Mardi 05 novembre 2024

Opinions

« Carte blanche-UE-UA : A la recherche de nouvelles relations » : Réaction et complément d’analyse

15/12/2017 11

Par Edouard Bizimana, Ambassadeur du Burundi en Russie

J’ai lu avec attention la tribune de mon collègue et aîné, Ambassadeur Cyprien Mbonimpa et je voudrais apporter un petit complément sur son opinion. Je souhaiterais d’abord le remercier d’avoir lancé la réflexion sur ces éléments d’actualité en Afrique et dans le monde. Sa réflexion me semble pertinente même si je ne partage pas totalement son opinion. La plupart de fois c’est aussi les réactions des internautes qui me donnent envie de réagir car à un moment elles suscitent des questionnements soit sur la capacité de certains de faire avancer la réflexion ou soit sur leur niveau de maitrise de tel ou tel sujet. Evidemment je suis totalement pour la diversité d’opinions et la liberté d’expression pourvu que tout soit fait dans le respect mutuel.

D’emblée je dirais que la visite de Macron en Afrique est un non événement et je vois en Macron pas une rupture mais une continuité dans la nature et la conduite des relations entre l’Afrique et la France. La rupture implique des changements notables dans la politique étrangère de la France et jusqu’à présent, ces changements n’ont pas encore eu lieu. Peut-être je me presse à juger mais c’est l’avenir qui le dira mieux. Un non événement et continuité car tous les déplacements déjà effectués sur le continent africain par Macron sont toujours circonscrits au pré-carré français : Maroc, Algérie, Mali, Burkina Faso et Côte d’Ivoire. La compréhension de l’escale ghanéenne m’échappe pour le moment. C’est d’abord et avant tout les intérêts français qui motivent ces déplacements et non un amour quelconque du continent. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le parterre d’hommes d’affaires français et représentants d’entreprises françaises qui l’accompagnent.

Penser que l’âge du Président français peut influencer la marche de la politique étrangère française, car tout vient plus de là que d’une volonté personnelle, me semble naïf. Il n’a pas connu la colonisation mais doit gérer ses conséquences en tant qu’héritier du système qui l’a conçue et mise en exécution car il y a toujours continuité de l’Etat. On pourrait peut-être dire que l’âge du président français peut avoir un effet positif sur les jeunes car dans pas mal de pays, surtout africains, l’âge devient quelque fois un handicap alors qu’ailleurs (Macron) c’est un atout.

Pour ce qui est de la « France-Afrique », il serait difficile d’affirmer que c’est une question du passé car la politique isolationniste du nouveau président américain risque de favoriser plutôt un retour de la « France-Afrique ». Les vestiges de la « France-Afrique » sont toujours vivaces et on risque d’assister à une rupture dans la continuité. Il se murmure même que le choix de la Côte d’Ivoire pour abriter le sommet UA-UE constitue une illustration parfaite de la « France-Afrique. » Tout dépendra évidement de la façon les leaders africains vont s’y prendre car pour les Européens, l’Afrique n’a jamais cessé d’être considérée comme un réservoir de matières premières destiné à faire prospérer les économies occidentales. Toutes les grandes évolutions scientifiques et technologiques ont bénéficié de l’apport de l’Afrique : certains disent que c’est de l’uranium du Congo qu’est venue la bombe atomique, le coltan africain a beaucoup contribué à l’évolution spectaculaire des nouvelles technologies, ce sont les terres rares qui vont révolutionner le transport grâce aux technologies vertes, etc. Même si les méthodes d’accès à ces ressources peuvent avoir changé, la mentalité ou la perception des Occidentaux par rapport à l’Afrique et aux Africains peine à évoluer malgré les apparences. Derrière les slogans à la mode actuellement tel que « l’avenir du monde se trouve en Afrique » se cache cette conception qu’ont les Occidentaux de l’Afrique : réservoir de ressources naturelles libre d’accès, débouché pour les produits finis manufacturés, ect. Les concepteurs de tels slogans omettent sciemment de dire que l’avenir de l’Afrique se trouve en Afrique et si Macron aurait dit cela aux jeunes Burkinabés, il mériterait « a standing ovation ».

