Du 23 au 24 août, le ministre burundais de l’Intérieur et son homologue tanzanien ont effectué une visite dans les camps de Nduta et de Mtendeli. Ils ont décidé que tous les réfugiés doivent rentrer. Le HCR met en garde contre tout retour forcé.
Au retour de sa visite, Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur, n’a pas mâché pas ses mots. Il accuse le Haut-commissariat pour les réfugiés d’entraver le processus de rapatriement volontaire. Selon lui, les agents de cette agence onusienne voient les camps de réfugiés comme un important fonds de commerce. « Si les réfugiés rentrent tous, ils n’auront plus de travail. D’où ils traînent les pieds dans l’enregistrement de ceux qui veulent retourner au pays ».
Pascal Barandagiye et Kangi Lugola, son homologue Tanzanien, ont signifié aux réfugiés qu’il n’y a plus de raison de s’inquiéter. La paix et la sécurité règnent au Burundi. « Nous allons arrêter tous ceux qui empêchent les réfugiés de ne pas rentrer chez eux. Personne ne doit jouer avec le gouvernement de John Pombe Magufuli. », a menacé M.Lugola.
Lors de la réunion tripartite (Burundi, Tanzanie et HCR), tenue le 28 mars 2018 à Bujumbura, M. Barandagiye rappelle qu’ils se sont engagés à rapatrier deux mille réfugiés par semaine. Cependant, il déplore que cet engagement n’a été respecté qu’une fois. Les semaines suivantes, affirme-t-il, l’effectif a chuté jusqu’à atteindre cent cinquante personnes par convoi.
« Le HCR a toujours clamé que c’est le gouvernement tanzanien qui était derrière le non-respect de cette prescription », fait savoir le ministre Barandagiye. Il explique également que les autorités tanzaniennes s’interrogent sur ce dysfonctionnement et veulent en savoir les raisons. « La capacité d’accueil du gouvernement burundais est insuffisante », leur répliquait le HCR Tanzanien.
« Le HCR travaillait de façon occulte »
Le ministre de l’Intérieur burundais réfute ses allégations. Selon lui, plusieurs actions ont été entreprises par le gouvernement pour faciliter le retour des réfugiés. Notamment la rénovation des camps de transit de Muyinga et de Ruyigi pour accueillir un plus grand nombre de personnes. Ainsi que la construction d’une route à Ruyigi menant vers la Tanzanie.
Dans son réquisitoire, M. Barandagiye a aussi épinglé le déroulement des enregistrements des candidats au retour au pays natal : « Le HCR travaillait de façon occulte à tel point que même les responsables des camps n’étaient pas associés à ce travail. Désormais, ils doivent y participer.» Et d’affirmer que certains se sont vus refuser l’enregistrement au motif qu’ils n’avaient pas 18 ans. « Ridicule », dira le ministre. Au-delà des réfugiés, il existe 15.000 irréguliers vivant dans les camps de réfugiés. Le gouvernement burundais se dit aussi prêt à les accueillir.
« Ce n’est pas parce que le Cnared a dit qu’il va participer aux élections que les Etats voisins doivent dire que la paix règne », a réagi Anicet Niyonkuru, secrétaire exécutif de la plateforme des opposants en exil. D’après lui, ils désirent rentrer pour s’enquérir de la situation. S’ils trouvent que le pays est stable, ils vont appeler au retour massif des exilés.
« Même si la sécurité s’est améliorée, le HCR considère que les conditions au Burundi ne sont pas propices à la promotion du retour au pays », a dit Dana Hughes, porte-parole du HCR dans la région des Grands Lacs sur les ondes de la RFI. Par ailleurs, elle exhorte les gouvernements de la région à maintenir ouverts les frontières et l’accès à l’asile à ceux qui en ont besoin. Selon toujours cette fonctionnaire onusienne, des centaines de personnes fuient encore le Burundi. Signalons que depuis septembre 2017, près de 75 mille réfugiés burundais sont volontairement retournés au pays.