Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Café : la hausse des prix n’a pas amélioré le quotidien des caféiculteurs

09/10/2021 8
Café : la hausse des prix n’a pas amélioré le quotidien des caféiculteurs
« Le café n’a plus la cote »

Les caféiculteurs ont vivement exprimé le désir de voir le prix d’un kilo de café revu une fois encore à la hausse. C’était à l’occasion de la Journée mondiale du café célébrée dans la province Muyinga ce 8 octobre 2021.

Dans les années 1999, raconte Thierry Irambona, élève à cette époque, mes parents et moi ne manquions de rien grâce à la culture du café. Devenu membre d’une coopérative, il demande au gouvernement de continuer à soutenir les agriculteurs par des dons de matériel et la subvention des fertilisants. « Ça serait aussi bien de revoir à la hausse le prix d’un kilo jusqu’à 1.000 BIF ».

Pour Joseph Ntirabampa, caféiculteur et ancien responsable de la CENAC Murima w’isangi (Confédération nationale des associations de caféiculteurs du Burundi), une étude a montré que le prix du café actuel correspond aux moyens employés pour la production. « Le tournesol est plus cher que le café qui est une culture d’exportation qui amène des devises », déplore cet agriculteur de Kirundo.

Et de faire savoir qu’un kilo de tournesol peut se vendre à 950 BIF à Kirundo alors que le prix du café cerise ne dépasse pas 700 BIF. « C’est incompréhensible ».

Il révèle avoir écrit au président de la République et au président de l’Assemblée nationale pour solliciter cette hausse du prix du café jusqu’à au moins 1.000 BIF.

Pour un autre caféiculteur, ce sont les agriculteurs des cultures vivrières qui sont en train d’améliorer leur vie par rapport à ceux du café. « Aujourd’hui, c’est impossible de vendre du café et espérer acheter des tôles comme autrefois », regrette-t-il.

Selon lui, les jeunes ne veulent plus s’investir dans la culture du café n’y voyant aucun intérêt. « Qui va perpétuer cette culture quand les anciens ne seront plus là ? », s’inquiète-t-il. Pour ce caféiculteur de longue date, la hausse du prix du café permettra d’augmenter la production.

Dans son discours de circonstance, le gouverneur de Muyinga, Jean-Claude Barutwanayo, se dit nostalgique d’une époque où les revenus liés au café faisait le bonheur des ménages. « Après la paie, le chef de famille pouvait acheter des tôles pour se construire une maison moderne et acheter un nouveau pagne pour son épouse », se remémore le gouverneur.

Il salue néanmoins les efforts du gouvernement qui a très récemment adopté une augmentation de près de 200 BIF sur le prix du café. « Les caféiculteurs sont actuellement payés à temps », se réjouit-il. Et d’espérer que le prix continuera à monter.

Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère chargé de l’Agriculture, évoque une certaine conjoncture internationale ayant un impact sur le prix du café. « Quand le prix du café augmentera sur le marché international, le gouvernement reverra à la hausse à son tour le prix d’achat du café ».

Pour rappel, en février 2021, le prix du café cerise A est passé de 550 BIF le kilo à 700 BIF tandis que le prix d’un kilo de café cerise B est quant à lui passé de 275 à 350 BIF.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Ndambi

    Stany et Kira et tous les internautes d Iwacu.
    Le problème est beaucoup plus grave et structurelle.
    Laa proposition de Kira, nigirwe na Leta Nkozi. Vision et développement bigirwa na Leta .
    Sans vaches, le paysan de nos sols acides et dépravés mourrait de faim. Et en plus le pays a besoin de lait.
    Les cultivateurs de café ou cotons finiront par les arracher.
    J’ai travaillé dans le Ministère de l’Agriculture et Elevage dans les années 1980.
    Je sais ce dont je parle. En 1985, le Burundi produisait autour de 38 000 T, maintenant 9 000 T.
    Nos dirigeants doivent nous aider à introduire de nouvelles innovations.
    Plus fondamental, ils doivent encadrer toute la chaîne de production. Le paysan qui produit le café ou qui élève une vache, niwe ategerezwa kuronka amafaranga menshi.
    Erega 75% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté.
    C’est terrible.

  2. Stan Siyomana

    1. « Pour Joseph Ntirabampa, caféiculteur et ancien responsable de la CENAC Murima w’isangi (Confédération nationale des associations de caféiculteurs du Burundi), une étude a montré que le prix du café actuel correspond aux moyens employés pour la production… »
    2. Mon commentaire
    Le canadien Omri Wallach a étudié la chaîne de valeur ajoutée du secteur du café et a trouvé que le caféiculteur est le grand perdant à travers le monde.
    « But if you’re looking for the money in coffee, you won’t find it at the source. Fairtrade estimates that 125 million people worldwide depend on coffee for their livelihoods, but many of them are unable to earn a reliable living from it.

