Le second rendez-vous d’Arusha II a révélé les véritables parties en conflit, ainsi que les faiblesses et atouts de la médiation pour résoudre la crise du Burundi.
D’abord prévu du 9 au 12 juil¬let 2016, le deuxième round des consultations à Arusha pour résoudre la crise burundaise a été reporté du 12 au 14 du même mois par la médiation. Aucune raison n’avait été fournie quant à ce report, mais, au vu des participants, on peut supposer que c’était pour mieux étudier la liste des invités. En effet, contrairement à la première session de ce qui est aujourd’hui appelé Arusha II, cette deuxième séance a été plus inclusive, le nombre des participants parlant de lui même 97 personnes y ont été invitées, dont 76 hommes et 23 femmes.
Les principaux acteurs conviés à cette réunion de crise comprennent des représentants du gouvernement burundais, des partis politiques, d’anciens chefs d’Etat, des confessions religieuses, de la société civile et des médias. La consultation de ces différents acteurs devait se pencher sur le statut et l’application de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, la Constitution du Burundi, la situation sécuritaire dans le pays, l’espace politique et démocratique, et l’état de l’économie.
L’objectif de cette rencontre, selon Owora Richard Othieno, directeur de la Communication et des Affaires publiques de l’EAC, sera de définir les termes d’un terrain d’entente, de les classer par ordre de priorité, et éventuellement de définir un calendrier pour un dialogue fructueux. A la fin de cette session, Benjamin Mkapa ira à Kigali rendre compte le 17 juillet aux chefs d’Etats de l’EAC, en marge du sommet de l’Union africaine. Le «plan de sortie» de crise au Burundi devrait être ensuite approuvé par le sommet de l’UA (16-18 juillet, ce qui le rendrait contraignant pour toutes les parties burundaises.
Une participation « inclusive »…
Malgré le rejet d’Arusha II par le Cndd-Fdd, il a été présent à cette session. Même le Cnared, la principale plateforme de l’opposition qui avait menacé de ne répondre à ce rendez-vous qu’en tant qu’entité, s’est résigné à laisser ses membres y participer individuellement. Selon un communiqué signé Anicet Niyonzima, secrétaire exécutif du Cnared, « le Facilitateur Benjamin Mkapa a essayé de forcer en invitant des membres du CNARED à l’insu du pouvoir de Nkurunziza. » Il poursuit que le facilitateur n’a pas voulu bloquer le gouvernement du Burundi qui a peur de rencontrer cette plateforme de l’opposition. « C’est pour cela qu’il a proposé aux dirigeants du CNARED de lui envoyer une liste de tous les membres du Directoire pour des invitations personnalisées. Ce qui a été accepté après consultation de tous les membres du Directoire », précise-t-il.
La veille, le 11 juillet, le MSD, le parti d’Alexis Sinduhije, a décidé de ne pas participer à cette session, à laquelle il n’a pas été invité. Pour le MSD, ce dialogue est organisé d’une manière non inclusive .Le parti MSD, qui est confiant dans le médiateur, regrette que le dialogue soit organisé d’une manière non inclusive par l’équipe de la facilitation. Il accuse son attitude et sa façon de procéder qui renforcent le soupçon sur ses accointances avec le pouvoir de Bujumbura. Il n’attend rien d’une telle session pilotée à partir de Bujumbura.
Plusieurs observateurs ont également condamné l’absence des représentants des médias comme la RPA, la Bonesha F.M ou le journal IWACU, ainsi que les représentants des associations des professionnels des médias. A Arusha se sont donc retrouvés des représentants du gouvernement burundais, du parti au pouvoir et de ses alliés, avec des délégués de l’opposition et de la société civile en exil, ce qui n’a pas été le cas pour la première session en mai dernier.
Des indésirables et des communiqués
A la séance d’ouverture du second round de ces pourparlers d’Arusha, la délégation gouvernementale a refusé d’entrer dans la salle, après avoir remarqué la présence de Pacifique Nininahazwe, Jean Minani et Armel Niyongere, avec des badges d’accréditation. M. Minani est le président du Cnared, la principale coalition de l’opposition, dont le gouvernement ne veut pas entendre parler. MM. Nininahazwe et Niyongere sont deux des principales figures de la société civile à la tête du mouvement «Halte au 3e mandat», à l’origine des manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat l’an dernier .Elle a exigé que ces personnes, sous mandat d’arrêt de la justice burundaise, soient arrêtées. Il s’en est suivi une course aux tweets pour condamner cette présence illégale, ou la confirmer, par les intéressés. De là, ce second rendez-vous d’Arusha II semblait compromis. La cérémonie d’ouverture n’a pas eu lieu, et le médiateur a décidé de commencer par les consultations des différents groupes, alors que des communiqués pleuvaient.
