Vendredi 27 décembre 2024

Politique

Campagne différemment perçue

14/05/2018 Commentaires fermés sur Campagne différemment perçue
Campagne différemment perçue

La campagne du oui ou du non à la révision constitutionnelle bat son plein. Alors que certains saluent le bon déroulement du processus, d’autres parlent de campagne émaillée d’intimidations.

Mabanda : Imbonerakure, des véritables faiseurs de loi


Depuis le début de la campagne référendaire, cette jeunesse affiliée au parti au pouvoir règne en maître absolu. Vendredi 4 mai, elle a ordonné aux commerçants du marché de Mabanda de fermer leurs échopes et d’aller assister au meeting.

Ce jour, Evariste Ndayishimiye, secrétaire général national du Cndd-Fdd y bat campagne. Son 2ème meeting après celui de Mpingakayove (Rutana), la veille. C’est une journée donc un peu chargée pour toute son équipe. Cela, d’autant qu’après ce détour dans la province Rutana ( le gouverneur est issu de la coalition Amizero y’Abarundi), elle a  intérêt de se regonfler à bloc pour rafler tout l’électorat de Makamba.

« Faire table rase à Makamba, c’est la consigne. Autrement, l’issue du vote risquerait d’être incertaine avec le penchant des électeurs de Rutana pour Rwasa », glisse un membre de son équipe.

Aux environs de 10h, les gens commencent à affluer au petit stade de Mabanda, prévu pour accueillir le meeting. Derrière leurs regards impassibles, tout laisse croire qu’ils viennent de leur propre volonté .Une toute autre réalité en approchant le marché de Mabanda.

Souvent bondé tous les vendredis, le marché est désert. Toutes les échopes sont fermées. Sur l’ordre des Imbonerakure, tous les vendeurs et commerçants ont été sommés de vider les lieux. « Allez respirer l’air d’un Burundi nouveau », leur ont-ils intimé.

Ceci, à leur grande incompréhension. « C’est aberrant parce que ce n’est pas tout le monde qui est du Cndd-Fdd », s’agacent certains d’entre eux. I.N., un commerçant de ciment et matériaux de construction n’y va pas du dos de la cuillère : « Où est-il écrit qu’on doit assister à leurs meetings. Si c’est une journée chômée pour eux, l’administration devrait leur rappeler que la commune fonctionne grâce à nos taxes et impôts ou carrément nous en exempter ».

Des commerçants désemparés

: Les échopes du marché de Mabanda fermées de force par la jeunesse affiliée au parti au pouvoir.

Même rengaine que C.N., un vendeur d’aliments pour le bétail (tourteaux). Très en colère, il n’en revient pas que des gens, sous le seul prétexte d’appartenir au parti au pouvoir, puissent paralyser la vie de toute une commune. « Aujourd’hui, c’est nous, qui ne sait pas que demain, ça sera le tour des banques ou hôpitaux ? », s’interroge-t-il. Avant de lâcher : « Le gouvernement doit sévir, autrement c’est un autre gouvernement qui va s’ériger dans un autre ».

A l’instant même, à l’autre bout de la route qui mène au marché, dans le quartier dit Ubushushe (réputé concentrer des “récalcitrants (ibipinga), la fortune sera tout autre pour les tenanciers de petits restaurants et bars’’. En un clignement des yeux, ces Imbonerakure, habillés de tee-shirts rouges ne tardent pas à se mettre en évidence .A coup de bâtons, ils vont sommer ces tenanciers de fermer leurs boutiques et rejoindre les autres au stade. Par chance, aucun d’entre eux ne sera battu, mais, deux écoperont d’une amende de 20.000 Fbu.

Interrogée sur ces agitations, Laetitia Niyonkuru administrateur communal de Mabanda nie avoir eu connaissance des faits. «Aucun commerçant n’est venu se plaindre, sinon, on aurait puni avec la plus grande fermeté ces fauteurs de troubles ».

Mme Niyonkuru fait savoir qu’outre le manque à gagner à la commune, chaque Burundais a droit de jouir de ses libertés d’opinions, d’être membre du parti politique de son choix. Et de d’appeler : « Quiconque sera témoin de pareils agissements la prochaine fois, qu’il avertisse les autorités compétentes. Parce qu’il ne doit pas y avoir des sanctions de deux poids, deux mesures.»

Par Hervé Mugisha


Le président du Sénat prêche pour l’amendement de la Constitution

Le président de la chambre haute du Parlement s’est rendu dans les provinces Mwaro, Bujumbura et Bubanza pour exhorter ses concitoyens à « voter oui pour la paix et l’unité entre les Burundais ».

Révérien Ndikuriyo : « Les Burundais doivent montrer aux étrangers qu’ils sont responsables de leur sort en votant oui pour la nouvelle Constitution. »

Deuxième jour de la campagne, jeudi 3 mai 2018. Il est 11h sur le terrain du marché de Rusaka, dans la province Mwaro. Les préparatifs vont bon train, la musique du parti Cndd-Fdd accueille les visiteurs venant des différents coins de la province. Hormis ceux qui s’occupent des préparatifs, qui sont nombreux, les gens viennent au compte-gouttes.

