A cause de l’insécurité, les citadins ne font plus la fête le week-end. Les hauts lieux de l’ambiance sont déserts.
A Bujumbura, les week-ends ont bien changé. Ils ne sont plus ceux des virées nocturnes quand les citadins faisaient la fête jusqu’au lever du soleil. Ainsi, avant la crise, tous les vendredis et samedis aux environs de 23h au boulevard de l’Uprona jadis surnommé « boulevard de l’ambiance », les citadins se donnaient rendez-vous dans différentes boîtes de nuit se trouvant sur cette artère.
Il est 23h30, la nuit est tombée sur Bujumbura. Il fait noir au boulevard. La circulation est très timide. Quelques voitures sont garées devant le night-club « Havana ». Là, une trentaine de gens. L’ambiance est plutôt morose. Les uns prennent un verre au comptoir, d’autres jouent au billard….
A quelques mètres de là, l’enseigne lumineuse annonce « Toxic », une des boîtes de nuit les plus prisées de la capitale. Une petite lueur jaillit de ce night-club. Aucune personne à l’entrée. Seulement une dizaine se trouve à l’intérieur. Avant la crise, les gens faisaient la queue pour y entrer.
Havana et Toxic n’étaient pas, loin s’en faut, les seuls lieux de rendez-vous torrides de la jeunesse dorée de Bujumbura. Crystal, Get-up, Aosta, etc., également hauts-lieux de la vie nocturne, ont complètement fermés. La nuit, le boulevard de l’ambiance devient le boulevard mort…
L’ambiance enterrée
Depuis le jour des manifestations contre le 3e mandat de Nkurunziza, les choses ont tourné au vinaigre. « Il faut désormais rentrer à 19h au plus tard », lance G.I, un jeune homme de 26 ans qui aimait « faire la fête ». Ce dernier confie qu’il ne peut plus sortir comme il le faisait chaque week-end avant la crise. « Je ne m’éclate plus. J’ai enterré l’ambiance !» G.I indique que c’est suite à l’insécurité qui règne dans la capitale qu’il est contraint de rester à la maison.
D.M, étudiante, ne profite plus de son « vendredi méchant ». Cette jeune demoiselle, la vingtaine, confie que vendredi était son jour de fête. « Je devais sortir à tout prix. » mais depuis la crise, elle ne sait plus différencier les week-ends des simples jours de la semaine. « Vendredi est devenu lundi ou mercredi…»
« Kiss club », une autre planète…
Il suffit de passer devant ce night-club, dans la commune Rohero, pour s’en rendre compte.
Il est presque 1h au Kiss-club, une autre boîte de nuit « très prisée » de la capitale. Tout le parking est plein. Il faut passer dix minutes pour trouver l’endroit où garer la voiture. A l’entrée, on aperçoit une longue file d’attente, on doit passer au poste de contrôle avant de pénétrer à l’intérieur. Minijupes, décolletés, Jeans, bijoux chic…, la plupart sont des jeunes. Le bar est bondé.
Sur la piste, femmes, hommes, adolescents,…s’éclatent au son des derniers tubes jamaïcains. Thierry, une bouteille de bière à la main, semble apprécier l’ambiance. Ce jeune homme, la trentaine, confie que ce n’est pas la crise qui va l’empêcher de s’amuser. « Il faut s’éclater tant qu’on est encore vivant », lâche-t-il avant d’aller se trémousser sur la piste de danse.
Marina, une élégante jeune femme, sirote une Primus au comptoir, une cigarette à la main. Elle indique avoir pris son courage à deux mains pour sortir. « Mais la vie est courte !»
4h, le mouvement s’estompe au Kiss club. Les gens, épuisés, disparaissent petit à petit. Le night-club se videra complètement à 6h du matin.