Réunis à Bujumbura, le 17 mars, les gouverneurs des banques centrales des pays de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est (CAE) ont accepté le principe selon lequel les pays membres puissent faire des achats dans les monnaies locales respectives. Avec la volatilité qui frappe le franc burundais, plus d’un doutent de sa faisabilité. Jean Prosper Niyoboke, économiste, explique les préalables.
« Avec les défis socio-économiques auxquels le Burundi fait face, c’est un long processus, mais à notre portée », analyse d’entrée de jeu l’expert. Entre autres préalables, un assainissement du secteur financier dans tout son ensemble. En outre, il souligne que les autorités habilitées doivent faire feu de tout bois pour que l’économie burundaise soit orientée vers le marché. « La compétition entre les différentes monnaies respectives des pays de la CAE ne devrait plus avoir lieu », observe-t-il.
« La monnaie ne doit pas être l’objet de négociation, suite aux différents écarts entre les monnaies locales ». A cet effet, il explique qu’un étalon-monnaie qui sert de référence dans la convertibilité des différentes monnaies devrait être créé. « L’objectif c’est d’éviter que les monnaies dites faibles à l’instar du franc burundais ne portent préjudice au climat des affaires ».
Pour que cela soit effectif, il revient sur le rôle des banques : « Si ce processus est enclenché, les banques des pays concernés devraient en principe délocaliser certains de leurs établissements financiers. « L’idée, c’est que chaque banque centrale d’un pays aura un compte de sa monnaie dans un autre pays membre. La Tanzanie, par exemple, pourra retourner et échanger les montants en BIF à la BRB. »
Pour cet économiste, le 2ème préalable devrait consister à redorer l’image de la monnaie burundaise auprès des acteurs économiques de la CAE.
Assainir le climat des affaires
Selon lui, une cause perdue d’avance, si le climat économique n’est pas propice aux affaires. « Comme l’objectif c’est de permettre que la monnaie burundaise imprègne les économies des pays de la CAE, cela ne peut pas être possible tant que les acteurs économiques des pays respectifs ne s’approvisionnent pas sur le marché burundais. C’est pourquoi il faut mettre les bouchées doubles pour trouver des mécanismes générant l’attractivité des produits et services burundais dans l’optique de hausser le volume des importations, des exportations ».
Dans cette quête, il souligne le rôle des banques commerciales : « Aux banques commerciales d’emboîter le pas aux banques centrales en ouvrant des agences afin que les différentes monnaies fassent partie intégrante du marché. » En termes de dépôts, de transactions, une fois l’étalon en place, ajoute-t-il, les acteurs économiques de cette sous-région ne seront plus réticents à convertir leur monnaie en franc burundais. « Si juridiquement tous les acteurs économiques ont cette assurance qu’ils ne courent aucun préjudice financier en faisant des transactions dans la monnaie burundaise, ils n’auront pas peur de de « casser » les frontières ». Et de mettre en garde :
« La mise en place des mécanismes de protection des consommateurs burundais doit être de rigueur. Car, lorsque la monnaie burundaise aura imprégné les marchés locaux des pays de la CAE, il y a risque que cet état de fait n’entraîne l’inflation. » En effet, conclut-il, compte tenu de la forte valeur des monnaies de la CAE par rapport au franc burundais, certains commerçants auront tendance à spéculer en faisant la part belle aux commerçants de la CAE avec plus de moyens.
tant d’assurance dans le propos est déconcertant…un aussi grave sujet et tant de désinvolture
Ce mécanisme a fonctionné dans Les années 80 au niveau de la CEPGL le zaïre avait une monnaie « de singe » mais ça fonctionnait sous réserve de confirmation par Les Experts… Y a t IL des leçons à tirer ? … Ou Les données ne sont plus Les mêmes…En tout cas ce serait une bonne solution pour la « dédorisation » de nos économies fragiles.