Ils étaient plus de trois cent dans les champs de caféiers en commune Ruhororo, province Ngozi, le mercredi 3 août. La Confédération nationale des caféiculteurs avait mobilisé les caféiculteurs pour entretenir leurs plantations, étendre leurs champs et reconvertir les vieilles plantations.
« Ngozi a été choisi pour le lancement de cette activité parce que c’est la première province à avoir planté le café en 1930. La commune Ruhororo a été choisie parce que les gens n’entretiennent pas correctement leurs champs de caféiers », a annoncé Macaire Ntirandekura, président de la Confédération Nationale des Caféiculteurs du Burundi (CNAC). D’après lui, pendant les mois de juin, juillet et août, on entretient les champs de caféier parce que la campagne est déjà clôturée. On procède, entre autres, au paillage et àla taille. » La taille se fait en trois étapes, explique Macaire Ntirandekura : enlever les plants qui s’ajoutent au 3ème, éliminer les vieilles branches improductives, et remplacer les vieux plants par au moyens de nouvelles semences.
« Aujourd’hui, nous sommes venus ici pour ouvrir ces activités de paillage et de taille », explique le président de la CNAC à plus de 300 caféiculteurs de Ruhororo venus l’accueillir. Le café fait vivre 650 mille ménages burundais, et 80% des devises du pays proviennent de cette culture, selon M. Ntirandekura. L’importance du paillage est de couvrir les racines des caféiers pendant la saison sèche, pour qu’elles gardent l’humidité. Et M. Ntirandekura d’annoncer qu’il sera question d’appliquer les engrais chimiques et intrants agricoles aux champs de café durant la prochaine étape.
L’Etat s’est déjà désengagé dans la filière café, d’après le président de la CNAC : « Les activités liées à l’augmentation de la production incombent donc aux caféiculteurs. C’est pourquoi notre confédération lance ces activités pour indiquer aux futurs acheteurs des stations de lavage que la première chose à faire est d’entretenir les champs pour être rentables. » Les gens devaient entretenir de gré les champs de caféier comme ils le font pour les champs de bananiers, de manioc et de haricot sans être forcés de le faire, conseille M. Ntirandekura : « J’interpelle aussi ceux qui vont acheter des stations de lavage de savoir que le café appartient aux caféiculteurs. Ils doivent les aider et non profiter de leur café seulement. » Sinon, remarque-t-il, si le café disparaît, les caféiculteurs et l’Etat perdront beaucoup.
« L’entretien des caféiers est une obligation »
<doc855|left>Selon le gouverneur de Ngozi, Claude Nahayo, cette activité est lancée au moment opportun : « Nous venons de débuter une campagne de protection des cultures dans la province Ngozi, y compris le café. » Il souhaite d’ailleurs le renforcement de la trilogie confédération-caféiculteurs-administration pour développer la culture du café. Claude Nahayo a, par ailleurs, remarqué que les caféiculteurs se sont lassés : « Ils n’entretiennent plus leurs champs comme avant. » Et il trouve anormal de trouver d’autres cultures comme le bananier et le haricot plantées au milieu des caféiers : « Ces derniers empêchent le café de se développer comme il faut. »
Claude Nahayo admire la politique de libéralisation de la filière café initiée par le gouvernement, mais critique l’attitude des opérateurs dans ce secteur : « Ils n’aident jamais le caféiculteur dans la plantation et l’entretien mais se disputent le produit fini ».
D’après le gouverneur de Ngozi, si cela s’avère nécessaire, les gens qui n’entretiennent pas le café seront sanctionnés par l’administration. Ainsi a-t-il proclamé le jeudi jour d’entretien des champs de caféiers dans la province Ngozi.
« Sans entretien, le café ne vaut rien »
Déogratias Ndagijimana, directeur provincial de l’Agriculture et de l’Elevage à Ngozi constate que les caféiculteurs ne semblent plus motivés : « Ils n’entretiennent plus leurs caféiers. Ces derniers deviennent ainsi comme un enfant qui ne mange pas et qui par conséquent ne grandit pas comme il faut. Le café doit également être taillé, paillé et fertilisé pour être rentable. »La lacune, selon lui, vient des acheteurs qui s’empressent d’acheter le produit fini au lieur de suivre le caféiculteur de la plantation jusqu’à la production. « Il faut que l’Etat élabore des lois qui protègent les encadreurs et les caféiculteurs et sanctionnent ceux qui n’entretiennent pas leurs champs de caféier », insiste-t-il.
La population de Ruhororo a admiré ce geste initié par la CNAC. A travers le représentant des caféiculteurs en province de Ngozi, elle a exprimé sa satisfaction du fait que le prix du café vient de passer de 490 Fbu à 630 Fbu le kg de café. Il y a 42 associations des caféiculteurs dans la province de Ngozi et deux usines de café dans la commune Ruhororo : à Cagura et Rimiro.