Vers midi, le président du Sénat arrive accompagné d’autres hautes personnalités du pays, comme Evelyne Butoyi, ministre de la Jeunesse, Jean Marie Niyokindi, ministre du Commerce, et Gabriel Ntisezerana, ex- président du Sénat. Jusque-là, les gens ne sont pas nombreux, mais des véhicules Fuso continuent à arriver remplis de gens de tout âge, femmes, jeunes, enfants. Ils fredonnent les chansons du parti au pouvoir.

Hymne national, prière et hymne du parti débutent les cérémonies de lancement officiel de la campagne référendaire dans la province Mwaro. Révérien Ndikuriyo, président du Sénat, appelle la population à voter oui pour la nouvelle Constitution. « Les Burundais doivent montrer aux étrangers qu’ils sont responsables de leur sort en votant oui pour la nouvelle Constitution. »

Au troisième jour de la campagne référendaire, les Bagumyabanga se rassemblent sur le terrain de la commune Nyabiraba, en province Bujumbura. En bas de l’école fondamentale, des tentes sont construites, les couleurs et drapeaux du Cndd-Fdd ornent le terrain.

A midi passé de quelques minutes, le président du Sénat arborant un t-shirt blanc frappé de la consigne « Tora Ego » arrive. Le terrain grouille de monde, même les élèves de l’ECOFO, à proximité du terrain, ne sont plus dans les classes. Danses, jeux et sketches pour non seulement agrémenter la journée, mais aussi appeler la population à voter « oui » pour la nouvelle Constitution.

«Une opportunité pour prendre notre destin en main »

Le président du Sénat, après avoir expliqué quelques points et articles amendés, s’est focalisé sur l’indépendance et la valorisation du peuple : « Cette nouvelle Constitution est le résultat d’un sondage d’opinions du peuple burundais. Après des années de colonisation et de prise de décision par autrui, ceci est une opportunité pour prendre notre destin en main. Ne la ratez pas, votez oui.»

Samedi 5mai. Le ciel est nuageux. Dans un terrain, au milieu des arbres de la forêt de la zone Ruce, en commune Rugazi de la province de Bubanza, des militants du parti Cndd-Fdd érigent des tentes, d’autres installent des banderoles. Des militants en uniforme du parti au pouvoir arrivent sur le terrain. Des groupes de jeunes filles en uniforme préparent des danses.

Le président du Sénat arrive, vers 13h, accompagné de quelques hautes autorités du pays, surtout des natifs de la province Bubanza. Il sensibilise la population présente à voter oui à la nouvelle Constitution. « Votez oui pour la paix et l’unité entre les Burundais ».

N.A., quinquagénaire arborant un t-shirt blanc au label «TORA EGO », assure qu’il votera oui parce que la nouvelle Constitution amènera la paix.

Une autre habitante de la zone Ruce semble ignorer ce qui se passe : « Je voterai pour le président Pierre Nkurunziza, lui qui a fait que je dorme tranquille dans ma maison.»

Par Bella Lucia Nininahazwe


« Votez oui pour mettre fin au désordre dans les institutions »

La délégation du parti CNDD-FDD dirigée par le secrétaire général adjoint de ce parti a battu campagne dans les provinces de Cankuzo, Ruyigi, Muyinga et Kirundo. Les habitants de ces provinces ont été appelés à voter « oui ».

Des partisans du parti Cndd-Fdd lèvent la main pour confirmer qu’ils vont voter « oui ».

Jeudi 3 mai, commune Gisuru, province Ruyigi. La délégation du parti CNDD-FDD a fait le déplacement pour battre campagne. Elle est composée par le secrétaire général adjoint du parti Joseph Ntakarutimana, le commissaire chargé du développement au sein de ce parti, Emmanuel Sinzohagera, Zénon Ndaruvukanye trésorier du parti ainsi que la première vice-présidente du sénat, Spès-Caritas Njebarikanuye.

Des partisans de ce parti ont été mobilisés. Une foule de gens venus de tous les coins de la commune Gisuru ont répondu présents. La campagne est dirigée par le secrétaire général adjoint du parti.

A l’arrivée de la délégation, le modérateur exige de tous les participants de se lever pour applaudir. Tous scandent des chansons et esquissent des pas de danse. Ils confirment vouloir voter « oui » au référendum constitutionnel « Tuzoritora ibwirizwa nshingiro, Tuzoritora» (Nous allons voter pour la Constitution, Nous allons voter pour la Constitution).

Dans son discours, le secrétaire général adjoint du parti au pouvoir appelle ceux qui étaient présents de voter « oui » pour la révision de la Constitution. D’après Joseph Ntakarutimana, des dispositions du projet de la nouvelle Constitution vont mettre fin au désordre dans les institutions. Il déplore que la Constitution actuelle permette aux politiciens qui n’ont pas gagné les élections d’occuper des postes dans le gouvernement. « Avec la nouvelle Constitution, le président de la République mettra en place un gouvernement comme il le souhaite. Nous avons constaté que ces ministres qui n’ont pas gagné les élections ne font que ralentir le gouvernement ».