Il faut aussi signaler que Macron est un admirateur d’Obama et il s’efforce à imiter certaines de ses actions et les Africains risquent d’être déçus comme ce fut le cas avec Obama. Est-ce que Ouagadougou sera pour Macron ce qu’a été le Caire pour Obama ? Pour rappel, Obama s’est adressé aux étudiants (la jeunesse) au Caire en 2009 et a annoncé un nouveau départ dans les relations entre son pays et le monde arabo-musulman. La suite on l’a vue avec ce que le monde a qualifié de « printemps arabes » et le saccage de la Libye qui a récemment suivi. En juillet 2015, Obama a rencontré les étudiants de l’Université de Nairobi et tous les media ont parlé de succès. Mais si on interroge ces étudiants maintenant, on risque de constater qu’ils ne gardent que de lointains souvenirs de ces rencontres. Pour dire que ce qui intéresse les Africains ce sont des actions concrètes et non les bons discours. Encore une fois, donnons le temps au temps et évitons de juger à la « va vite ».

Dire qu’en s’adressant aux jeunes du Burkina, Macron s’adresse aussi à tous les jeunes du continent me semble trop dire car ça serait tomber dans le piège de certains analystes qui considèrent l’Afrique comme une entité homogène. Pourtant, l’Afrique est aussi multiple que variée sur beaucoup d’aspects : politique, économique, linguistique, stratégique, anthropologique, etc. Tous les pays africains, disons tous les jeunes de l’Afrique ne sont pas nécessairement dans les mêmes réalités sociopolitiques ou ont la même perméabilité /vulnérabilité. La preuve est que le printemps arabe ne s’est limité qu’aux pays arabes, d’où ce qualificatif d’ailleurs. On a aussi vu que les mouvements sociaux qui ont eu lieu au Sénégal et au Burkina Faso semblent s’être limités à ces pays seulement, car « vérité au delà des Pyrénées… », comme diraient les Français. En plus de cela les jeunes africains (et les Africains en général) doivent pouvoir prendre leur destin en main et préparer leur avenir sur des modèles qui correspondent aux réalités sociale, économique, politique (et autres) de leur propre environnement tout en tenant compte des évolutions du monde qui les entoure. Ils doivent être des architectes de leur propre avenir car les solutions toutes faites ne marchent pas toujours.

Enfin une petite question pour clore mon propos sur ce sujet : est-ce que la France a les moyens de sa politique (si on accorde le crédit à l’idée de mon collègue qui affirme que Macron veut combler l’espace vide laissé par le Président Trump en renonçant aux engagements internationaux des USA) ?

Concernant le deuxième événement, n’eut été l’absence de résultats, le sommet UA-UE aurait été un événement majeur. Mais hélas, l’engouement et les espoirs suscités par un tel événement ont été très vite revus au minimum. La virulence « langagière » qui a souvent caractérisé les dirigeants européens vis-à-vis de leurs homologues africains a été tempérée par les défis majeurs auxquels fait face l’Union Européenne : terrorisme, montée des extrémismes, recul de la démocratie dans certains pays membres, velléités séparatistes (Catalogne et le Brexit). L’esclavage des Africains en Libye a totalement assombri le sommet sans doute parce que l’Union Européenne (disons certains pays de l’Union) a une grande part de responsabilité dans le chaos libyen. L’esclavage en Libye a plutôt damé le pion aux autres thèmes voire même totalement éclipsé un thème de taille qui intéresse les deux parties à savoir les migrations. La charge émotive et historique suscitée par l’esclavage a totalement étouffé une réflexion profonde sur les migrations. Pourtant, ce thème figurait en bonne place de l’agenda du sommet.

A mon avis, ce qui fait de ce sommet un événement majeur est plutôt ce qui ressemble à une sorte de rupture (qui annonce un nouveau départ dans les relations UA-UE ?). Il faut noter que les Européens ne se sont plus montrés donneurs de leçons aux dirigeants africains et ont évité des commentaires froissants par rapport aux thèmes chers aux Européens : droits de l’Homme, démocratie, bonne gouvernance, etc. pourtant, ce n’est pas la matière qui manque dans ces domaines. Parler de rupture serait, à mon humble avis, aller très vite en besogne car avant « les accords de partenariat économique »inscrit dans la déclaration d’Abidjan, il y a eu les accords de Lomé, de Cotonou et d’autres d’ailleurs qui sont toujours en vigueur. Que deviennent-ils ?

