8 morts et plusieurs blessés, tel est le bilan toujours provisoire d’une attaque armée perpétrée par un groupe d’hommes non encore identifié. Le crime a été commis dans la nuit du dimanche 9 mai sur la colline Burambana, commune et province Muramvya, au centre du pays. La Police dit avoir déjà « diligenté des enquêtes. »
Par Alphonse Yikeze, Félix Haburiyakira et Jean Noël Manirakiza
13 h. Sous une pluie battante, nous sommes sur la RN2 (route nationale Bugarama –Gitega) sur la colline Burambana, près du bureau provincial de la Croix-Rouge, à 4 km du chef-lieu de la province de Muramvya.
C’est ici que deux voitures de marque Toyota, modèle ‘’probox’’ ont été brûlées par un groupe d’hommes armés. Elles sont couvertes par de petites branches d’arbres. Le crime s’est déroulé entre les collines de Burambana et Murambi. Il n’y a pas âme qui vive par ici. Un vrai ‘’no man’s land’’.
De l’autre côté de la route, c’est la colline Murambi. On y voit le lycée communal et le centre de santé. Un paysage magnifique, des montagnes verdoyantes.
Non loin du lieu du forfait, à 50 mètres, se trouve un dépôt des produits Brarudi dénommé, ‘’Mega SSD Burambana’’. A 20 mètres du dépôt, on voit toujours un tas de pierres utilisées par les criminels pour barricader la route empruntée par les véhicules qui se rendent à Gitega. Des gens forment de petits groupes. Ils chuchotent entre eux. La peur et le frisson se lisent sur leurs visages.
Une attaque meurtrière
D’après des sources présentes près des lieux de l’attaque, ce dimanche-là, le 9 mai, vers 19 heures 30, des hommes armés et en tenue militaire investissent la route Bujumbura-Gitega, au lieu-dit ‘’Ku nkombe zibiri’’ (les deux rives), à 4 km du chef-lieu de la province Muramvya.
Selon les mêmes sources, les malfaiteurs avaient installé des pierres au milieu de la chaussée. Objectif : bloquer la circulation automobile. Un camion de type Scania se dirigeant à Bujumbura se fait rapidement intercepter. Le conducteur est sommé de bloquer la route. Face à des hommes armés, l’homme prend peur et s’exécute.
Très vite, deux voitures Toyota, de type « Probox wagon » et un bus de l’agence de transport Volcano se rendant à Gitega, se voient obligés d’interrompre leur trajet. A bord de l’un des deux « Probox wagon » un officier de l’armée burundaise du nom d’Onesphore Nizigiyimana.
Tout de suite, les véhicules se font attaquer. Coups de feu et grenades éclatent. Un policier, passager du bus Volcano, tente de s’interposer en tirant en direction des criminels, sans parvenir à les neutraliser. Les deux « Probox wagon » prennent feu. Huit personnes, dont le Lt Col Nizigiyimana et un de ses enfants, meurent sur-le-champ.
Le chauffeur du bus de l’agence de transport Volcano est blessé au bras et réussit à prendre la fuite avec d’autres passagers. D’après nos sources, l’attaque aura duré plus ou moins vingt minutes. D’autres témoins précisent que les assaillants auraient pris la fuite en empruntant la vallée de Nyarutinduzi. Sur le chemin qui mène à cette vallée, ces témoins racontent avoir découvert des traces de pas suspectes.
Les secours
Par après, quatre ambulances (une ambulance de l’hôpital de Muramvya, une autre de l’hôpital de Kiganda et deux venues de l’hôpital de Gitega), sont arrivées sur les lieux après l’attaque et ont évacué les blessés, certains vers l’hôpital de Muramvya, d’autres vers des hôpitaux de Bujumbura.
Par ailleurs, précisent nos sources, le camion qui avait été utilisé par les malfaiteurs pour barricader la route, a continué son chemin après le forfait vers Bujumbura.
A quelques mètres des lieux du crime, P.W prenait part à une petite fête dans la soirée du dimanche 9 mai. « Aux alentours de 19h30, nous avons entendu des coups de feu ». Selon ce témoin, la panique a vite gagné les passagers de véhicules qui partaient en direction de Muramvya qui ont commencé à fuir dans tous les sens. Interrogé sur l’identité des assaillants, P.W est formel. « Nous n’avons pas pu les identifier, car ils se sont assez vite volatilisés dans la nature ».
Des arrestations dès le lendemain du bain de sang
De nos sources, nous apprenons que 32 personnes ont été interpellées à l’aube du lundi 10 mai sur les collines de Murambi et Burambana, avoisinantes des lieux du forfait. « Parmi les personnes arrêtées, la majorité serait des militaires des anciennes forces armées burundaises à la retraite ».
Une femme surnommée ‘’Kiramvu’’ accusée d’avoir déclaré connaître l’identité des criminels, s’est fait arrêter. « Elle l’a dit sous l’effet de l’alcool même si elle est aussi réputée n’avoir pas la langue dans sa poche », raille une source. Un enseignant se serait fait aussi interpeller sur son lieu de travail à l’École fondamentale de Mubarazi. Le chef de la colline Murambi figure aussi parmi les personnes arrêtées.