La même délégation s’est rendue dans la commune Mishiha en province Cankuzo le vendredi le 4 Mai. Des habitants de la localité composés des Bagumyabanga sont également venus suivre la campagne. « Il faut que tous les bagumyabanga aient déjà terminé de voter « oui » le 17 mai à 10h, » a recommandé le secrétaire général adjoint du parti Cndd-Fdd.

« Nous sommes prêts à voter pour la révision de la Constitution »

De son côté, Emmanuel Sinzohagera, le chargé du développement au sein de ce parti affirme qu’il faut changer la Constitution pour clôturer le combat de ce parti. « La dernière fois que le peuple a été associé dans la mise en place de la Constitution c’était en 1992. Celle de 2005 ne concernait que les politiciens ». Il ajoute qu’en combattant, le parti Cndd-Fdd avait également l’objectif de mettre en place une Constitution votée par la population elle-même.

Le même discours qui appelle la population à voter oui a été prononcé devant une foule de gens qui étaient présents lors de la campagne référendaire qui a eu lieu dans les provinces de Muyinga et Kirundo.

Par ailleurs, des habitants qui étaient sur place affirment être déterminés à voter « oui ». Ils précisent que l’avantage de la révision de la Constitution est que les burundais vont vraiment devenir indépendants.

«Je vais voter oui à 100 pourcent pour que la population soit indépendante. Si non, avec la Constitution en place, le Burundi est dirigé par les colons », précise-un sympathisant du parti au pouvoir.

Ces sympathisants du parti au pouvoir contactés appellent leurs concitoyens de voter « oui » pour la révision de la constitution.

Par Christine Kamikazi


Une campagne excitante en attente du jour J


Les ténors du parti au pouvoir se sont dispatchés dans les 4 coins du pays. Ils appellent les Burundais à voter pour la révision de la Constitution. Au centre, Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale a insisté sur les motivations des amendements.

Des jeunes Imbonerakure bloquent les sorties du stade de Muremera lors du meeting.

Jeudi 3 mai. Zone et commune Buhiga de la province Karusi. La campagne référendaire s’ouvre par une manifestation des Imbonerakure vers 9h45. Ils sont venus des 5 communes qui constituent la province. Des chansons à la gloire du parti et du président Nkurunziza se succèdent les unes après les autres. Ces jeunes du parti au pouvoir marchent vers le terrain de la zone. C’est là qu’ils vont rejoindre les autres militants du Cndd-Fdd. Ils attendront ensemble l’arrivée de Pascal Nyabenda et de Joseph Butore, respectivement président de l’Assemblée nationale et Deuxième vice-président de la République.

Ils sont nombreux, de tous âges, certains présents par contrainte. Les marchés de Karusi et de Buhiga sont en effet fermés, certains établissements d’enseignement fondamental et post-fondamental, également. «Comment pouvions-nous rester en classe avec ce bruit?», s’exclame une élève de l’école fondamentale Buhiga I. Cette dernière se situe tout près du terrain où se tenait le meeting.

«Nous avons été contraints de fermer. Certains sont ici, d’autres sont rentrés», lâche un autre élève du lycée communal Buhiga. Tous leurs enseignants participent à la campagne. Les élèves se sont présentés au cours comme à l’accoutumée. Cependant, le directeur leur a dit qu’ «il n’y a pas de cours, vous allez suivre aussi la campagne». Et d’indiquer que tout le monde n’a pas obtempéré : «Pas mal d’élèves sont retournés chez eux». Des informations confirmées sous anonymat par un directeur d’un autre établissement établi au chef-lieu de la commune.

Les autorités se font beaucoup attendre. Les militants font le poireau. Entre temps, le maître des cérémonies donne les consignes du vote : «Où apposerez-vous votre signature ?», lance-t-il aux Bagumyabanga. «Dans le rectangle devant le Ego (le oui)», répliquent-ils en masse. C’est le mot du jour. Ils le répèteront sans cesse. Des chansons et danses avec le même message dissiperont la fatigue.

«Le quinquennat ne suffisait pas »

Les autorités tant attendues débarquent enfin. Des personnalités natives de la province Karusi dont des parlementaires et le ministre de l’Enseignement supérieur les accueillent. Il est 12h20.

Dans son discours, Joseph Butore insistera sur la souveraineté des Burundais à modifier leur Constitution. «Le changement de la Loi fondamentale implique l’affirmation de son indépendance, refus du mépris et l’oppression des colonisateurs». Avant d’indiquer que la Constitution soumise au référendum obéit aux préoccupations du peuple burundais.

De son côté, Pascal Nyabenda donnera quelques raisons qui motivent l’amendement de la Constitution actuelle. Selon lui, cette dernière consacre des dysfonctionnements institutionnels.

A titre d’exemple, le président n’a pas la latitude de nommer des ministres selon ses choix. «Ils lui sont imposés par les partis politiques». M. Nyabenda soutient que ces derniers peuvent mettre à mal l’exécution du programme pour lequel le chef de l’Etat a été élu. «Ces ministres obéissent à leurs formations politiques d’origine au détriment de l’intérêt général de l’Etat».

