Sur la colline Masango, les habitants s’approvisionnent dans des puits ou dans les rivières Gahumo et Mwiruzi. La qualité de cette eau laisse à désirer, pour une commune qui n’a même pas de centre de santé.
Il est 9 heures du matin. Nous sommes sur la colline Gahumo à la frontière burundo-tanzanienne. Beaucoup d’arbres entourent le poste frontalier qui sépare les deux pays. Dans la zone tampon se trouve la rivière Gahumo. C’est dans cette rivière que Burundais et Tanzaniens viennent s’approvisionner en « eau potable », si on peut parler ainsi : «Cette rivière nous aide énormément», soupirent les personnes trouvées sur place.
Dans la rivière, beaucoup d’activités s’y déroulent. Certaines personnes se baignent … en amont, tandis que d’autres puisent de l’eau en aval. Avec un haussement d’épaules, Vénentie Manirambona de la colline Gahumo indique qu’elle ne peut pas faire autrement. «Pour trouver de l’eau propre, il faut aller à Mugera ou se lever à 6 heures du matin avant que les baigneurs arrivent.»
Mugera ? C’est à une vingtaine de kilomètres de l’endroit …
En train de laver des habits, Sorine Saguye ne semble pas gênée par les éclaboussures d’eau causées par des enfants en train de jouer : « C’est cette eau que nous buvons et que nous utilisons dans la cuisson », souligne-t-elle, résignée. Sans être bouillie …
Selon Saïdi Ruzitiro, chef de la colline Masango, les habitants éloignés de cette rivière puisent l’eau dans des puits d’environ un mètre qu’ils ont creusés : « Ils en tirent une eau au goût bizarre, un peu gluante.» Et d’ajouter que les autorités communales sont au courant de ce problème depuis longtemps mais qu’elles ne font rien. Innocent Manirambona, conseiller technique chargé des questions administratives et sociales à Mishiha, reconnaît que la commune est au courant de ce problème : « Notre commune, avec l’aide du gouvernement, prévoit de construire 25 bornes fontaines dans toute la commune. » Sans préciser quand. « Il faudrait que le gouvernement aménage la source de Nyagonga car elle peut procurer de l’eau à toute la commune une fois construite », ajoute-t-il.
Un centre de santé ne serait pas de trop
Malgré la résignation de la population, cette situation n’est pas sans effet sur la santé des habitants des lieux. Sur la colline Masango par exemple, les cas de maladie liées à cette pénurie d’eau potable sont nombreuses. Dysenterie, choléra, etc : « Pendant la saison des pluies, c’est encore pire », précise le chef de colline.
Ce qui ajoute le drame au drame car pour atteindre un centre de santé burundais, il faut parcourir 10 à 20 kilomètres. Ils sont alors obligés d’aller, à 7km, au centre de santé de Murusagamba, district de Ngara en République de Tanzanie : «Mais les frais de soins de santé sont exorbitants. Parce que nous sommes des Burundais, nous devons payer avant toute consultation 5.000 Shillings tanzaniens (à peu près autant en Fbu). »
Ensuite, les frais de consultation varient entre 10.000 et 30.000 Shillings tanzaniens.
Mais pourquoi les habitants de Masango n’ont-ils pas droit à un centre de santé, se demandent les femmes puisant dans la Gahumo ? Réponse du chef de colline Ruzitiro : « Les autorités communales nous ont répondu qu’on doit atteindre l’effectif de 10.000 habitants pour en bénéficier. »
Ce n’est donc pas pour demain qu’il y aura un établissement sanitaire aux environs de Masango, la colline comptant pour le moment 4000 âmes.