La trentaine de personnes interpellées aurait été ensuite emmenée au cachot provincial de Muramvya.
« Les riverains de l’endroit de l’attaque meurtrière ont maintenant peur et craignent pour leur sécurité », rapportent nos sources. Ces riverains réclament une position militaire ou policière pour qu’elle veille à leur sécurité.
Appel à la vigilance
Dans une réunion de sécurité tenue mardi 11 mai, Diomède Nzambimana, le gouverneur de Muramvya, accompagné du procureur de la République, du commissaire régional et son adjoint, du commissaire provincial et de l’administrateur de la commune Muramvya, exhorte la population à plus de vigilance. Il appelle les habitants des collines Murambi et Burambana à s’investir dans la consolidation de la sécurité.
Rappelons que selon le Ministère chargé de la Sécurité publique, 8 personnes ont péri au cours de cette attaque. Cependant, d’après d’autres sources, le bilan de cette attaque s’élèverait aujourd’hui à 11 morts. Joint par téléphone, le porte-parole de la Police, Désiré Nduwimana, refuse de s’exprimer sur le décompte macabre et précise « que le plus important est de retrouver les criminels qui ont commis ce forfait ».
Concernant les arrestations, M. Nduwimana informe que les personnes interpellées sont en train d’être interrogées, soit pour être traduites en justice, soit pour être libérées.
Ils pleurent le colonel Nizigiyimana
Voisins, amis proches, militaires en retraite et en activité qui ont connu feu colonel Onesphore Nizigiyimana sont émus. Ils évoquent un homme aimable.
A Gitega, lorsqu’on demande qui était le colonel Onesphore Nizigiyimana, la réponse est invariablement la même : « Nous perdons un grand homme ». Tous décrivent une personne intègre, qui écoutait tout le monde sans distinction sociale, ni de grade ni d’ethnie.
Dans le quartier Bwoga, où il vivait avec sa famille, les voisins n’en reviennent pas. Ils parlent d’un officier, très modeste. D’après les témoignages recueillis, l’ancien militaire de l’AMISOM parlait avec tout le monde, ne distinguait jamais les domestiques de ses enfants. « Militaire visionnaire, il ne se contentait pas de ce qu’il était. Chez lui parler c’était agir. Il ne s’encombrait pas avec les agents de transmission comme le font souvent les officiers supérieurs », témoignent des proches. Selon son entourage, quand l’officier avait du temps, il rendait visite à ses voisins, saluait tout le monde.
Durant ses congés, précisent ses proches, tous ses voisins savaient qu’il était à la maison, il ne se cachait pas. « J’ai su qu’il était militaire dernièrement, car chez lui, il était simple, il vivait sans gardes du corps. Un jour dans un bistrot du quartier, je plaisantais avec lui en lui demandant pourquoi il n’était pas entouré par des militaires. Il a rigolé en me signifiant qu’il n’avait pas d’ennemi », a raconté Evariste de Bwoga. Selon lui, le colonel a toujours cultivé des liens d’amitié avec son entourage.
Pour les militaires de l’ex 2e région militaire où il occupait les fonctions de G4, il était humble, direct et compréhensible. Un de ces hommes toujours en activité raconte : « Quand il a été nommé G4, je me demandais comment j’allais cohabiter avec cet ancien rebelle. Il a suffi que nous travaillions ensemble pendant deux jours et je suis tombé sous le charme. Il ne m’a jamais intimidé, plutôt il nous prodiguait des conseils, nous parlait comme à des égaux », a confié le caporal Bankizanye.
Selon cet homme de troupe, le colonel Nizigiyimana se souciait du bonheur des autres. Simple et intègre, il ne donnait pas des ordres, mais plutôt il faisait comme s’il était en train de demander un service à ses subordonnés. « Parfois nous nous demandions s’il n’avait pas oublié son grade, il était différent des autres officiers que j’ai connus », ajoute-t-il.
Même constat chez Kiguhu, un militaire en retraite. Quand Onesphore Nizigiyimana a été affecté à la 2e région militaire, lui était chauffeur. Les gens ont l’habitude de parler en bien d’un défunt, concède-t-il, mais pour le cas de ce colonel, ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est la réalité.
D’après lui, quand il le conduisait chez ses parents à Ngozi, ils dormaient sous le même toit, mangeaient ensemble. Selon lui, il le traitait comme son propre frère. La question qui reste aujourd’hui sur les lèvres ici dans la ville de Gitega, c’est de connaître la date des funérailles du défunt.
A Rusaka,on a massacré 8 innocents.
Tout près de Matana, une autre ambuscade a endeuillé le pays.
Maintenant 12 personnes sont fauchées à 19:20.
On fait des enquêtes et apparement on ne trouve pas les criminels.
Something is completely wrong.
Bravo pour ce travail d’investigation. Cependant « Par ailleurs, précisent nos sources, le camion qui avait été utilisé par les malfaiteurs pour barricader la route, a continué son chemin après le forfait vers Bujumbura » ; les occupants ou le conducteur de ce camion auraient-ils été interrogés ?
On voit deja la coloration ethnique. Des criminels, des anciens fab? Au burundi pululent des criminels que les villageois connaissent et cachent. Arretez l’hypocrisie et la chasse ethnique…