En outre, le président de la chambre basse du Parlement parle de la nécessité d’élargir le mandat présidentiel pour permettre au chef de l’Etat d’accomplir son programme. «Un quinquennat ne suffisait pas. La 1ere année était pour la mise en place des institutions. Et la dernière, celle de préparation des prochaines élections». Les autres organes comme le Sénat et l’Assemblée nationale maintiennent un mandat de 5 ans. «Cette inégalité des mandats permettra d’éviter un éventuel vide institutionnel»

Ngozi : une mobilisation contre les attentes

Le stade de Muremera brille en couleurs le vendredi 4 mai aux environs de 10h. Le décor est sans égal. Des drapeaux du Cndd-Fdd soigneusement placés tout autour du terrain, des véhicules munis de fanions du parti et couverts de banderoles avec le même motif : Tora Ego (Voter oui). Une grande procession est attendue à ce terrain. Elle arrivera vers 11h mais d’aucuns s’étonnera d’un effectif plutôt contre les attentes. Tout le monde s’accordera à dire qu’ils n’ont pas répondu au rendez-vous aussi nombreux qu’on le pensait.

Ceux qui entreront au terrain se verront alors refusés le droit de sortir. Quelques militants du parti font barrière à l’entrée pour empêcher les sorties. «Voudriez-vous que l’on pense à un boycott de nos activités ? Mardi vous étiez nombreux à la fête du travail, ce terrain était plein. Seulement qui veulent entrer entrent, vous ne sortez pas», intime l’un d’eux à quelques personnes qui s’approchent pour sortir. Un vieil homme, la soixantaine, supplie en vain pour qu’ «il aille faire son petit besoin».

Après avoir donné les raisons à la base de la révision de la Constitution (les mêmes que celles de Karusi), Pascal Nyabenda exhortera les habitants de Ngozi d’être vigilants dans cette période. «Vérifiez à chaque fois l’identité de ceux qui viennent battre campagne chez vous. Demandez leur appartenance politique.» D’après lui, ceux qui le font sont des membres des partis politiques ou des indépendants. «Qu’il n’y ait pas qui vous dise qu’il est là en qualité de premier vice-président de l’Assemblée nationale».

Pour rappel, deux jours avant, Agathon Rwasa, premier vice-président de l’Assemblée nationale appelait à voter non à la révision de la constitution, à la même tribune.

Un dévouement dans l’ignorance

Certains militants qui ont répondu présent à la campagne confient qu’ils voteront ‘‘oui’’ à la révision de la constitution. Néanmoins, ils affirment qu’ils ignorent le contenu des deux lois fondamentales.

«Je ne sais pas lire et personne ne m’a expliqué le contenu des deux et les amendements qui font polémique. Mais je dois suivre la consigne de ceux qui me dirigent», témoigne sous anonymat, un militant du parti qui était venu de la colline Rusagara en commune Gitaramuka de la province Karusi.

« Je n’ai rien compris de ce qu’il vient d’expliquer. Mais je ne te dirais pas que je voterai contre la révision de la constitution», soutient un homme, la cinquantaine, tout sourire, au stade de Muremera à Ngozi. Il est un élu collinaire sur une des collines de la commune Tangara. Il estime que grâce à la nouvelle constitution, le coût du café s’élèvera. «Notre café ne nous rapportait plus rien à cause de cette loi fondamentale.»

Soulignons que Pascal Nyabenda s’est également rendu samedi 5 mai en commune Muhanga de la province de Kayanza ou la foule était nombreuse. Il a tenu à saluer la mobilisation. La campagne référendaire sera clôturée le 14 mai prochain.

Par Edouard Nkurunziza


Coalition Amizero y’Abarundi : un début apaisé, mais une suite émaillée d’incidents


Après la première journée, la campagne référendaire pour la coalition Amizero y’Abarundi a été entachée d’irrégularités. Certains militants ont été empêchés d’atteindre les lieux du meeting.

Agathon Rwasa saluant les militants à son arrivée à Kayanza.

Les espoirs de la coalition d’une campagne référendaire apaisée se sont vite dissipés. Dans la province Muyinga, les incidents se sont produits dans les différentes communes lors du meeting du 3 mai. Selon Pamphile Malayika, député élu dans cette circonscription, certains militants, en provenance de la commune Mwakiro, ont été empêchés de monter dans le camion « Fuso » par des Imbonerakure.

Le transport des militants a été aussi perturbé dans la commune Butihinda. En effet, le propriétaire du véhicule, membre du Cndd- Fdd, a intimé l’ordre à son chauffeur de rebrousser chemin. Pour le seul motif que son véhicule ne peut pas transporter ses adversaires politiques.

A Gasorwe, deux militants rentrant du meeting se sont vu dépouillés de leurs cartes d’identité et récépissés par les Imbonerakure. « Comment ces militants vont aller voter sans leurs documents ? », s’interroge le député.
Par ailleurs, les mêmes incidents ont été signalés dans les communes de Busoni et Bugabira où les militants ont été empêchés d’aller au chef-lieu de la province Kirundo. Cet élu du peuple déplore ces agissements et en appelle à la tolérance politique. Et de conseiller aux partisans du « non » de ne pas verser dans la provocation et d’éviter des heurts.

