Migrer en Tanzanie à la recherche d’un emploi est le rêve de nombreux jeunes chômeurs de la commune Cendajuru en province Cankuzo. Les autorités veulent créer des emplois sur place pour les retenir.
Samuel Nzeyimana, 24 ans, de la colline Kiruhura en commune de Cendajuru, raconte s’être rendu en Tanzanie à la recherche d’un emploi. Il assure que la plupart des jeunes de cette localité préfèrent aller en Tanzanie pour trouver un emploi.
Ils comptent, ensuite, revenir pour se construire des maisons et se lancer dans des activités génératrices de revenus.
Ce jeune homme, qui a été en Tanzanie, à plus de cinq reprises, raconte que la plupart d’entre eux font face à nombre de défis : « Au retour, des policiers du service d’immigration tanzanien nous dépouillent de tout ce que nous avons et nous revenons au pays les mains vides».
Et de conclure : « L’administration devrait créer des centres professionnels pour nous qui n’avons pas pu continuer les études et nous soutenir pour que nous puissions créer nos propres emplois. »
D’autres adolescents et jeunes hommes de cette même commune, située à l’est de la province Cankuzo, y vont par leur volonté, ou y sont acheminés par des « Abenyeji » ; des Burundais qui ont vécu en Tanzanie et qui font des mouvements entre ces deux pays.
D’après différentes sources, ces « Abenyeji » convainquent les jeunes garçons de 13 à 16 ans qu’ils vont leur trouver du boulot en Tanzanie. Arrivés là-bas, ces « Abenyeji » reçoivent au moins 50.000 shillings par individu.
Selon une source qui a requis l’anonymat, certains gardent les vaches des Tanzaniens dans les grandes forêts, d’autres labourent leurs terrains.
Un enseignant au lycée Muyaga, situé à 4 km du chef-lieu de la province Cankuzo, dira que quelques-uns de ses élèves lui ont confié qu’ils vont souvent en Tanzanie à la recherche d’un boulot pendant les vacances.
Des élèves en quête d’un avenir plus reluisant
Aloys Kitaburaza, point focal de la Fédération Nationale des Associations engagées dans le Domaine de l’Enfance (FENADEB) dans la commune Cendajuru, révèle que des élèves abandonnent les études pour se rendre en Tanzanie.
Selon lui, plus de 40 cas de mineurs acheminés vers la Tanzanie ont été enregistrés dans cinq collines de cette commune, en 2018. Et d’expliquer : « Leurs amis les trompent en leur disant qu’ils auront une vie meilleure, une fois en Tanzanie. »
Sur la seule colline de Busyana, 15 cas d’enfants acheminés en Tanzanie, après avoir été retirés de l’école par des trafiquants, ont été enregistrés en 2018.
Ce défenseur des droits de l’enfant dans cette commune, située à environ 15 km du chef-lieu de la province Cankuzo, fait savoir que 37 trafiquants ont été identifiés sur 8 collines parmi les 17 que compte la commune Cendajuru.
«26 mineurs sont revenus de la Tanzanie et plus de 7 présumés trafiquants ont été arrêtés puis emprisonnés grâce à la collaboration avec l’administration et la police. »
Que l’administration s’y implique davantage, poursuit-il, afin d’éradiquer complètement ce phénomène récurrent dans cette commune.
Léonidas Numa, 39 ans, père de 4 enfants, habite la colline Kiruhura. Il raconte que son fils a abandonné ses études, la semaine passée, pour se rendre en Tanzanie, grâce à l’appui d’un natif de cette commune. Ce dernier sera arrêté, puis emprisonné par la police et l’administration de la commune Cendajuru. Il sera libéré après s’être engagé devant l’administration et la police à retourner l’enfant le plus rapidement possible.
L’administration provinciale tranquillise
Pierre Claver Nakumuryango, conseiller principal du gouverneur de la province Cankuzo, confirme la réalité de cet exode de jeunes vers la Tanzanie à la recherche d’un emploi. Il fait savoir que la plupart d’entre eux se retrouvent dans les activités champêtres.
Des réunions de sensibilisation se tiennent régulièrement entre les administratifs à la base et la population pour encourager ces jeunes à travailler chez eux.
Ce conseiller du gouverneur dit que le résultat est positif, le nombre des élèves abandonnant leurs études pour se rendre en Tanzanie ayant sensiblement diminué en 2018.
Il signale également qu’au moins un centre d’enseignement des métiers a été créé dans chaque commune de la province Cankuzo pour que ces jeunes puissent avoir un emploi pour se développer et développer leur province.
M.Nakumuryango invite la population à se regrouper dans les associations pour lutter contre la pauvreté, une des causes majeures de ce phénomène. Et d’avertir ceux qui seront attrapés en train de convaincre la jeunesse d’abandonner les études pour se rendre en Tanzanie : « Ils seront punis conformément à la loi. »
Cet exode s’observe surtout dans les communes Cendajuru, Mishiha et Gisagara.