La participation des Intamba à la CAN 2019 au pays des Pharaons a ouvert une parenthèse enchantée, dans le quotidien des Burundais, le temps de ses deux matches en phase des poules.
Certains font face à une intolérance politique virant, dans certains cas, à la violence. D’autres grossissent les rangs des précaires. La classe moyenne fondant ainsi comme neige au soleil.
Les Burundais en tant que nation se portent bien. Le # Je suis Intamba# aurait pu circuler sur les réseaux sociaux tant les compatriotes de Rwagasore ne faisaient plus qu’un à la simple évocation de leur équipe nationale de football encore en lice.
L’élan patriotique n’était plus l’apanage des seuls vainqueurs sur un terrain d’une toute autre nature. Tous ceux ayant le kirundi, la culture burundaise et l’histoire du Burundi comme socle commun avaient voix au chapitre.
Mais quid des Burundais en tant que peuple? A contrario de la nation, le ressort du peuple est l’avenir. Comment édifier collectivement un Burundi qui réussit dans un contexte politique où le « vae victis » (malheur aux vaincus) est érigé en règle?
Quel projet d’envergure nationale emporte l’assentiment des Burundais, rallume le bouton espoir en un avenir meilleur, les passionnent, les amènent à regarder dans la même direction? « Rien de grand ne se fait sans passion », disait Gustave Flaubert.
Le peuple, un malade sans médecin traitant
Le plan national de développement(PND) sur la période 2018-2027? Serges Ngendakumana, coordinateur du bureau d’études stratégiques et de développement (BESD) à la présidence de la République, le considère comme émanant de « l’éternel ». Et de se prévaloir de l’aide de Dieu pour la réussite de leur pari. Pour autant, pour l’heure, ce « peuple élu » à l’ère numérique n’est pas parvenu à insuffler une énergie débordante et positive autour de ce PND « made in Burundi » par sa manière de parler et d’interagir avec les autres.
La solidarité est aussi un bon marqueur de la prise de conscience collective du partage d’un destin commun. Que font les premiers de cordée du monde politique et économique pour tirer les autres vers le haut, notamment les jeunes, « Burundi bw’ejo » (le Burundi de demain) ? Certains sont à même d’en inspirer d’autres en portant haut les couleurs du pays des mille et une collines. Mais ils sont souvent aux abonnés absents, lors d’une compétition régionale ou continentale pour manque de quelques billets verts.
Quand un large pan de la société se paupérise, les inégalités entre les possédants et les démunis se creusent, entamant ainsi la confiance envers les élites. Au reste, à l’instar des pauvres, les précaires deviennent prisonniers de la dictature du présent, seul importe le ici et maintenant. Le dernier mais non le moindre des coups de canif contre cette belle idée de faire peuple : le discrédit de la parole politique, les mots n’engagent plus.