Entre lettres de demande d’explications ou de pardon, les enseignants de la province Cankuzo dénoncent des tentatives incessantes d’intimidation de la part des responsables de l’enseignement. Le directeur provincial est pointé du doigt …
A Cankuzo, les enseignants des deux syndicats en grève, Conapes et Steb, fustigent le comportement du directeur provincial de l’enseignement (DPE), Salvator Bigirimana. D’après eux, ce dernier ne cesse de les harceler depuis le début de la grève : « On dirait qu’on n’a plus le droit de faire la grève dans ce pays », indique un des enseignants en grève.
Ainsi, Salvator Bigirimana vient d’ordonner à tous les directeurs communaux de l’enseignement d’écrire des lettres de demande d’explications à tous les enseignants en grève. Ce qui n’a pas du tout plu à ces derniers, alors que le DPE indique qu’il a suivi les directives du ministre de l’Enseignement de base et secondaire, Rose Gahiru : « Leur grève est illégale. Nous considérons que ceux qui ne sont pas au travail sont des déserteurs. » Et de réitérer sa mise en garde des sanctions qui pèsent sur les enseignants qui refuseront de reprendre le travail.
Parler aux médias, c’est devenu une faute professionnelle
Après avoir signalé des tentatives d’intimidation en son encontre de la part du DPE, Prudence Mahungiro, enseignant à l’Ecole primaire de Mugozi en commune Cankuzo, a été sommée par ce responsable de lui écrire une lettre pour demander pardon d’avoir donné des informations aux médias : « Il m’a donné un délai de 5 jours pour cela », explique Prudence, qui ne voit pas la faute qu’il a commise : « Exprimer mes opinions, c’est mon droit », précise-t-il. Salvator Bigirimana n’est pas de cet avis. Pour lui, si cet enseignant a des problèmes au travail, il doit en discuter avec ses supérieurs au lieu d’appeler les médias : « C’est une question purement professionnelle entre l’employé et son employeur, qui ne concerne pas les journalistes ! »
A l’Ecole primaire Nyabisindu, on signale des enseignants non-grévistes qui sont en train de choisir des examens pour les classes de ceux qui ont suivi le mouvement de grève. Iwacu a tenté de joindre le directeur de cette école sans succès, alors que le président du Steb à Cankuzo trouve « inconcevable qu’un enseignant choisisse un examen pour une matière qu’il n’a pas enseigné. »