Les incidents se multiplient

A la troisième journée de la campagne référendaire, des menaces et des intimidations ont été signalées dans la province Kayanza. Selon Léopold Hakizimana, député élu dans cette circonscription, les militants d’Amizero y’Abarundi ont été empêchés d’embarquer dans les camions « Fuso » par les agents de l’ordre. Selon la police, ces véhicules ne sont pas autorisés à transporter des personnes. Dans les communes de Gatara et Butaganzwa, les jeunes Imbonerakure ont érigé des barricades. Ils exigeaient à tout militant de la coalition d’exhiber sa carte d’identité. Ceux qui n’en avaient pas ont fait demi-tour.

Un sexagénaire, qui a pu tromper la vigilance des Imbonerakure se veut déterminé. « J’ai vu les Imbonerakure et j’ai emprunté un autre chemin. Qu’on nous empêche d’aller au meeting ou pas, nous sommes au courant de l’appel lancé par notre leader. »

N.B, est lui aussi parvenu à passer dans les mailles du filet et a atteint le lieu du meeting. «Pour moi, voter Non, c’est désavouer les dispositions qui excluent notre coalition», confie-t-il.

D’autres militants, en provenance de Ngozi, ont été obligés de descendre du véhicule qui les transportait vers Kayanza. Arrivés dans la localité appelée Rukeco, témoigne B.G, le propriétaire du véhicule a intimé l’ordre au chauffeur de ramener son véhicule « qui ne peut pas transporter les gens qui voteront Non. » Certains ont été obligés de prendre des taxis vélos et d’autres de marcher à pieds. Le propriétaire du véhicule ne nie pas les faits.

Sur le lieu du meeting à Kayanza, des policiers ont été surpris en train de prendre des images en cachette. Inquiétude des militants : «Ils identifient les personnes ayant participé au meeting, ils pourraient s’en servir pour opérer des arrestations.»

Pierre Célestin Ndikumana, le président du groupe parlementaire de la Coalition Amizero y’Abarundi lui aussi dénonce ces intimidations et les menaces envers les militants. Il déplore des cas d’arrestations. «15 personnes ont été arrêtées ce dimanche 6 avril dans la commune Mutambu, province Bujumbura, soupçonnées de battre campagne pour le Non ». Il précise que ces personnes étaient en réunion pour préparer la campagne du Non. «Nous sommes dans la campagne du Non et du Oui. Personne ne doit être victime de sa conviction politique ». Le député s’insurge également contre l’attitude des membres de certains partis politiques qui perturbent leur rassemblement. Cela s’est passé le dimanche 6 mai, à Kirombwe, commune Kanyosha de la province Bujumbura. Il pointe du doigt les militants du parti FNL.

Une politique de deux poids, deux mesures

Agathon Rwasa, président d’Amizero y’Abarundi dénonce le comportement des policiers et des Imbonerakure. Et de s’interroger : « Quand les militants du parti au pouvoir font leurs manifestations à Muruta ou ailleurs, quel moyen de transport empruntent-ils pour se déplacer ? ». Et d’ajouter qu’on ne peut pas avoir des bus pouvant contenir tous les militants. «C’est une politique de deux poids deux mesures. Une attitude discriminatoire ». Contacté, la police de sécurité routière n’a pas voulu s’exprimer.

Pour les policiers qui prenaient les images en cachette, le député Rwasa les a invités à travailler dans la transparence. «Venez à côté d’autres journalistes et filmez tout ce que vous voulez ».Toutefois, il n’a pas manqué de les mettre en garde : « Si dans le cas contraire vous prenez des images en vue de pourchasser nos membres, nous alerterons l’opinion comme nous le faisons souvent.» Les hommes en ténue ont fini par s’éloigner de la foule. Quant aux agissements des Imbonerakure, le leader historique des FNL les exhorte à changer de comportement et même de « voter non » pour sortir de l’obscurantisme dans lequel ils ont été plongés.

Signalons qu’à la troisième journée de la campagne référendaire, la coalition Amizero y’Abarundi a battu campagne dans les provinces Kayanza et Muramvya. Partout, le modus operendi est le même. Les campagnes débutent par une marche manifestation. Les partisans de «Oya» sillonnent les rues avant de rejoindre le lieu du meeting. Ils se disent déterminés. Durant leur marche, ils appellent les passants à rallier leurs camps. Essuyant, parfois d’un air badin, un sec refus des partisans du oui en chemin. Dans la commune Bukeye, Tatien Sibomana et Yves Sahinguvu de l’Uprona non gouvernemental, étaient de la partie. L’ancien vice-président de la République a rappelé que le temps de la campagne n’est pas celui de montrer les muscles. Faisant allusion à son nom « Sahinguvu ». Littéralement « ce n’est pas le temps de la force ».

Par Félix Haburiyakira et Arnaud Igor Giriteka


Cibitoke : la coalition « Amizero y’Abarundi » intimidée

Les membres de la coalition « Amizero y’Abarundi » se disent intimidés par ceux du parti Cndd-Fdd. La Commission électorale provinciale indépendante appelle à l’entente et au respect mutuel.

