La CAMEBU est en train de brûler des médicaments périmés. Cette opération se déroule à 4km du centre de la zone Bugarama, dans un site communément appelé « Ku Musenyi ». Les habitants de la localité s’inquiètent pour leur santé.
Depuis une semaine, la Centrale d’Achat de Médicaments essentiels, de dispositifs médicaux et matériels de laboratoire du Burundi (CAMEBU) détruit environ 12 tonnes de médicaments périmés. Il s’agit des produits pharmaceutiques qui étaient dans leurs stocks de 2013 à juin 2016. La destruction est effectuée dans la province de Muramvya, zone Bugarama. Ces produits sont brûlés dans un fossé de 15 m de profondeur situé dans un endroit communément appelé « Ku Musenyi ».
Arrivé à cet endroit, on est accueilli par une fumée qui dégage une odeur nauséabonde. Tout autour, des habitants cultivent leurs champs. Des ménages sont aussi visibles à moins de 500m de ce trou. La population se lamente. « Nous avons peur d’attraper des maladies », précise un vieil homme vivant à environ 300 m dudit endroit. « Pendant la nuit, on s’enferme dans nos maisons pour échapper à cette odeur mais cela ne change rien », ajoute-t-il.
Ceux qui habitent à quelques kilomètres de ce site s’inquiètent aussi. « Nous sentons cette mauvaise odeur à 3km d’ici», confie un jeune homme de passage à ce site.
Les habitants de cette localité réclament une protection contre des maladies que causerait cette opération. « Ceux qui viennent brûler ces médicaments portent des gants et des masques sur le nez pour se protéger. Et nous, ils nous laissent respirer la fumée de ces déchets », déplore un habitant.
« L’endroit n’a pas été choisi au hasard »
Le directeur technique de la CAMEBU, Servilien Mpawenimana, explique que ce site de Musenyi a été choisi après une étude de prospection. Il affirme que ce choix a été validé conjointement avec les cadres du ministère de l’Eau, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire et l’Urbanisme. «Avant, la CAMEBU détruisait ces déchets dans le site de Buterere mais on s’est rendu compte que ce dernier est tout près du Lac Tanganyika.»
M. Mpawenimana précise que ce site a été choisi parce que le sol à cet endroit est imperméable à l’eau. « Nous avons pensé à la population. Nous avons constaté qu’il n’y a pas beaucoup d’habitants. Les ménages se trouvent à 500 m, ce qui nous rassure par rapport à Buterere car là-bas la population est nombreuse. » Et de préciser que la fumée dégagée par ces produits en cours de destruction est absorbée par les arbres ce qui fait que l’impact négatif sur la santé humaine n’est pas énorme.
Ce n’est pas l’avis d’un spécialiste
Patrice Bigumandondera, spécialiste dans le traitement des eaux usées et déchets, estime que cela peut avoir un impact sur la santé humaine. Comme cette destruction se fait à ciel ouvert, indique le spécialiste, il y a des rejets toxiques dans l’atmosphère et le vent peut transporter ces rejets partout. « Il faut craindre des maladies respiratoires.»
Patrice Bigumandondera indique que pour ne pas mettre en danger la santé de la population, quelques techniques de destruction de ces déchets existent. Il s’agit entre autres, d’après lui, de renvoyer ces médicaments aux fabricants parce que ce sont eux qui possèdent des dispositifs pour les détruire. Une autre technique proposée par ce professeur d’université est l’incinération à moyenne ou haute température. «Or, cette température n’a pas été atteinte en brûlant ces produits pharmaceutiques de la CAMEBU.»
« …Depuis une semaine, la Centrale d’Achat de Médicaments essentiels, de dispositifs médicaux et matériels de laboratoire du Burundi (CAMEBU) détruit environ 12 tonnes de médicaments périmés.. » ! 12 tonnes !!!! Le gestionnaire ne se posa pas de questions ? Commandes inutiles ? Pourquoi ? Mauvaises gestions et coordinations ?…. Le procureur de la République devrait se saisir du dossier et mener des enquêtes pour gestion hasardeuse.
Les gens sont morts pour manque de médicaments, en stock SVP, maintenant d’autres vont mourir par une destruction de ces médicaments. La situation est unique!