C’est plutôt la suite qui pourra éclairer l’opinion sur les vraies priorités des uns et des autres. Deux semaines seulement après le sommet UA-UE, Paris a réuni (le 13 décembre 2017) les dirigeants de 5 pays du Sahel (Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso et Mauritanie) et les donateurs potentiels (en marge du sommet sur le climat) pour mobiliser des fonds en faveur de la force antijihadiste au Sahel. L’urgence affichée semble être dictée par le souci de protéger les intérêts français et occidentaux dans ces pays. En effet, le saccage de la Libye a permis aux jihadistes de disposer d’une capacité de frappe extraordinaire capable de renverser pas mal de ces pays. Le lecteur se souviendra de la pression que les jihadistes ont exercée sur le Mali au point de faire tomber la capitale Bamako. Le Niger et le Burkina Faso sont régulièrement exposés aux attaques et actes terroristes alors que l’on sait que la France dispose des intérêts stratégiques vitaux dans ces pays qu’il faut à tout prix protéger. Les autres sujets du sommet (opportunités pour les jeunes ; mobilité et migration ; coopération sur la gouvernance) et même la situation des migrants en Libye peuvent attendre encore un peu. C’est donc à l’UA de déterminer ses priorités et mettre en place des stratégies susceptibles de produire des résultats. Surtout tout faire pour que les pays occidentaux cessent de considérer l’Afrique dans la seule dimension pathologique afin de promouvoir un vrai partenariat gagnant-gagnant.

C’est en définitive une vision réaliste et pragmatique commune que les Africains doivent construire et la porter pour en faire le fondement des relations entre l’Afrique et l’Europe/le monde. Cette vision ne peut être envisagée que s’il y a des puissances hégémoniques africaines qui prennent le devant (pour le moment, ces puissances n’existent pas) et pour servir de moteur ou locomotive de l’Union Africaine à l’exemple du couple franco-allemand.

Contrairement à mon collègue, je ne crois pas trop à la philanthropie occidentale. L’Union Africaine doit pouvoir identifier les intérêts de l’Afrique et des Africains ainsi que des éléments pertinents de « trade-offs » lors des négociations avec l’Union Européenne. Un élément important reste la solidarité interne et internationale entre pays membres de l’Union Africaine car c’est cela qui fait la solidité de l’Union Européenne. La politique de diviser pour régner reste en vigueur dans les relations entre l’Afrique et l’Europe mais les Africains ne s’en rendent pas compte.

Quand un pays de l’Union Européenne est agressée, c’est toute l’Union qui se sent agressée et qui réagit comme une entité indivisible. Qu’en est-il de l’Afrique ? La tendance est plutôt vers l’indifférence et la « dé-solidarité » avec le pays victime, moyennant quelques promesses de soutien financier ou autre. Les exemples sont légion où les pays africains servent de tête de pont pour la déstabilisation d’autres pays africains. Un phénomène qui n’existe pas entre les pays membres de l’Union Européenne. Pour éviter tout cela, il doit y avoir convergence d’intérêts et de vision en tant qu’entité. Tant que cette prise de conscience collective n’est pas encore enracinée en Afrique, le continent restera à la traîne et en proie à la prédation.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. bazir

    « Deux semaines seulement après le sommet UA-UE, Paris a réuni (le 13 décembre 2017) les dirigeants de 5 pays du Sahel (Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso et Mauritanie) et les donateurs potentiels (en marge du sommet sur le climat) pour mobiliser des fonds en faveur de la force antijihadiste au Sahel ». I see this as Africans do not own their own problems. How can France organize such meeting to solve our problems? we should have organized it before and invited France as a partner to support our good initiatives to solve our problems. If any failure encountered, who to blame after all? Who can find a solution that fits our problem considering the african context? We, Africans, have to be mature and think big and be proactive.

  2. Rurihose

    Monsieur Igent et autres
    La solution est simple.
    Il faut 2 mandats présidentiels comme en Tanzanie.
    Il faut que les pouvouirs soient séparés: Législatif, Judicaire et Exécutif.
    Le Burundi ne doit pas être la propriété de 5 Mutama.
    Elémentaire mon cher Watson

  3. Rurihose

    Si il n y avait une justice divine immenente sur terre.
    Qui d après vous entre (le général Abacha ou le Maréchal ) qui ont amassé des milliards de $ et ruiné leurs pays et Nixon seraient guillottinés.
    A mon humble avis, Abacha ou Mobutu seraient pendus 2 fois et Nixon une seule fois.
    At least, Nixon commit crimes to defend american interests and Abacha or Mobutu tore the countries for their children only.
    Navuze abapfuye dans l’espoir de n’être pas censuré.
    Regardes le soleil que je montre et non mon doigt

    • Mbaza_nkubaze

      @Rurihose
      « Navuze abapfuye dans l’espoir de n’être pas censuré. »

      Nagira ngo mu batapfuye nawe urimwo?