Agathon Rwasa brandissant la nouvelle Constitution : « Je ne l’ai eue que cette semaine. »

Meeting de ce dimanche 6 mai en communes Rugombo et Musenyi de la province de Bubanza. Les membres de la coalition « Amizero y’abarundi » affirment avoir été intimidés pour avoir participé dans cette campagne. D’après eux, ils ont été sujets d’intimidation et d’arrestation de retour chez eux. Ils pointent du doigt les autorités et les membres du parti au pouvoir. « Certains de nos membres subissent des emprisonnements illégaux pour avoir porté les T-shirts sur lesquels est marqué le « Non » au référendum prévu ce 17 mai courant », affirme un responsable de la coalition.

Pour certains membres du parti au pouvoir, « le Non est indigne des citoyens qui aiment leur pays et dont la mission principale consiste à préserver la souveraineté du pays. » Les membres d’Amizero disent ne pas comprendre pourquoi leurs militants sont arrêtés alors que la coalition est reconnue par le gouvernement et la CENI.

Selon ces membres de cette coalition, la campagne électorale devrait se passer dans un cadre de la liberté d’expression et de droit de s’affilier à la formation politique de son choix.

Agathon Rwasa, leader d’Amizero indique de son côté que ces actes d’intimidation sont faits avec la complicité de certaines autorités à la base. Il dénonce également certains cas où ses partisans ont été interdits de se déplacer à bord des camions de transport de type « FUSO » vers les lieux de rassemblement alors que ceux du Cndd-Fdd le font sans être inquiétés.

Appel au respect mutuel

« Un membre de notre parti qui sera attrapé en train de menacer ou d’intimider ceux des autres formations politiques sera puni conformément à la loi et sera radié du parti », rassurent certains membres du Cndd-Fdd.
Ils indiquent, toutefois, que la campagne électorale va bon train jusqu’à l’heure actuelle et qu’aucun des leurs n’a été attrapé en train de proférer des menaces.

La Commission électorale provinciale indépendante, Cepi dit ne pas être au courant de cette situation. Le président de cette commission à Cibitoke demande à tous les partis politiques de bien se comporter et de se respecter mutuellement pour que la période électorale se passe bien. Il lance un appel vibrant aux partisans intimidés de porter plainte pour que ce comportement soit banni.

Par Jackson Bahati


Pas aussi paisible que ça


En province Kirundo, les militants de l’opposition, surtout de la Coalition Amizero y’Abarundi, se disent malmenés par les Imbonerakure, depuis le début de la campagne référendaire. Toutefois, ils sont déterminés à aller voter «malgré les dangers».

Les militants d’Amizero y’Abarundi affirment qu’ils sont malmenés par les Imbonerakure.

En commune Bugabira, les sympathisants d’Agathon Rwasa sont intimidés par des Imbonerakure. « Ils nous disent que nous serons tués après le vote du 17 mai », confient nos sources ajoutant que ces intimidations se passent sur les collines Kigoma, Rugasa, Kiyonza, Nyamabuye, Kiri, Nyakarama et Gitwe.

En commune Busoni, jeudi 3 mai dernier, rapportent des témoins oculaires, ceux qui revenaient du meeting organisé par la coalition Amizero y’Abarundi, au chef-lieu de la province, ont été tabassés et ont passé la nuit dans la forêt.

Les plus visés, affirment nos sources, étaient Emmanuel Coyitungiye et Gérard Ndikumagenge de la colline Mukerwa et Léonard Nibizi de la colline Sigu. « Tous ceux qui enseignent à voter ‘’Non’’ au prochain référendum sur les collines Mukerwa, Sigu, Kabanga, Gatete, Kiravumba, Renga, Kibonde, Munazi, Kumana, Murambi et Gatembere, sont intimidés. »

En commune Ntega, sur les collines Carubambo et Ntango, des militants de la Coalition « Amizero y’Abarundi » ont été aussi molestés par des Imbonerakure, lors du premier meeting en province Kirundo. « Les Imbonerakure avaient érigé des barrières. Nous avons été tabassés à notre retour du chef-lieu de la province.» Dans cette commune, en date du 7 mai 2018, Paul Rwasa et un certain Matonde ont été battus par des Imbonerakure sur la colline Runyankenzi sur ordre de Samson Sindayihebura, chef du parti sur cette colline.

Les Imbonerakure toujours pointés du doigt

A Bwambarangwe, Jean Baptiste Nsabimbona et Joseph Havyarimana, deux des leaders d’ « Amizero y’Abarundi » disent avoir été intimidés par un certain Bonaventure du parti au pouvoir : « Il nous a dit d’intégrer le Cndd-fdd et d’arrêter notre mobilisation, sinon nous verrons ce nous verrons. » Au lendemain de cette intimidation, racontent-ils, un certain Egide de la sous-colline Bishuri a été tabassé par un certain Rehana, un Imbonerakure. Tous ceux qui ont participé au meeting de Rwasa ont été intimidés et l’ordre leur a été donné d’adhérer au parti de l’aigle sous peine de subir des conséquences, accusent nos sources. Pour preuve, un certain Ruberintwari a été tabassé avant d’être conduit au cachot de la zone : « Il boîte à cause des coups reçus. »

Pire, s’alarment nos sources, les sympathisants de Rwasa sont obligés de déménager à cause de la persécution dont ils font l’objet de la part d’Imbonerakure. C’est le cas de Joël Rwasa, chef des sympathisants d’Agathon Rwasa en colline Kimeza. Il a été chassé par le propriétaire de la maison qu’il loue sur ordre de Yusuf Nsengiyumva, chef de zone, parce qu’il a tout simplement enseigné à voter ‘’Non’’ au prochain référendum.

