Gel de la coopération, le déséquilibre de la balance commerciale, le tourisme en berne : principales causes de la pénurie des devises et de la dépréciation qu’elle entraîne.
Audace Niyonzima, directeur des études et statistiques à la Banque de la République du Burundi (BRB) explique la flambée du dollar par la pénurie des devises. Il reconnaît qu’il y a baisse des réserves de change depuis deux ans. Une nuance : cette situation de hausse du cours du dollar se remarque sur le marché parallèle dit aussi marché noir.
Comme explication, il fait d’abord observer que, d’une manière générale, le dollar s’est apprécié par rapport aux autres devises de la planète et de surcroît au BIF. Comme facteur externe de la flambée du dollar, M. Niyonzima ajoute le fait que le pays fait face à l’imprévisibilité des transferts qui viennent de l’étranger.
Selon ce cadre, les appuis extérieurs sous forme de dons, d’aides, de projets, d’appuis budgétaires alimentent à plus de 80% les devises que le Burundi utilise pour importer.
Mais, pour peu que l’on consulte la loi budgétaire 2016, on constate qu’il est prévu un manque à gagner de 324,8 milliards de dons par rapport à l’année 2015 : 699,6 contre 374,7 milliards respectivement en 2015 et 2016. A titre indicatif, les dons reçus des organisations publiques (bilatérales) ont chuté de 294,8 milliards. Il s’agit des projets appuyés par l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse, etc. Or ces pays occidentaux conditionnent la reprise de la coopération bilatérale à la reprise du dialogue inter burundais.
L’on signalera que même avant la crise, le pouvoir de Bujumbura se plaignait que même les aides promises par l’occident, notamment l’appui budgétaire arrivaient à compte-gouttes.
Faiblesse des exportations
Autres raisons de la pénurie des devises avancée par la Banque centrale et bien des économistes est le déséquilibre de la balance de paiement. Le Burundi est un importateur net : les importations sont de loin supérieures aux recettes issues de l’exportation de ses deux principaux produits : le café et le thé.
Certes, la production du café en 2015 était de 18 contre 14 mille tonnes en 2014 comme le souligne Jean de Dieu Mutabazi, Directeur général de l’Autorité de régulation de la filière café du Burundi (ARFIC). Toutefois, les recettes issues de la vente pour la campagne 2015-2016 ont chuté de 20% par rapport à celles de la campagne précédente suite à une baisse des cours mondiaux. Marius Bucumi, directeur technique de l’ARFIC dit que les recettes issues de la vente du café pour la campagne en cours 2015-2016, sont évaluées à 43 millions dollars pour 89% de la production déjà exportée.
Pourtant, a-t-il fait remarquer, pour la même quantité exportée et sur une période équivalente, les recettes enregistrées au cours de la campagne 2014-2015, avaient pu atteindre un niveau de 50 millions de dollars.
La filière thé semble tirer son épingle du jeu. Selon Diomède Ntangamajeri, directeur agronomique de l’Office du thé du Burundi(OTB), la production du thé vendable sur le marché international en 2015 était 10531 tonnes, soit une réalisation de 104% par rapport à 2014. De plus, les cours mondiaux du thé au marché international de Mombasa au Kenya étaient en hausse de 3 USD par kg contre 2 USD par Kg en 2014. Avec l’exportation du thé du Burundi, le trésor public a encaissé 32 millions USD en 2015 contre 21 millions USD en 2014.
L’on signalera aussi les fonds issus des missions de maintien de la paix à travers le monde et quelques devises issus de la vente des minerais. Ce secteur reste pourtant peu transparent.
Des secteurs frappés de plein fouet
L’autre ressource de devise est le tourisme. Mais ce secteur a été frappé de plein fouet par la crise. Le secteur de l’hôtellerie tourne au ralenti. Rares sont les touristes qui visitent le Burundi alors que dans les pays de la sous-région, le tourisme est un des principaux générateurs de devises.
Faut-il encore ajouter la baisse des devises issues des investissements directs étrangers (IDE). Même avant la crise, l’Agence de promotion des investissements (API) faisait son possible pour attirer les investisseurs étrangers, le résultat était mitigé. Avec la crise, les investisseurs boudent a le Burundi. « Les opérateurs économiques ne sont pas encore motivés pour venir exercer leurs activités au Burundi », constate Noël Nkurunziza, président de l’Association burundaise des consommateurs –Transparency International (Abuco-TI).
