Dimanche 01 septembre 2024

Editorial

Carburant. « Twariyakiriye »

31/08/2024 1

S’il y a une phrase la plus entendue ces derniers temps au Burundi, c’est bel et bien ’’Twariyakiriye’’, littéralement, c’est se contenter collectivement de ce que l’on a, du peu que l’on a ou du ce que l’on est, à défaut de ce que l’on désire.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Par les temps qui courent, pour certains, tout manque. L’heure est à l’austérité. Il faut tempérer les appétits. ’’Twariyakiriye’’, c’est toute une philosophie de vie, oscillant entre résilience et résignation.

Depuis plusieurs années, le Burundi vit au rythme de pénurie des produits pétroliers. Il traverse une crise du carburant qui, malheureusement, ne cesse de se détériorer ces deniers mois.

Cela paralyse énormément l’économie du pays déjà exsangue, mal en point. Les réponses données par certaines autorités quant aux causes ponctuelles ou profondes à l’origine de cette pénurie récurrente sont toujours accueillies par une salve de critiques. « Il y a incohérence, double langage, langage contradictoire, tâtonnement, promesses faites mais non tenues, … » Bref, un discours qui crée la confusion. Désorienté, désabusé, le public ne comprend pas ce qui se passe réellement dans ce secteur, celui qui doit rendre compte de façon exacte. La déception est palpable.

Lors des travaux communautaires à Musaga, en Mairie de Bujumbura le 12 août dernier, le Chef de l’Etat a annoncé que trois bateaux transportant le carburant à destination du Burundi étaient en route.

La population a poussé un ouf de soulagement. « Arararivumereye », mot magique pour les Burundais, signifiant que la parole du Chef est un acte sacré. L’annonce du président de la République a nourri, à juste titre, l’espoir. Sa parole semblait apaiser la population frappée de plein fouet par les conséquences tous azimuts découlant de cette sévère pénurie du carburant.

A l’instar du fameux, « Je vous ai compris » d’un De Gaulle, les Burundais ont cru à l’annonce du Chef, à ses promesses.  « Toute parole qui sort de la bouche du chef est sacré ».

Hélas, plus de deux semaines viennent de se passer sans que Godot n’arrive. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourtant, il l’avait annoncé ! » Ces interrogations, ces incompréhensions sont sur toutes les lèvres.

Certes, il peut y avoir des problèmes techniques ou d’autres défis qui sont à la base du retard de la livraison de ce carburant promis. Qui doit alors l’annoncer à l’opinion ? De toutes les façons, ce n’est pas le Chef de l’Etat.

Il a ses conseillers en communication « spin doctors », plusieurs institutions techniques sont en charge des produits pétroliers : ministères, la Société pétrolière du Burundi (SOPEBU), chargée de garantir l’approvisionnement en carburant. Comme le dit bien Simon Kururu dans son analyse dans les colonnes d’Iwacu « Carburant, un casse-tête », il y a un Premier ministre, des ministres en charge de l’Energie, du Commerce, des Finances, etc., qui devaient prendre les devants et servir de fusibles.

Qu’ils rompent l’omerta, expliquent, éclairent les Burundais, dans un langage clair, pourquoi le carburant annoncé n’est pas encore arrivé. Ce silence entretenu ne tempère pas les inquiétudes des Burundais, il renforce plutôt les rumeurs.

Ces cadres doivent s’assurer de bien connaître les raisons pour lesquelles ces promesses ont été faites. Ils doivent surtout éviter les contradictions, montrer l’unicité, éviter de créer une confusion au sein de la population qui semble déterminée à la résilience : « Twariyakiriye ! » Le terme est en vogue…

 

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Riraniga

    S’abord que font les porte paroles ou le ministre de la communication.
    Pourquoi un président fait il des annonces intenpestives?
    Dernièrement, il a fait sur les ondes de la RTNB une annonce fracassante sur un gisement providentiel de Kirundo.
    On saura plus tard que c’est un mirage.
    Le munistre des mines ne pipera aucun mot.
    What kind of country is Burundi?

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