En commune Kirundo, vendredi 4 mai 2018, Egide et Madora, deux jeunes affiliés au Cndd-fdd, habitant le quartier Nyange-Bushasha, ont battu une certaine Ange Mutesi parce qu’elle a participé au meeting d’Amizero y’Abarundi. Elle a perdu une dent et la scène s’est déroulée chez elle. Trois jours après, Fabrice Ndikumana, un taxi-motard qui travaille au centre-ville de Kirundo, a été emprisonné pour avoir refusé de donner sa moto afin qu’elle soit utilisée dans un meeting du Cndd-fdd qui se tenait à Nyarunazi, en commune Busoni. Il est toujours emprisonné au poste de police à Kirundo.

Environ 30 opposants incarcérés

Pierre Célestin Ndikumana, président du groupe parlementaire d’ « Amizero y’Abarundi », parle d’environ 30 militants de cette coalition qui sont emprisonnés, depuis le début de la campagne référendaire dans tout le pays. «Certains ont été appréhendés dès leur retour d’un meeting, d’autres sont accusés de battre campagne pour le ‘’Non’’.»
D’après lui, 15 de leurs militants ont été arrêtés, dimanche dernier, dans la commune Mutambu de la province Bujumbura. «Ils étaient accusés d’organiser une réunion pour battre campagne pour le «Non», comme si la campagne n’avait pas encore commencé.» L’administrateur de la commune Mutambu rejette ces accusations : «Je ne sais pas d’où le parlementaire tire ces informations. Aucun membre de cette coalition n’a été arrêté dans ma commune.» Il rejette aussi des allégations faisant état d’actes d’intimidation à l’encontre des partisans du ‘’Non’’. «La campagne se déroule paisiblement. Les militants de l’opposition peuvent circuler sur toutes les collines sans problème.»

Sur la colline Kizingwe-Bihara de la zone Kanyosha, en mairie de Bujumbura, mardi 8 mai 2018, un certain Alex Ndikumana a été arrêté par des Imbonerakure conduits par un certain Lameck Horezimana, adjoint du chef du parti Cndd-Fdd dans cette localité. «On l’accusait de battre campagne pour le ‘’Non’’. Aux environs de 18h30, il l’a embarqué dans sa voiture. Dans la foulée, d’autres Imbonerakure ont encerclé la maison du représentant d’ ‘’Amizero y’Abarundi’’, racontent des témoins. Il l’a ramené à 21h. Iwacu a essayé de joindre M. Horezimana sans succès. Les habitants de cette localité, surtout les partisans du ‘’Non’’ rapportent qu’ils subissent des coups et des menaces de la part des jeunes du parti au pouvoir.

D’après Pierre Nkurikiye, la campagne référendaire se déroule en toute sécurité

En province Gitega, les responsables de cette coalition indiquent que 6 militants sont derrière les barreaux, depuis le début de la campagne. « Cinq sont incarcérés en commune Giheta et un autre est au chef-lieu de la province ». Ce dernier, Jean Ngendakumana, est originaire de la colline Jimbi en commune Gitega. «Il a été arrêté avec un certain Aimable, mais ce dernier a été relâché ». D’après ces responsables, leurs militants sont malmenés et battus par des Imbonerakure sur les collines. «Un certain Jean Marie a été battu sur la colline Mungwa de la commune Gitega par des Imbonerakure avec la complicité des administratifs à la base. Sa moto et son téléphone ont été saisis», assure un des responsables. «Ils ont changé de stratégie. Quand nous sommes en masse, ils nous laissent tranquille, mais ils s’acharnent sur un ou deux de nos membres qui s’aventurent seuls», renchérit un autre. En province Cibitoke dans la commune Murwi, les militants d’ « Amizero y’Abarundi », qui avaient été incarcérés, le 2 mai 2018, de retour du meeting à Ngozi, ont été relâchés selon leurs camarades. «Toutefois, leurs téléphones portables sont toujours confisqués ».

Malgré ces accusations des militants de cette coalition, le porte-parole du ministère de la Sécurité Publique, Pierre Nkurikiye, parle de mensonges : «Comment peut-on arrêter les gens qui battent campagne alors que cette coalition est autorisée à le faire?» Il fait savoir qu’aucun incident sécuritaire n’a été constaté. «De plus, aucune plainte d’un membre d’une formation politique n’a été reçue par la police.» Il exhorte ceux qui se sentent menacés à s’adresser aux bureaux de la police de la localité.

