Un canal est en cours d’aménagement à Carama, zone Kinama, en commune Ntahangwa. Cependant, certains habitants ne se font guère d’illusions.
Sur la route communément appelée « Kuri Abiri » séparant Carama en deux, les ouvriers, les ingénieurs sont à l’œuvre. Des camions de type benne y apportent des moellons, des cailloux, des graviers, etc. Les deux routes parallèles sont désormais séparées par un grand caniveau.
Un pont est en train d’être érigé à la jonction dudit caniveau et de la route Bujumbura-Muzinda. « Et ce, pour canaliser les eaux de la rivière Gasenyi et pluviales», a confié un des ingénieurs croisé sur place. Et de émettre que les travaux vont continuer jusque dans les rizières de Buhinyuza, à Kinama. Sur ce chantier, ceinturé par des tôles, plusieurs ouvriers s’y activent pour faire le ferraillage. D’autres installent des dalots.
« C’est une bonne chose. Nous espérons que les eaux ne vont plus nous envahir », se réjouit un habitant rencontré sur l’avenue Muka. En cas de pluie, il se rappelle que Carama devenait inhabitable. « En avril dernier, j’ai été obligé de passer la nuit dans un hôtel parce qu’il m’avait été impossible d’arriver à la maison. Toutes les avenues étaient inondées ».
Isaac, un autre homme du quartier, abonde dans le même sens : « A voir la largeur de ce canal, il y a lieu d’espérer que la rivière Gasenyi ne causera plus de dégâts. » Un taxi-vélo de Kinama se dit aussi satisfait : « En cas de pluie, la circulation sur la route Bujumbura-Muzinda était paralysée, ce qui affectait notre travail au quotidien.»
Néanmoins, d’autres sources sur place sont encore pessimistes. « Les travaux devaient commencer par les montagnes surplombant Bujumbura. Il fallait d’abord maîtriser la rivière Gasenyi à partir de là », analyse I.K., un habitant de Carama. Cet homme estime qu’il n’y a pas eu des études suffisantes avant ces travaux. « Vu la quantité d’eau provenant des montagnes, et les constructions désordonnées dans Gatunguru et Gahahe, il y aura beaucoup d’eau avec une forte pression ». Pour lui, ces aménagements devaient débuter par l’amont. « Dans ce cas, l’eau arriverait à Carama étant déjà maîtrisée avec une faible pression ». Un autre habitant juge que le pavage des avenues pourrait diminuer les cas d’inondation.
L’ABUTIP tranquillise
« A Carama, les travaux sont à 80% et la fin est prévue au plus tard fin octobre prochain », indique Catherine Bucumi Sommer, directrice générale de l’Agence burundaise pour la réalisation des travaux d’intérêt public (ABUTIP). Elle précise qu’ils s’étendront sur 2km et concernent également la protection de la station d’épuration de Buterere et la canalisation des rivières Nyabagere et Kinyankonge. Le budget y alloué est d’environ 8 millions de dollars américains.
Cette responsable affirme que les travaux de canalisation de la rivière Gasenyi commencent en aval de la RN1. Et d’annoncer qu’il est prévu un bassin de rétention d’eau entre Gahahe et Carama. « Sa fonction sera entre autres de diminuer la vitesse de l’eau ». D’autres ouvrages provisoires sont prévus en amont de la RN1 pour stopper les alluvions et grosses pierres charriées par la Gasenyi.
Une fois les travaux terminés, M. est convaincue que les inondations vont nettement diminuer, voire disparaître. Toutefois, elle reconnaît que le maintien en bon état des canalisations et du bassin de rétention sera déterminant. « A la fin des travaux, l’entretien des ouvrages sera confié aux communes », précise Mme Bucumi. Ces travaux sont exécutés dans le cadre du projet d’urgence pour la résilience des infrastructures (PURI) grâce à un don de l’Association Internationale de Développement (IDA).