Ils sont interdits d’accès aux résidences universitaires pour une période de deux mois, accusés d’avoir semé du désordre au campus dans la nuit du 15 au 16 octobre 2012. Pour eux, cette décision cache des raisons obscures.
<doc5949|left>Depuis le 31 octobre 2012, 24 étudiants n’ont aucun droit de bénéficier des services sociaux pour avoir causé du désordre. A l’origine, une distribution d’environ 160 de matelas qui aurait mal tourné. Elle devait être faite dans la soirée du 15 au 16 octobre, mais a été reportée le lendemain pour éviter des heurts entre étudiants. Les 24 étudiants sont pointés du doigt dans un rapport établi par le représentant des étudiants à Kiriri.
Selon ce dernier, cette distribution était attendue avec impatience par les nouveaux étudiants, car c’est l’aboutissement d’un long processus de négociations marquées par plusieurs imprévus entre la régie des œuvres universitaires et la représentation des étudiants. Au début, racontent-ils, plus de 247 matelas dont 87 neufs étaient destinés aux 236 nouveaux arrivants dans les résidences universitaires du campus Kiriri, mais des anciens ont saisi l’occasion pour en réclamer. D’autant qu’ils dorment sur de vieux matelas et qu’ils sont en nombre insuffisant. Les tractations ont alors commencé et plus d’une quarantaine sont concédés à quelques anciens, ce qui a fait des mécontents.
Le jour de la distribution, les mécontents érigent une barricade devant la porte où étaient stockés ces matelas. Deux blocs se font face. « De justesse, il n’y a pas eu d’affrontements. Nous les avons calmés, mais cela a pris du temps », reconnaît Ernest Niyungeko, parmi les expulsés. Mais la distribution est reportée au lendemain. N’ayant d’autre choix, les 236 étudiants sont contraints de passer la nuit à la belle étoile.
5 étudiants malmenés et un autre passé à tabac
Au cours de cette nuit, ceux qui osaient passer à coté du groupe, étaient obligés de rester avec eux. «Quand on use de la force pour obliger quelqu’un à rester avec vous, c’est tout simplement une prise en otage», affirme Badian Filbert Emeri, commissaire représentant du campus Kiriri, tout en précisant que 5 étudiants ont été malmenés et un autre passé à tabac, cette nuit là. Ernest Niyungeko réfute ces allégations. Selon lui, il n’y a pas eu de désordre sans toutefois nier que des étudiants, sans le vouloir, ont passé cette nuit avec eux.
A son sens, l’histoire des matelas n’est qu’un prétexte. Il estime que cette décision du directeur de la régie des œuvres universitaires cache d’autres raisons : «Nous pensons à une machination de notre représentant. Il a mis sur la liste des éléments gênants, les curieux qui voulaient en savoir plus sur la gestion des cotisations faites par les étudiants. » Et de signaler que certains noms n’existent pas. Du reste, Ernest Niyungeko considère que la procédure d’établissement dudit rapport n’a pas suivi la voie normale, car les délégués ont été mis à l’écart.
« Ils devraient être punis sévèrement »
Badian Filbert Emeri réfute toutes ces allégations. Il estime que « certains étudiants confondent les rôles du comité exécutif avec celui du bureau du conseil des délégués et celui du comité de régulation.» Pour ce qui des noms fictifs, il reconnaît qu’il y a eu des erreurs de frappe, sinon tous ceux qui se trouvent sur cette liste, sont des étudiants du campus Kiriri et méritent la sanction infligée. Et d’ajouter que leur punition aurait dû être plus sévère pour servir d’exemple aux autres étudiants. Badian Filbert Emeri estime, en outre, que la gestion des cotisations se fait de manière transparente. « S’ils ont des doutes sur quoi que ce soit, les portes du service de la représentation leur sont ouvertes », conclut-il.