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Campagne contre la vie chère : le gouvernement et la société civile en trêve ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Campagne contre la vie chère : le gouvernement et la société civile en trêve ?

Après quelques mois de relations tendues entre le pouvoir et les organisations engagées dans la campagne contre la vie chère, le Président de la République vient de prendre des mesures saluées par tous. Serait-ce une amorce pour de meilleurs rapports, ou une trêve momentanée ?

<doc3876|left><doc3877|right>Le 1er juin 2011, la Regideso annonce la hausse des prix de l’eau et de l’électricité. Cette décision est contestée par la population. L’Assemblée Nationale demande à cette société de faire d’abord un audit interne. Le 1er mars 2012, à la grande surprise, la Regideso double les prix de ses produits.

La société civile burundaise et les syndicats entament aussitôt une campagne contre la vie chère. Comme les députés, les membres de la société civile demandent surtout à la Regideso de ne pas revoir à la hausse les prix de l’eau et de l’électricité avant qu’il y ait un audit interne. Ces organisations et les syndicats des travailleurs rencontrent Gervais Rufyikiri, deuxième vice-Président de la République, chargé des questions économiques, sans succès.

Ils lancent un préavis de grève qui expire sans aucun changement. La grève générale a alors eu lieu mardi 27 mars 2012 et est largement suivi. Selon Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME, certaines autorités commencent alors à recourir à l’intimidation et à la diffamation, au lieu de proposer des solutions concrètes aux questions posée. Il a affirmé que ces autorités vont même plus loin et menacent d’annulation des ordonnances d’agrément de ces organisations de la société civile.

Des mesures, d’abord impossibles, mais appliquées ensuite…

Devant les députés à l’Assemblée Nationale, le 2ème vice-président indique, le vendredi 27 avril dernier, qu’il ne voit pas de solution pour l’es produits vivriers importés, pour lesquels une exonération est réclamée à col et à cris. Néanmoins, dans son discours à la nation le 1er mai dernier, à l’occasion de la journée internationale du travail, Pierre Nkurunziza, président de la République, détaxe tous les produits vivriers venus de l’extérieur. Cette exonération, qui va courir du 15 mai au 31 décembre de cette année, concerne plus de dix produits vivriers importés. Un sacrifice qui coûte à l’Etat 10 milliards de Fbu.

<doc3879|right>Un certain scepticisme…

Pour le secrétaire exécutif du FORSC, le Président de la République a fait du problème de la cherté de la vie sa propre préoccupation et c’est encourageant : « Sauf qu’il y a un grand fossé entre l’engagement et sa mise en œuvre », souligne-t-il. Toutefois, Raymond Kamenyero indique que c’est un point positif, surtout en imaginant les mesures d’austérité du gouvernement. Pour lui, ces mesures peuvent être de plusieurs sortes, budgétaires, morales, ou en accomplissant les devoirs patriotiques comme le paiement de l’IPR par les hautes autorités. Pour le secrétaire exécutif du FORSC, il faut néanmoins que l’autorité soit ferme pour que ces mesures soient respectées. Il ajoute que le fait que la déclaration du deuxième vice-président est le signe que la question n’avait pas encore été mûrement réfléchie au sein du gouvernement : « Je pense que le 2ème vice-Président a laissé le Président de la République s’exprimer lui-même sur la question. Je n’ose pas croire qu’il y ait deux discours différents au sein du gouvernement. »

Cependant, il apparaît clairement à M. Kamenyero que le gouvernement n’a pas voulu résoudre le problème comme s’il y était poussé ou forcé. «  Il a voulu garder le profil haut sans sembler prendre des leçons de la société civile, et en attendant le moment propice, comme le 1er mai, pour se prendre des mesures. »

Il reconnaît néanmoins que toutes les parties ont intérêt à s’entendre, puisque la société civile est souvent consultée par les partenaires du pouvoir. Raymond Kamenyenro reconnaît qu’il peut y exister des divergences entre la société civile et le gouvernement, mais sans que leurs rapports soient toujours tendus.

… teinté d’espoir

<doc3878|right>Sans cacher son sentiment de satisfaction, Tharcisse Gahungu, le président de la COSYBU, demande au gouvernement de faire un suivi de la mesure gouvernementale pour dissuader les commerçants véreux, qui augmenteraient les prix des produits exonérés. Ce syndicaliste comprend de la même façon que le secrétaire exécutif du FORSC les mesures d’austérité du gouvernement annoncées par le Chef de l’Etat : diminution du charroi, des frais de carburant, de mission, de l’intendance, …Et surtout le paiement de l’IPR par les hautes autorités.

Le président de la COSYBU tient cependant à souligner qu’il n’existe encore pas de cadre de dialogue comme tel. « Il existe un comité tripartite de dialogue social, dans lequel se retrouve le gouvernement, les travailleurs et les employeurs, mais seulement pour discuter des problèmes concernant le travail », tient à préciser le syndicaliste.
Optimiste, il reconnaît qu’il y avait une lecture différente d’une situation urgente, lorsque le pouvoir semble nier la pauvreté. Aujourd’hui, indique M. Gahungu, il y a une même lecture et les mesures prises par le Chef de l’Etat sont un signal pour les syndicalistes, et une promesse pour un dialogue futur.

De nécessaires mesures d’accompagnement

Charles Nihangaza, consultant en fiscalité et gouvernance salue la décision prise par le chef de l’Etat d’exonérer certaines denrées alimentaires. Toutefois, il indique que des mesures d’accompagnement sont très nécessaires pour que cette mesure soit efficace. «  Il faut un service permanent pour contrôler les prix pratiqués par les importateurs afin d’éviter des exagérations. Je suggère ici qu’il y ait des affiches concernant leurs prix de revient », précise M. Nihangaza. Ensuite, ajoute-t-il, les produits locaux devraient être exonérées aussi pour qu’il n y ait pas confusion avec les importations : « Par exemple, on ne saurait pas distinguer un poisson importé de celui local »

Pour récupérer les 10 milliards de Fbu que l’Etat compte sacrifier avec ces exonérations, ce consultant est très clair : « Il faut tout d’abord diminuer le train de vie de l’Etat. » Il propose la réduction de certains frais. Bien plus, cet ancien ministre des finances voit aussi le recouvrement des arriérés de certaines sociétés par l’OBR comme une autre alternative pouvant combler ce trou que crée ces exonérations.
Pour continuer à résoudre le problème de la vie chère, il propose également au gouvernement burundais d’établir un plan d’augmentation de la production qu’il juge trop insuffisante.

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