Dans la province de Cankuzo, des intimidations sur les professeurs grévistes sont signalés, notamment au lycée de Murore. Et faute de professeurs, c’est un seul surveillant qui opère pour plus de 200 élèves au collège Espoir de Cankuzo …
Le directeur du Lycée Murore, commune Gisagara en province Cankuzo, Sylvère Ngendabanyikwa est accusé d’intimider certains enseignants grévistes de ce lycée. Quatre professeurs ont déjà reçu des lettres les sommant de s’expliquer sur leur comportement de retirer au secrétariat de direction les questionnaires d’examens qu’ils avaient déposé avant le début de la grève. Pour Emmanuel Bakundimana, président du syndicat Conapes à Cankuzo, c’est une tentative désespérée afin de ramener les grévistes au travail. Il demande aux syndicalistes de rester unis, de faire face à ces intimidations. «La grève est légale et c’est un droit qui nous est conféré par la Constitution du Burundi», souligne-t-il.
D’après ces lettres de demande d’explication, le directeur du lycée assimile le comportement de ces quatre professeurs à un vol d’examens. De surcroît, il accuse ces professeurs d’avoir intimidé le secrétaire de direction. Mensonge, affabulation, répondent ces enseignants. D’après eux, c’est le secrétaire qui leur a apporté ces questionnaires dans la salle des professeurs.
Le directeur provincial de l’enseignement (DPE) indique qu’il n’est pas au courant de cette question. Mais des sources à Murore indiquent qu’après cet incident, le DPE s’est rendu sur les lieux après un appel du directeur. «Je suis allé au Lycée de Murore pour connaitre les professeurs qui sont en grève et ceux qui ne le sont pas», répond le DPE. Contacté, Sylvère Ngendabanyikwa, qui par ailleurs est en procès devant la Cour administrative après plainte de deux professeurs, n’a pas voulu nous répondre.
Une astuce pour casser le mouvement de grève
Au Collège Espoir de Cankuzo, affilié à l’Eglise pentecôte, le préfet des études a trouvé une autre parade pour faire passer l’examen. Ce mercredi 12 juin 2013, faute de surveillants qui sont en grève, il a réquisitionné une grande salle, à l’Eglise Pentecôte juste à côté. Il y a rassemblé les 236 élèves qui devaient passer l’examen, pour l’épreuve. Les cas de tricherie, on n’en parle pas : « Assis à trois, ce n’était pas quand même très difficile de jeter des coups d’œil chez le voisin», soulignent certains élèves avec un sourire.
Le directeur de l’école, Prudence Ndayumvire absent ce jour-là, dément. «Seules deux classes ont été combinées parce que le titulaire du cours ne s’était pas présenté.» Nous avons emprunté l’Eglise, poursuit-il, car aucune de nos salles ne peut contenir deux classes. Selon lui, la passation de l’examen s’est bien passée et les résultats compteront pour ce trimestre. Le président du Conapes à Cankuzo ne le voit pas du même œil. Pour lui, cet examen ne sera pas considéré vu les conditions dans lesquelles il s’est passé.