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Café : 72%, un chiffre qui fait polémique

05/05/2013 Commentaires fermés sur Café : 72%, un chiffre qui fait polémique

Les caféiculteurs réclament, pour leur paiement, l’application du taux de 72% à partir du prix de vente du café à l’étranger. Mais pour les acheteurs du café, une nouvelle convention régit le mode de calcul de ce paiement.

<doc5178|right>Le 1er mai 2007. Dans son allocution, le président de la République, annonce qu’une part de 72% doit revenir au caféiculteur. Joseph Ntirabampa, président de la Confédération Nationale des Caféiculteurs, explique que ce chiffre n’est pas le fruit du hasard : « Avant que le président de la République ne le dise, une entente, aboutissant sur la même quote-part, avec les acheteurs – les Sogestals – avait d’abord eu lieu». En plus du consensus, ajoute-t-il, une étude commanditée par les intervenants dans la filière et réalisée par la maison AD expert, est tombée sur le même chiffre.

En 2011, à la surprise générale, après que la Webcor-société qui achète les cerises soit rentrée dans la filière, l’affaire a pris une nouvelle tournure. « Les sogestals ont effectué un deuxième payement pour remplir les 72%. Et la Webcor ne s’est pas contenté que d’un seul payement », se lamente Joseph Ntirabampa. Par après, ces sogestals ont emboîté le pas à leur concurrent. « Dès lors, jusqu’à maintenant, les sogestals ne respectent plus les 72% », précise-t-il.

« Les caféiculteurs doivent comprendre que les choses ont changé »

« Nous ne sommes plus dans le système administré, où l’Etat joue le faiseur de prix », rappelle Olivier Wege, directeur général de la Webcor. Les fameux 72%, précise-t-il, s’appliquaient parce que l’autorité étatique était aussi présente dans la commercialisation du café.

Le patron de la Webcor situe le problème ailleurs. Selon lui, ces caféiculteurs commencent à ressentir les effets de la réalité du marché. « Autrefois, l’Etat faisait tout pour que le prix octroyé au producteur reste stable. Les fluctuations des cours internationaux ne l’affectaient en rien. En cas de chute, le gouvernement subventionnait», explique Olivier Wege.

Intercafé joue l’arbitre

Même son de cloche chez Intercafé. Comme l’explique son secrétaire exécutif, Oscar Baranyizigiye, une nouvelle convention au sein de l’Intercafé, mettant en place une nouvelle formule de fixation des prix, a été signée. Le 8 mars 2012, tous les agents du secteur, caféiculteurs et acheteurs compris, se sont mis d’accord sur les nouveaux principes. L’entente sera révisée deux mois après. Mais, précise Baranyizigiye, seul le différentiel, soit la différence entre le prix de référence et le prix de vente réel, a changé et quelques modifications ont été apportées.

La logique de calcul reste la même. Dans la dite convention, les 72% ne sont mentionnés nulle part. Plutôt, d’autres paramètres entrent désormais en jeu, notamment : les cours, le prix du café sur le marché de New York, le taux de change et le différentiel.
Le secrétaire exécutif de l’Intercafé justifie le mécontentement que manifestent les caféiculteurs : « Depuis le mois de mars jusqu’en juillet dernier, les cours ont dégringolé de 191 jusqu’à 149 cents la livre, ce qui s’est répercuté immédiatement sur le prix au producteur. »

<doc5179|right>Par ailleurs, M.Baranyizigiye relève que la nouvelle formule ne fait pas grand cas des intérêts des caféiculteurs. « Le prix au producteur est ce qui reste après que les acheteurs de la cerise, et autres intervenants sur la chaine, aient récupéré tous leurs coûts engagés, sans oublier les impôts et taxes », signale-t-il. Selon lui, les caféiculteurs sont les seuls à faire les frais de ces oscillations, qui peuvent être parfois très fortes. Pis encore, souligne l’agent de l’Intercafé, leurs coûts de production ne sont pas pris en considération.

Pour lui, c’est au caféiculteur d’estimer si l’affaire est toujours rentable. Mais, la résolution n’est pas aussi simple à appliquer. « Le gouvernement pourrait-il assister, bras croisées, à la disparition d’une denrée qui fait rentrer dans les caisses de l’Etat plus de 80% des devises ? », conclut M. Baranyizigiye.
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Selon la convention, le prix au producteur se calcule comme suit : (Cours de New York+différentiel)-(Coût deparcharge+Coût dépulpage+Impôts&taxes) = Prix minimum de cerise. (Prix au producteur)
Cours de New York : le prix de référence mondiale sur lequel se base les négociations des prix du café sur le marché international.
Différentiel : différence entre le cours de New York et le prix de vente réel. Il peut être positif ou négatif, selon que le café est plus ou moins apprécié par l’acheteur.
Dépulpeurs : ceux qui enlèvent la pulpe de la cerise, à l’instar des Sogestal,…
Déparcheurs : ceux qui traitent le café après dépulchage, dont la Sodeco,…

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