Avec l’appui du PAM, certains établissements octroient des repas aux écoliers. Ce programme profite aux coopératives qui fournissent des vivres. Elles demandent le règlement des factures dans les délais.
Environ 600 mille écoliers bénéficient du programme cantines scolaires endogènes du PAM. Ils sont répartis dans 700 établissements situés dans 7 provinces identifiées comme des zones d’insécurité alimentaire. Notamment, les provinces Cibitoke et Kirundo. Le coût pour l’alimentation de chaque enfant est fixé à 36 dollars américains par an, c’est-à-dire plus de 21,6 millions de dollars américains pour tous les bénéficiaires. Ce projet est en cours depuis 2013.
Le programme des cantines scolaires endogènes consiste à améliorer l’accès et le maintien des élèves à l’école en leur fournissant des repas quotidiens. L’organisation du système éducatif est à double vacation. Ainsi, les écoliers qui étudient l’avant-midi en reçoivent aussitôt la sortie des classes. Pour ceux dont les cours sont programmés l’après-midi, ils en bénéficient avant le début des cours.
Chacun a droit au total à une ration de 203 g par jour. C’est 150 g de farine de maïs ou du riz, 40 g de haricot ou du petit pois, 10 g d’huile et 3 g du sel.
La nourriture est préparée par les parents. La direction les répartit et ils se relaient au jour le jour de la première jusqu’à la dernière équipe. En plus de la cuisine, ceux qui le peuvent contribuent à l’amélioration de la nourriture. Ils apportent des légumes, tels des choux, de l’amarante ou de l’ «isombe» (feuilles de manioc hachées très finement) à mélanger avec le haricot.
En plus, ce projet vise l’augmentation de la productivité et des revenus des petits exploitants en leur facilitant l’accès aux marchés. C’est d’ailleurs auprès de ces derniers, regroupés dans des coopératives, que le PAM s’approvisionne en vivres destinés aux cantines scolaires.
C’est à ce titre que la coopérative «Abajamugambi» basée en commune Rugombo de la province Cibitoke lui vend les produits, exclusivement du riz et du maïs. Chaque année, la commande est de 150 tonnes sauf en 2013, au début du programme, où elle était de 45 tonnes.
Les 77 membres, dont 51 femmes, de cette association sont unanimes quant à l’intérêt dont ils en tirent. Le partenariat avec le PAM leur a permis d’améliorer leurs conditions de vie. Kaloumé Rurimbo, enseignant à l’école primaire de Ruka I en commune Rugombo, témoigne qu’il est parvenu à se construire une maison en dur depuis le début de ce partenariat avec le PAM en 2014. Il supporte aussi les frais scolaires de deux de ses enfants étudiant dans des universités privés dans la ville de Bujumbura.
«Que la coopération soit pérennisée»
M. Rurimbo se dit satisfait du prix proposé par le PAM. Le prix d’un kg cette année est de 1500 Fbu contre 1200 Fbu au marché ordinaire. N’eût été le PAM, il leur serait difficile de décrocher un autre marché pour toute la quantité dont la coopérative dispose.
Augustin Havyarimana, vice-président de la coopérative, indique qu’ils ont entre autres bâti le bureau de la coopérative sur le terrain qu’ils ont acheté. Les membres ont également construit eux-mêmes deux des trois hangars de l’association. Cette dernière bénéficie aussi de la part du PAM de bâches et de silos, ceux-ci pouvant conserver, chacun, 500kg pendant neuf mois, etc.
Toutes ces réalisations ont été atteintes grâce aux retombées que la coopérative tire de ce partenariat. «Que la coopération soit pérennisée». L’Etat aussi en bénéficie par la voie des impôts.
Le hic, c’est que le PAM ne s’acquitte pas dans les délais des remboursements. «Après avoir fait les commandes, il tarde à les prendre et ainsi à payer les membres de la coopérative».
Cette question n’est pas inconnue à la représentation du PAM à Bujumbura. Selon Serigne Mbacke Loum, chargé des programmes, l’analyse de la qualité des produits commandés, un préalable avant la réception, prend du temps.
Il envisage de faire les analyses tôt, avant la commande. Cette anticipation devrait impliquer le règlement des factures à temps. En plus, le PAM prévoit de faire des transferts monétaires aux écoles et celles-ci devront passer elles-mêmes des commandes auprès des coopératives. Entre autres avantages, Mme Mbacke parle de la diminution des coûts liés à la manutention et au transport.
Diminution des cas d’abandon scolaire
D’après Silas Nsabimana, responsable de l’Ecole fondamentale de Cuzwe, bénéficiaire du programme de cantines scolaires endogènes, en commune Rugombo de la province Cibitoke, les écoliers ne s’absentent plus à l’école et n’arrivent pas généralement en retard en classe. «Ce programme des cantines les motive et les résultats sont palpables. Le taux de réussite est compris entre 75 et 78%». Il variait entre 58 et 60% avant le début de ce programme.
En plus, il parle d’une baisse des cas d’abandon scolaire. «Seul un écolier sur 380 que comptait l’établissement a abandonné l’école au cours de l’année scolaire 2017-2018». Il tient à préciser que même ce cas était dû à une maladie. M. Nsabimana demande que le programme des cantines scolaires soit organisé dans toutes les écoles au pays. Le cas échéant, le niveau serait rehaussé.
A cette école de Cuzwe, les membres des équipes de parents qui se relaient pour la préparation du repas voudraient aussi manger. Les enseignants de même. Certains de ces derniers restent à l’école pour aider les écoliers dans le nettoyage des mains, l’installation des écoliers, etc. Ainsi, ils estiment qu’ils devraient en retour avoir droit au repas.
Quant aux premiers, ils trouvent incompréhensibles qu’ils préparent le repas et qu’ils rentrent sans rien mettre sous la dent. Pascal Ndikumana, 23 ans, dont l’enfant étudie en 1ère année, rappelle qu’ils arrivent vers 6h pour retourner à la maison dans l’après-midi. «Nous avons introduit une demande pour que nous ayons droit aussi à la nourriture, nous attendons la suite».
Néanmoins, ils s’accordent tous à dire que ce programme est d’une grande importance. Quand ils vont cultiver, ils ne se pressent pas désormais de retourner à la maison. «S’il n’y avait pas le programme des cantines scolaires, cela ne serait pas le cas. Les parents doivent s’assurer, en plus des travaux champêtres, que les enfants vont avoir de quoi manger après être rentrés de l’école».
Pour rappel, les aides aux cantines scolaires sont comptabilisées uniquement en fonction du nombre d’écoliers bénéficiaires.
Le PAM prévoit d’intégrer les provinces qui accueillent des rapatriés, notamment Ruyigi, Cankuzo et Rutana, dans ce programme des cantines scolaires endogènes. Son objectif est d’atteindre 700 mille écoliers bénéficiaires en 2020.
Le monde dédie le 16 octobre de chaque année à la Journée internationale de l’alimentation.