Le ministre de l’Environnement va expulser les habitants de Cabiza. Ceux-ci y cultivent le coton et exigent qu’on leur attribue d’autres parcelles avant de quitter les lieux. De son côté, la ministre de l’Agriculture affirme que le coton n’est pas une raison valable pour rester à Rukoko.
<doc5024|left>Plus de 3800 ménages sont installés dans ce site et ils sont sommés de quitter les lieux avant la fin de ce mois. Leur village est situé dans la réserve naturelle de la Rukoko vers la rivière Rusizi. Il est presque à 8 kilomètres de la route Bujumbura-Cibitoke vers la Rukoko. Plusieurs maisons en paille y sont construites. De petits commerçants étalent plusieurs articles dans le village. Seul le drapeau du Cndd-Fdd flotte dans le village. Les habitants se sont choisis un chef du village et un représentant du parti au pouvoir. En cas de litige, explique un habitant, nous avons des comités de sécurité qui règlent le conflit à l’amiable. Une position militaire assure la sécurité des habitants de Cabiza et de toute la Rukoko.
Pendant la journée, hommes et femmes cultivent du coton dans les champs de la Cogerco (Compagnie de gérance de réserves cotonnières) « Nous profitons des portions de terres à côté pour planter d’autres cultures comme le haricot, le maïs, les tomates dans cette terre très fertile», confie une quadragénaire. Cette population affirme que l’eau déborde jusqu’à l’intérieur des maisons pendant la période des pluies. Le village est dépourvu d’eau potable, de centre de santé et d’école. « Nos enfants étudient à Gihungwe, à 6 kilomètres et le robinet se trouve à la 3ème avenue Gihanga, à presque 4 kilomètres», indique Jean Paul Shikiro. Malgré cela, ces habitants préfèrent vivre toujours dans cette réserve naturelle.
Comment Cabiza a-t-elle été occupée ?
<doc5025|right>En 1967, témoigne Daniel Miburo, responsable du village, le roi Mwambutsa installe les gens à Cabiza. « C’était pour cultiver le coton dans cette localité. Même Banigwa, administrateur de Gihanga à l’époque en était témoin», précise-t-il. Lors de la crise de 1972, poursuit Daniel Miburo, ces habitants se réfugient en RDC. Ils reviennent trois ans plus tard. En 1993, explique André Munuko, un autre habitant, ils trouvent encore une fois refuge au Congo. Une année après, affirme notre source, le gouvernement burundais leur demande de regagner Cabiza parce qu’il y avait un manque criant de coton. « Des positions militaires ont été installées pour garantir notre sécurité afin de produire le coton », se souvient André Munuko. Curieusement, s’étonnent les habitants de Cabiza, le ministre de l’Environnement a décidé de les expulser à la fin de ce mois. Ils demandent au gouvernement d’aménager un autre village où ils vont s’installer parce qu’ils sont nés à Cabiza. Au cas contraire, ces habitants menacent de ne pas quitter cet endroit.
« Ils doivent déménager »
Odette Kayitesi, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage soutient la décision de son homologue de l’Environnement. Elle affirme que la Rukoko est une réserve qui doit être protégée : « Il ne faut pas que les gens se cachent derrière la culture du coton pour s’attribuer illégalement des parcelles. » La ministre Kayitesi assure que le gouvernement a pris toutes les dispositions pour que la culture du coton continue après l’expulsion.
Iwacu a contacté Jean Marie Nibirantije, ministre de l’Environnement sans succès.