D’abord celui des partis politiques ayant et / ou accepté les résultats des élections de 2015 qui menace de boycotter ce dialogue à cause de certains invités qu’ils accusent d’être responsables des crimes contre les droits de l’homme au Burundi. Des partis politiques qui se défendent, dans ce communiqué d’être alliés du gouvernement. Ensuite le communiqué du parti Uprona qui menace aussi de quitter ce dialogue si l’Uprona dit de l’opposition reste invité.
Une médiation à deux visages…
Au 2ème jour de ce rendez-vous, le médiateur a rencontré certaines organisations de la société civile venues de Bujumbura, le directoire du Cnared ainsi que les confessions religieuses. Selon des personnes présentes à Arusha, la délégation gouvernementale a juré qu’elle ne peut être dans la même salle que le Dr Jean Minani, Pie Ntavyohanyuma ou Gervais Rufyikiri. Elle a même été jusqu’à récuser Pierre Buyoya et Mgr Simon Ntamwana, accusés d’être de mèche avec les insurgés. Pour ne pas frustrer la délégation du gouvernement et du Cndd- Fdd, le médiateur a rencontré le directoire du Cnared hors du centre de réunion, dans une propriété privée. Certains membres de ce directoire avaient même pris leurs quartiers à une vingtaine de km d’Arusha.
Selon d’autres sources sur place, il a été visible que la médiation de ce dialogue n’était pas très bien organisée. Des invitations auraient même été envoyées la veille de l’ouverture. Le constat général était que c’est le secrétariat général de l’EAC qui gère les fonds et s’occupe de la logistique, et non le bureau de la médiation. « Il y avait plusieurs listes d’invités, certaines faites par la médiation et modifiées par le secrétariat de l’EAC pour ce qui concerne la logistique. Ainsi certains invités n’ont pas reçu de billets parce qu’ils ont été enlevés des listes par exemple », indique un participant à cette session.
Au 3ème et dernier jour de cette session, ni la délégation du gouvernement du Burundi, ni le facilitateur n’ont assisté à la clôture de cette seconde session du dialogue interburundais d’Arusha, clôturé par l’assistant de Benjamin Mkapa, Macocha Tembele.
>>> Analyse
Contrairement au premier round des discussions d’Arusha II, du 21 au 24 mai, presque tous les membres du directoire du Cnared étaient présents à cette 2ème session des pourparlers pour tenter de régler la crise burundaise. Même s’ils n’ont pas pu faire face à la délégation du gouvernement et du parti au pouvoir, ils ont pu rencontrer, unis, ou presque, le médiateur et les envoyés spéciaux des USA, le Royaume- Uni, l’Union africaine et les Nations Unies.
Même d’autres personnes non moins importantes ont été invitées, comme représentants des confessions religieuses, les anciens Chefs d’Etat et les organisations de la société civile. En bref, la médiation a essayé de faire de cette session la plus inclusive possible. Cependant, il y a eu quelques grands absents, notamment des hommes politiques ou des médias, mais il est clair que la facilitation a voulu ménager le gouvernement. Pourtant, ce dernier insatisfait, a voulu faire arrêter certains invités, et a failli réussir. Ce qui poussera d’autres, à l’avenir, à y regarder deux fois avant d’accepter les invitations. Ce qui est étonnant, c’est que la délégation du gouvernement a semblé étonnée de retrouver à Arusha certaines personnes, alors que c’est le secrétariat général de l’EAC, avec à sa tête un Burundais, de surcroît proche de pouvoir, qui tient la bourse de la médiation. Ce qui laisse supposer un jeu de cache-cache entre le médiateur et le secrétariat de l’EAC. Ou que la délégation de Bujumbura a feint l’étonnement et l’indignation pour essayer de faire arrêter des opposants farouches. Aidé en cela par certains partis politiques dits de l’opposition, et se déclarant non alliés au pouvoir, mais plus indignés que lui.