Last but not least. Une infime partie des devises provenait de la diaspora. Mais des sources dignes de foi soulignent que depuis la crise, peu de Burundais vivant à l’étranger expédient les devises via Western Union.
Le tourisme moribond
Le secteur de l’hôtellerie et tourisme faisait entrer des devises grâce aux étrangers. Depuis cette crise, rares sont ceux qui sont restés ou viennent au Burundi.
Des chambres inoccupées à plus de 50%, licenciement du personnel…l’hôtellerie et tourisme est l’un des secteurs économiques le plus touché. Depuis le début de la crise, en avril 2015, témoigne Alfredo Frojo, le patron de l’Hôtel Club du Lac Tanganyika, rares sont les étrangers qui viennent au Burundi pour occuper les hôtels. « Or, ces derniers ne vivent que grâce aux étrangers, en grande partie. »
A l’hôtel Royal Palace, toutes les chambres sont payées en dollars. 250 dollars maximum, 100 dollars minimum. Avant la crise, toutes les 32 chambres étaient occupées tout le temps, selon un réceptionniste. Aujourd’hui, seules deux, trois chambres sont occupées dans un mois. « Les occupants n’y passent que quelques jours, le temps d’un séminaire. »
Le secrétaire exécutif de la chambre de l’Hôtellerie et du Tourisme au Burundi(HTB), Eric Ndayikengurukiye, reconnaît que les acteurs du tourisme, surtout les hôteliers se retrouvent dans la galère. « Le taux d’occupation des chambres a chuté de plus de 50%, il n’y a presque plus de visiteurs étrangers. Ceux qui avaient contracté des dettes auprès des banques n’arrivent pas à rembourser… »
Le patron de l’Hôtel club du Lac Tanganyika confie que son hôtel encaissait 100% de revenus pendant l’année 2014. Il ne gagne que 30% aujourd’hui. « Auparavant, l’hôtel comptait 240 employés. Aujourd’hui, il ne reste que 150. »
D’ici quelques mois 1 kg de haricot va coûter 2.000.000 de paille (franc burundais).
Vive Nkuruniza, vive les DD et leur système de gouverner le plus intelligent du monde. Bravo
Ce n’est que le debut
On ne doit pas être un grand économiste pour comprendre ce qui se passe au Burundi, un pays meurtri et dirigé par une des classes politiques, les moins brillantes mais les plus prédatrices que ce pays ait jamais connu. Ajouter à cela la violation massive des droits de la personne humaine depuis que Président Fondateur a voulu se maintenir au pouvoir et régner sur le Burundi en Roi, lui, sa famille et ses amis, sans rendre compte à qui que ce soit (saut à Dieu) et la situation sécuritaire délétère et vous comprendrez tout : gel des aides qui faisaient vivre cette dictature, aucun investissement direct ni étranger ni national, aucune initiative économique d’envergure, aucune création d’emploi et j’en passe.
Tous les ingrédients sont là pour que les devises étrangères se raréfient et que l’économie s’effondre. Peut-être que les Chinois et les Russes vont voler au secours de Mr NKURUZIZA et son régime. Let us wait and see…
Dans quel état sera le Burundi lors du départ de Nkurunziza?
Plus proche du Zimbabwe en banqueroute de Mugabe ou plus proche de la florissante île Maurice ?
Ce qui est drôle et étrange à l fois ce que les adversaires et les soutiens de Nkurunziza sont tous d accord sur ce point.
Pourquoi soutenir un régime qui nous tue et nous appauvri? Et encore si au moins il n était pas corrompu.
Merci et bonne journée
C’est ce qui arrive à toute personne qui dirige un pays en détestant les intellectuels et les gens riches. Si on avait laissé les industriels travailler, la production de la STEVIA, le respect des opposants, la justice équitable travailler, etc…. Non seulement on serait entrain d’exporter notre STEVIA ou le sucre de Nahum, mais aussi les bailleurs de fond nous respecteraient de la meme façon qu’ils respectent de grans Etats comme le Rwanda, le Maroc, etc….
Ndavuga simvura
Je connais des gens de la diaspora qui n’envoient plus l’argent à Bujumbura. L’argent est envoyé à Uvira ou Buture et rentre au Burundi en mode parallel. La BRB n’y a plus accés.