les- Badasigana-), ont été profanés. Le dictateur hima Bagaza, sous le conseil de son Ministre de la Culture, Emile Mworoha (Historien), ont érigé une minoterie à la place de ce lieu…
      DAM.

      • gloomy sunday

        Ariko abu Moussa Diallo uraba inzanyi y amazimwe ukarenza…
        Urumva nikintu kiboneka ko ari une bonne action ugicurikange juste pour te convaicre que les burundais ont toujours vecu dans la merde…??
        Iyo minoterie nayo kwagira yicishe ama farine abahutu…hein?

        • bcbg

          @gloomy sunday
          « Ariko abu Moussa Diallo uraba inzanyi y amazimwe ukarenza… »
          Mbe uwo mwana w’abandi umuhora iki? Bagaza iyo aba abona kure yari gufata nka nkama ikibazo c’amoko hanyuma bigatuma igihugu kidasha mu nyuma ziwe! Erega niwe nyene yateguye imishaha y’inzigo z’akazikira!!! Ivyakurikiye urabibona…

      • Mugunza

        @Abou Moussa Diallo,

        Au juste les Bahima c’est quoi par rapport aux autres que tu cites « (Mwami, Baganwa, Bahanza, Bajiji, Bashubi, … ) »? Ou bien quelle est la différence pour que je comprenne bien la problématique? Veux-tu dire que seuls les Barundi se reconnaissant d’origine Hutu devaient régner seuls sur les autres Barundi sans fin? Je n’y comprends rien! Tu aimes tellement te plaindre des Bahima que sans doute ils t’ont fait beaucoup de mal! Eclaires-nous pour que nous comprenions! Es-tu un d’eux qui n’a rien eu? Merci

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