Par Christian Bigirimana et Fabrice Manirakiza

 

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Analyse/ Dire non, malgré la peur

« Caratuvunye ntakurekura,» le slogan phare du parti Cndd-Fdd. Ce qui pourrait se traduire en français par « Nous avons trop lutté pour lâcher maintenant ». Le parti au pouvoir se dit donc déterminé à ce que le « oui l’emporte et que la Constitution soit révisée. » Et à quelques jours de la fin de la campagne référendaire, la tendance donne le oui pour favori. L’opposition en exil a boycotté le processus et, sur une trentaine de formations politiques que comptent le pays, seuls la coalition Amizero y’abarundi ainsi que le parti Sahwanya ont dit Non à la modification de la Constitution. Dans ce match quasiment joué d’avance, la coalition Amizero y’abarundi a créé la surprise. Elle a osé ! Des vidéos de l’outsider qui circulent sur les réseaux sociaux ont fait sensation. Une foule à chaque province s’est rassemblée autour des leaders de cette coalition et a fièrement tonné : « Tora Oya, » choisissez-le « Non ». Un symbole. Une coalition qui fait objet d’intimidation et d’arrestation des membres depuis 2015, dont on disait essoufflée a montré qu’elle était toujours là, malgré tout. Ces membres restent fidèles principalement au leader charismatique, Agathon Rwasa. Un habitant de Ngozi résumera: « Je ne savais pas qu’ils étaient aussi nombreux, c’est impressionnant.» Impressionnants car ces gens ont bravé la peur pour faire entendre leurs voix dans les meetings. Le résultat des courses est fixé pour le 17 mai. Mais pour le moment, chacun se cramponne sur son cheval, déterminé à batailler jusqu’à la ligne d’arrivée. Pas question de lâcher. Le président Nkurunziza l’a si bien dit : « Choisissez, ce que vous choyez au plus profond de votre cœur.» Le peuple burundais pourrait le prendre au mot, …

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Réactions

La coalition Amizero y’abarundi : « Sabotage de la campagne» Dans une correspondance adressé au président de la Ceni, Agathon Rwasa parle ni moins ni plus d’actes de sabotage de la campagne de cette plateforme. Il pointe du doigt certaines autorités administratives et policières qui entravent la mobilité de la population pour participer aux meetings. Un autre acte de sabotage : « des usurpateurs de la coalition Amizero y’Abarundi présidés par un certain Révérien Niyimpa qui ont appelé au vote du non. » Il signale que ces ‘usurpateurs’ sont inconnus de la coalition et ce, depuis sa création. Le leader de cette coalition demande à la commission électorale nationale indépendante et aux autorités compétentes de se saisir de ces actes. La Ceni réplique La commission électorale nationale indépendante, Ceni indique avoir agréé la coalition des indépendants, Amizero y’Abarundi. Cette coalition a donc le droit de battre campagne du oui ou du non selon son choix. Le porte-parole de la commission, Prosper Ntahogwamiye insiste que la Ceni ne surveille pas les convictions politiques des membres d’une organisation. « S’il y a un problème interne au sein de cette coalition, il lui appartient de mettre de l’ordre. Ce n’est pas à la Ceni de gérer un militant qui s’est écarté de la ligne de son parti.» Léonce Ngendakumana : « Emprisonnement de certains membres à Rumonge » Le parti Sahwanya Frodebu souligne par principe ne pas être d’accord sur l’organisation du référendum qui remet en cause les acquis d’Arusha. « Nous avons été obligés de participer pour ne pas laisser les Burundais dans le noir. » Selon Léonce Ngendakumana, les militants du parti Frodebu avaient au départ paniqué suite aux discours incendiaires contre ceux qui battraient campagne du non. Il déplore que certains administratifs aient trempés dans les intimidations et arrestations arbitraires. « Je ne parle pas du parti Cndd-Fdd ni des Imbonerakure mais des pouvoirs publics. » Selon lui, certains membres du Frodebu de la province de Rumonge ont été emprisonnés. Léonce Ngendakumana déplore également que les médias publics aient accordé le monopole à la campagne du oui. L’Uprona : « Aucun incident à déplorer » Le président du parti Uprona parle d’un bon déroulement de la campagne. Ce parti a sillonné les provinces du pays en battant campagne pour le oui. « Aucun Mudasigana n’a eu des problèmes jusque-là.» Abel Gashatsi évoque juste des problèmes d’ordre logistique et financier, qui trouvent solution à l’interne. « Si non, nous saluons les forces de l’ordre et l’administration pour leur implication au bon déroulement du processus.» L’Union européenne : « Climat persistant d'intimidation et de répression» L’Union européenne assure que le processus référendaire a lieu dans un climat persistant d'intimidation et de répression et est marqué par l'absence d'approche consensuelle entre les différents groupes sociétaux et politiques du Burundi. Dans sa déclaration, la haute représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini indique que le manque d'information officielle publique sur les éléments clé du projet de Constitution et le contrôle étroit des journalistes et des médias risquent de compromettre davantage ce processus. « A cet égard l'UE déplore la récente suspension des radios VoA et BBC. » Elle reste vivement préoccupée par la situation des droits humains au Burundi. Elle relève en particulier, la persistance d’exécutions extrajudiciaires, d'arrestations arbitraires, d’absence d’espace politique ainsi que de la restriction des libertés d'expression et d'association. Federica Mogherini estime donc que la mise en œuvre des deux Résolutions de la 36ème session du Conseil des droits de l'Homme à Genève reste une priorité politique. L'Union européenne estime que le processus actuel va à contre-courant des efforts de médiation et de facilitation d'un dialogue politique inclusif qu’elle soutient. L'UE appelle les autorités burundaises à respecter l'esprit et la lettre des Accords de paix d'Arusha.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

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