    Instead, one of the biggest profit margins is made by the companies exporting the coffee. In 2018 the ICO Composite price (which tracks both Arabica and Robusta coffee prices) averaged $1.09/lb, while the SCA lists exporters as charging a price of $3.24/lb for green coffee… »
    https://www.visualcapitalist.com/the-economics-of-coffee-in-one-chart/

  3. Stan Siyomana

    Au fond, d’après cette conjoncture internationale d’Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère chargé de l’Agriculture, il faudrait augmenter les prix payés non seulement aux caféiculteurs, mais aussi les prix payés aux producteurs du coton.
    « Coffee futures moved to the highest price since February 2014 in July when coffee eclipsed the $2 per pound level…
    Cotton exploded to its latest high at $1.1393 per pound on Oct. 6, 28.08% higher than the Sept. 20 low… »
    https://www.investing.com/analysis/cotton-moves-to-a-decade-high-200604296

  4. Balame

    Je me joins aux caféiculteurs pour lancer un cri d’alarme.
    Je suis un éleveur de vaches de quelque part à Muramvya.
    J’ai vérifié les prix offerts aux éleveurs pour un litre de lait depuis Mubimbi, Bukeye, Bugarama, Kiganda et Mbuye. Le prix est de seulement 600 fbu / litres.
    Mais à Bujumbura il oscille entre 1300 et 1400.
    Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Messieurs les députés, aidez nous car à ce prix, nous sommes incapables de supporter la stabulation.
    Nos sols sont d’une pauvreté inouie. Rien ne pousse sans fumier.
    Et puis le lait et la viande sont des denrées vitales pour un pays.
    Informez vous comment s’y prennet les rwandais pour soutenir les producteurs. Maintenant ils exportent le lait dans la sous région.
    Kubera iki amahera atwara les spéculateurs?

    • Stan Siyomana

      @Balame
      De mon côté, je peux dire que je suis caféiculteur. Quand je suis retourné au Burundi en octobre 2006 après 35 ans d’absence, j’étais tellement ému de trouver que la vingtaine de caféiers et l’avocatier que j’avais plantés quand j’étais encore à l’école secondaire étaient encore là (même s’ils étaient mal entretenus).
      En octobre 2018 j’étais encore plus ému de me faire prendre une photo parmi la cinquantaine de caféiers qui ont survécu parmi les 64 caféiers que ma famille avait plantés sous l’ordre du colon (peut-être avant même ma naissance).
      Pour moi, tous ces caféiers ont une grande valeur sentimentale, mais je doute for qu’ils produisent encore du café en quantité suffisante.
      Le Burundi doit encore avoir des millions de ces vieux caféiers qui ne peuvent plus produire grand chose.
      « While coffee plants can live up to 100 years, they are most productive between the ages of 7 and 20 as a general rule; proper pruning and fertilization can maintain and even increase their output over the years, depending on the variety… »
      https://www.seriouseats.com/lifespan-coffee-plant-coffee-cherry-development

      • Kira

        Stan, Balame,
        Merci pour vos commentaires combien émouvants! Mais, je reste quand même un peu perplexe! Au Burundi, tout est toujours affaire de sentiment sans vouloir vous manquer de respect a l’un et a l’autre! Pourquoi vouloir ‘accrocher a tout prix a des activités qui n’offrent plus aucun retour sur investissement alors qu’il y a d’autres créneaux qu’il ne serait pas inutile d’explorer. Certains au Burundi ont commence a explorer le développement de nouveaux produits comme la culture des noix (noix de cajou, noix du Brésil, noix de macadamia), la production des fruits et légumes ou la production avicole entre autres. Soyons pragmatiques!

        • Stan Siyomana

          @Kira
          Merci beaucoup de votre commentaire.
          Abo tuvukana basigaye ruguru nibo bakirima itongo risigwa na data atuvyara. Ivyo biti vy’ikawa bashatse kubirandura jewe ntiborinda nokumbaza kuko barazi ko iryo tongo atariryo rintunze.
          Ivyo uvuga vyo kurondera ibiterwa bijanye n’igihe nivyo. N’ubundi twidoga ngo umukoloni niwe yahatiye abarundi gutera iyo kawa, kandi ayibakubitirako ikiboko.
          SOIT TU T’ADAPTES, SOIT TU PERIS.

  5. Stan Siyomana

    1.« Quand le prix du café augmentera sur le marché international, le gouvernement reverra à la hausse à son tour le prix d’achat du café ».
    2. Mon commentaire
    C’est-à-dire que notre cher RETA MVEYI est très en retard pour ce qui est de la hausse du prix du café au Burundi puisque le café a déjà doublé de prix sur le marché international en 11 mois.
    Coffee continuous contract se vendait à environ 100 centimes de dollar par livre (= 453 grammes) au début du mois de novembre 2020, et aujourd’hui il se vend à 200,65 centimes.
    https://www.marketwatch.com/investing/future/kc00/charts?mod=mw_quote_tab

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