Le ministère de l’Energie et des Mines a revu à la hausse, mercredi 8 août, le prix de l’essence et du gasoil. Raison officielle : augmentation des tarifs sur le marché international. Argument qui ne convainc pas Léonidas Ndayizeye, professeur à l’Université du Burundi.
Les prix du litre de l’essence et du gasoil à la pompe sont passés respectivement de 2 250 BIF à 2 400 BIF et de 2 250 BIF à 2350 BIF, mercredi 8 août. Cette hausse des prix des carburants intervient après celle du 19 janvier dernier.
Dans un communiqué annonçant les nouveaux tarifs, le ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, a expliqué la révision des prix de l’essence et du gasoil par la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché international.
Il a indiqué que, depuis 19 janvier dernier, le prix de l’essence a augmenté de 33%, celui du gasoil 24%. Une hausse à laquelle le Burundi doit se conformer, a-t-il précisé.
Selon les tarifs de l’OPEP, à cette date, le baril de pétrole (159 litres) s’échangeait sur le marché international à 57 €. Le 8 août, un baril de pétrole s’obtenait à 59, 63 €, soit une hausse de 4%.
M. Manirakiza a souligné, par ailleurs, que le gouvernement fournit des efforts remarquables pour alléger le poids de la hausse des prix des carburants par diverses subventions. Le coût réel d’un litre d’essence devrait actuellement revenir à 2 603 BIF. Celui du gasoil serait de 2 530 BIF.
Du reste, il assure que les prix des produits pétroliers restent plus bas au Burundi comparativement à ceux appliqués dans les pays de la sous-région. Mais actuellement, un litre d’essence s’achète à 1,28 € au Burundi, 0, 82 € en Tanzanie, 0,9 € en Ouganda, 0,89 € au Kenya et 0, 99 € au Rwanda.
Dans la foulée, le prix du ticket de transport en commun a été augmenté de 5 % pour les bus à destination de l’intérieur du pays et faisant la navette dans les quartiers périphériques de la ville de Bujumbura. Pour ceux exerçant au centre-ville, il est passé de 380 BIF à 400 BIF.
Une hausse décriée
Noël Nkurunziza, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco), déplore le comportement du ministère dans la révision des prix des carburants : « Une telle mesure devrait être le résultat d’une large concertation. Elle aura des conséquences sur le quotidien des Burundais. » Elle va notamment entraîner la hausse du prix des denrées alimentaires.
M. Nkurunziza estime que pour compenser l’augmentation des tarifs sur le marché international, les autorités devraient prélever un certain montant sur les taxes perçues par litre au lieu de recourir à la hausse des prix à la pompe. « Les Burundais vivent dans de mauvaises conditions financières ».
Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, soutient que cette hausse vise à augmenter les taxes de l’Etat : « Le gouvernement prélève à peu près 40% du prix d’un litre à la pompe, soit actuellement 600 BIF.»
Il accuse le gouvernement de monopoliser le commerce des carburants en faveur de certaines compagnies, notamment la société Interpetrol. « Cela favorise la révision des prix à tout moment ». De surcroît, il observe que l’Etat favorise le transport des carburants par voie terrestre. « La voie lacustre serait moins chère de 40% que la voie routière».
Le président de l’Olucome demande au gouvernement de mettre en place un stock stratégique carburant pour stabiliser les prix des produits pétroliers.