  4. igent

    c’est une bonne analyse mais à quoi ca nous avance nous les burundais ,moi je trouve qu’ on en a assez sur notre assiette proposez plutôt des solutions pour la crise qu’ il y a au Burundi

  5. James

    Excellente analyse Mr l’Ambassadeur. Un point que je voudrais ajouter, si Iwacu ne me censure pas comme dans le cas de l’analyse de l’Ambassadeur Mbonimpa, concerne les leaders africains. Vous parlez de la solidarité entre pays africains. Elle existe dans sa forme la plus négative. Ce n’est pas une solidarité entre nations mais une solidarité entre présidents. Et comme vous le savez, ceci va très souvent à l’encontre des volontés des peuples. Pour aller droit au but, les leaders africains doivent être propres à domicile, respecter les peuples qu’ils sont censés servir, ne pas détourner. Comme cela, ils seront respectés et feront respecter leurs nations. En réaction à ce que l’Ambassadeur Mbonimpa a écrit, j’avais dit que les dirigeants européens n’avaient pas détourné les fonds alloués au plan Marshall. L’éthique, la morale et le code de conduite ont prévalu. Quant à comparer l’Afrique à la Chine, j’avais dit que Confucius était mort mais que sa philosophie était intacte dans la Chine profonde. En Afrique, personne ne se souvient de Soundjiata Keita, Shaka, Ntare Rugamba, Mwezi Gisabo, Rwagasore, Ndadaye, Mandela, etc.
    Ce n’est pas le fruit du hasard si l’Europe et la Chine sont là où elles sont. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles la France, la Chine et les autres puissances vont toujours nous étonner après avoir longuement mais vainement attendu leur générosité. Ne faudrait-il pas que les Africains commencent à retrousser les manches?

    • Rurihose

      Mon cher James uravuga ntuvura, les Gacece et Ayubu apprécieront.
      Tu as montré le soleil, il ne faut pas que nous regardions vos doigts.
      Mes profondes salutations.???

      • James

        Je vous en prie Mr. Rurihose. Vous savez, l’un des mérites du Web est d’étaler au grand jour la diversité des points de vue. Il serait bon que les gens accepent de voir la réalité en face pour un bon point de départ. On ne peut guérrir d’une maladie que si l’on accepte qu’on est malade pour ensuite prendre un traitement adéquat. Les luttes partisanes sur le Web qui frôlent l’irrationnel (« Turikwije »(sic!)) chez cerains Burundais sont des signes de radicalisation bête qu’il faudrait éviter si l’on vaut sortir du chaos actuel.

  6. Rurihose

    Merci Mr Edouard pour votre prose.
    Votre dissertation prouve l’étendue de votre culture.
    Je suis de la génération 70. Mes journaux de chevet furent Jeune Afrique et Afrique Asie.
    A cette époque, la misère était localisée en Inde et aux pays sud est asiatiques.
    Maintenant la misère rime avec l Afrique et ces pays regarde t en face les européens.
    Pourqoui? la raison est simple , l’Afrique est aux mains de potentats qui instituent des monarchies pour transmettre le pouvoir à leurs progénitures.
    De tels dirigeants n’ont jamais en tête l’intérêt de leur pays mais seulement de la clique qui les aide à piller le pays.
    L’Afrique ne pourra jamais traiter d’ègal à l’Europe dans ses conditions.
    Ibindi n igifaransa muriko murandika

  7. Amissi Manirabona

    Excellente analyse! Bravo!
    La manière dont le pillage de l’Afrique s’organise sous les yeux et la barbe de l’UE montre que les Occidentaux considèrent toujours l’Afrique comme un bien sans maître qu’on peut se partager sans crainte de nuire aux droits de qui que ce soit. Il s’agit d’une attitude colonialiste malgré qu’on soit 60 ans après la décolonisation. Malheureusement, certains des Africains sont dans la même logique et se conduisent consciemment ou inconsciemment de façon nuisible à l’Afrique. D’où la nécessité de « décoloniser » les esprits pour le bien de tout le continent. Si l’Afrique est soudée, aucun étranger ne pourra aller y imposer sa loi. Tout le monde doit comprendre que l’Afrique a aussi le droit de se développer comme les autres et d’être considérée avec dignité.

  8. NYAMBARIZA

    Bravo M. L’Ambassadeur. Cependant, pour nous, ignorant ces mécanismes diplomatiques, la Russie , la Chine, la Turquie,…sont-elles moins intéressées par les matières premières des pays africains ? Leur engouement envers notre continent est-il différent de celui des Occidentaux ?

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