Un autre constat est que le Cnared a fait preuve de maturité en acceptant que ses membres se rendent à Arusha individuellement, et en restant soudés une fois sur place. Ce qui augmente ses chances d’être finalement une force incontournable, comme il aime à se présenter.
@ MIKE
Les journalistes sont des supers citoyens, exposés aux risques variés tels les arrestations arbitraires (Ruvakuki, Kiramvu, Rugurika au Burundi; Can Dündar et Erdem Gül en Turquie, etc., etc.), harcèlement judiciaire (Antoine Kaburante au Burundi; Albertina Manueles Peréz en Honduras, etc., etc.), les assassinats (Christophe Nkezabahizi/Burundi, Norbert Zongo/Burkina Faso, Naji Al Jerf/Syrie, Ghislaine Dupont et Claude Verlon/Mali, etc., etc.), les tortures (Esidras NDIKUMANA/Burundi, Joseph Afandi/Soudan du Sud, etc., etc.). En plus de ces risques qui pèsent sur les vies, les infrastructures journalistiques sont aussi des cibles des crimes (démolition, coupures de téléphones, internet, cameras cassés, etc.), soit par des Etats ou des individus ou groupes. Par exemple, Bonesha, RPA, Rema, Renaissance au Burundi, Charlie Hebdo en France, Yeni Safak et Yeni Akit en Turquie, etc., etc. Avec juste cette petite illustration des crimes contre les journalistes, tu vois que le journaliste burundais est dans tous les cas parmi les personnes touchées.
C’est cela qu’ils vont négocier wa ntumv…..we: la dignité, la sécurité et une espace libre pour exercer la profession.
Mr Mike, laissez de côté cette cécité délibérée car elle est coupable. ne sais-tu pas que les radios ont été méchamment détruites par le pouvoir et que les burundais n’ont plus droit à l’information équilibrée? n’es- tu pas au courant que les burundais n’ont droit qu’aux seules radios qui chantent et louent le parti au pouvoir et le gouvernement illégal et illégitime qui en est issu? n’es- tu pas au courant que plus d’un millier de burundais tués par le pouvoir de facto n’ont pas été rapportés par une radio locale? ne sais-tu pas que la quasi totalité des journalistes ont fui leurs pays à cause de la barbarie du pouvoir de facto en place? bref, mis à part la cécité, la méchanceté et l’excès de zèle, rien d’autre ne peut justifier cette cécité.
Quelle équipe des perdants!!!! U Burundi buragowe, Abo bose ngo ni abashaka kura abanagihugu???Shame on you!!!!!
En évitant certains gens, le gouvernement burundais joue la carte de manoeuvres dilatoires pour que dans l’entre temps il reste sur les commandes du pays et continuer ce qui est connu du public. Où vont s’arrêter ces reports ? Le retour du messie!
Permettez-moi, Messiers les journalistes, de connaître les raisons qui feraient que vous alliez aux négociations.
En quoi votre métier est particulier par rapport aux autres, au point d’être une catégorie à part?
Déjà que je ne comprend pas la présence de beaucoup de catégorie comme la société civile et les confessions religieuse.
Mais revenons à nos moutons. Si on invite le journalistes, pourquoi pas les agriculteurs? Et pourquoi pas les médecins? Et qu’en est-il des pêcheurs qui nous observent ,impuissants, polluer leurs milieu de travail? Qu’en est-il des réfugiés ?Ou alors des associations des victimes des différentes crises(Tiens, AMEPECI me viens à l’esprit!)
S’il vous plaît, aident nous à résoudre cette crise artificielle plutôt que de la compliquer, en y ajoutant des variables qui ne qu’on peut très bien simplifier.
A moins que vous nous dites en quoi vous êtes incontournables dans la pseudo-crise qu’on traverse!
Les journalistes ont un métier de nous informer qui est différente de celle des victimes d’ AMEPECI. Quand l’extremisme nous tient!
Monsieur,Vous ne répondez malheureusement pas à ma question qui est : Quelles sont les raisons qui feraient qu’on invite les journalistes et non les autres?
En arrière plan, la question est de savoir s’il faut inviter tous ceux qui le souhaitent(pour plusieurs raisons, dont les perdiems) ou simplement ceux qui ont à faire dans la résolution de cette « crise du mandat ».
Pour le reste, libre à toi de voir de l’extrémisme dans mon commentaire!
Les journalistes doivent être là pour que nous ayons des informations sûres et dignes de foi. Je suis libre de lire entre les lignes.