Lundi 23 décembre 2024

Politique

Campagne nationale contre les violences basées sur le genre : il y a encore du travail

27/11/2013 Commentaires fermés sur Campagne nationale contre les violences basées sur le genre : il y a encore du travail

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé, ce lundi 25 novembre 2013, la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Dans le camp des refugiés congolais de Bwagiriza, de même que dans toute la province de Ruyigi, la situation est alarmante.

Une marche de soutien aux victimes des violences faites aux femmes a été organisée au Camp de Bwagiriza ©Iwacu
Une marche de soutien aux victimes des violences faites aux femmes a été organisée au Camp de Bwagiriza ©Iwacu

«Les violences en milieu scolaire ne concernent pas seulement le HCR, les professeurs, la police ou les élèves. C’est une affaire de tout le monde.», lance Jérôme Merlin, chef de Bureau HCR à Ruyigi, lors de l’ouverture, au Camp de Bwagiriza, de cette campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Le thème de cette année, pour le HCR et ses partenaires, étant «Elèves et enseignants unis pour zéro violence à l’école.» Dans ce camp de plus de 9000 réfugiés, les violences basées sur le genre sont très fréquentes. En l’occurrence, les viols, les mariages forcés et précoces, les violences économiques, etc.

D’après les chiffres de l’International Rescue Committee (IRC), partenaire du HCR, on enregistre plus ou moins 25 viols chaque année et les agressions sexuelles varient entre 10 et 15 cas par an. L’IRC dénombre plus de 150 cas de violences économiques par an et la moitié concerne le déni de ressources dans la mesure où le responsable du jeton d’alimentation est la femme. Ce qui occasionne en partie des violences psychologiques (60 à 70 cas chaque année) et des agressions physiques (20 à 25 cas). En 2012, l’IRC a dénombré environs 16 cas de mariages précoces de jeunes de moins de 15 ans. Et 170 cas de mariages forcés à cause notamment d’une coutume des Banyamulenge appelée «Kubombora» (un jeune homme enlève de force une jeune fille et l’amène chez lui pour l’épouser).  Cette année, 6 cas de grossesses de mineurs sont déjà enregistrés. Mais, d’après les travailleurs de cette ONG, il ya des cas que familles préfèrent passer sous silence.

En dehors de ce camp, les violences basées sur le genre sont aussi légion

Les chiffres fournis par le Centre de développement familial et Communautaire (CDFC) donnent le tournis. De janvier à octobre, ce centre signale 47 femmes et 8 mineures violées dans toute la province. 100 femmes, 26 hommes et 2 mineurs ont été agressés physiquement et 229 femmes et 153 hommes ont subi des violences psychologiques. Pendant ce temps, des violences économiques ont affecté environs 200 femmes, 42 hommes et 24 mineurs. Toutefois, ce centre signale que ces cas ne sont pas exhaustifs. Beaucoup de cas restent inconnus. Cependant, il relève une note positive dans cette tragédie. Les citoyens commencent à dénoncer ce genre de violences.

Isaac Sabuwanka, procureur de la République à Ruyigi, relève quelques défis pour instruire les dossiers en rapport avec les violences sexuelles. Selon lui, le parquet est, dans la plupart des cas, confronté à un manque de preuves. De plus, les victimes doivent eux-mêmes payer l’expertise médicale alors qu’elles n’ont pas de moyens. «Les officiers du ministère public recourent rarement à la contre-expertise car les dossiers leur parviennent tardivement.» Les arrangements à l’amiable posent aussi problème et la peur des représailles fait que les témoins se rétractent quand vient le moment de témoigner.

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