Lundi 04 novembre 2024

Société

Bwiza/Jabe : Des bandes d’hommes armés sèment la terreur

07/10/2022 4
Bwiza/Jabe : Des bandes d’hommes armés sèment la terreur
Candide, habitante du quartier Jabe 3, a été torturée et blessé par un groupe armé dans la nuit de ce 2 octobre

Des habitants du quartier Jabe 3 dans la zone de Bwiza au nord de la ville de Bujumbura vivent la peur au ventre suite aux attaques menées par des hommes armés de machettes et fusils. Ils appellent l’administration et les forces de l’ordre à restaurer la sécurité dans ce quartier.

« Cela fait plus d’une année que différents crimes sont commis dans ce quartier. Des bandes armées de machettes et de fusils font des patrouilles, volent des téléphones et autres objets des habitants qui rentrent dans la nuit », confie I.D., un habitant de ce quartier. Selon lui, ces groupes attaquent certaines familles tard dans la nuit, volent de l’argent et autres biens dans les maisons, torturent et blessent les victimes avec des machettes.

Et de regretter que les administratifs à la base semblent ignorer ce qui se passent dans ce quartier et n’organisent pas des réunions pour tranquilliser la population.

Selon lui, un groupe de gens, proche du chef de quartier et dirigé par un certain Jacques Baranyizigiye fait des patrouilles et torture la population. Il déplore que sa sécurité ne soit plus assurée suite à l’initiative de dénoncer l’insécurité dans ce quartier : « Ce groupe m’accuse d’être un membre de l’opposition, de collaborer avec les groupes armés qui font des patrouilles. Tout ça pour échapper à la responsabilité des crimes qu’ils commettent dans ce quartier ».

Des victimes traumatisées

Candide, une femme en retraite, peine à marcher et à parler suite aux tortures d’un groupe de « bandits » qui a attaqué sa famille dans la nuit de ce 2 octobre. Des blessures non encore guéris sur la joue, des douleurs senties dans ses membres inférieures, elle raconte le calvaire vécu par sa famille.

« Ils nous ont attaqués vers 1h du matin. Ma fille est arrivée tard dans la nuit et a oublié de fermer la porte.

Ils sont arrivés après elle. Ils étaient nombreux, armés de machettes et fusils. Ils m’ont frappé dans la tête, partout, me demandant de leur donner de l’argent », indique-t-elle, expliquant qu’elle n’a pas pu connaître ces criminels. Ils ont pris sa chainette en or et son téléphone après avoir manqué de l’argent et l’ont laissée, la croyant morte.

La même nuit, son fils Clovis, marié et père d’un enfant a été aussi torturé et malmené avec sa femme par ces criminels. Vendeur de téléphones mobiles dans le centre-ville, ils sont partis avec ses quatre téléphones et environ 600 mille BIF. Il confie avoir vu au moins huit hommes avec des machettes, des pistolets et des outils pour forcer les portes.

« Ils ont pris mes téléphones, tout cet argent, mon poste radio et celui de mon voisin. Après, ils m’ont frappé partout jusqu’à ce que je perde connaissance. Avant de partir, ils ont fouillé les parties intimes de ma femme pour voir s’elle n’y avait pas caché l’argent », regrette-t-il.

Après avoir perdu tout son capital, Clovis ne sait plus à quel saint se vouer : « J’ai peur que je ne puisse plus subvenir aux besoins de ma famille. Mon enfant va aussi abandonner l’école. Je n’ai pas aucune autre source de revenu ».

Cette famille dit avoir peur que ces criminels reviennent d’un moment à l’autre : « On ne peut pas dormir tranquillement. Nous sommes traumatisés. Des gens inconnus viennent nous visiter, peut-être pour nous intimider ».

Non loin de la famille de Candide, une autre famille a été attaqué deux fois cette année, en avril et en septembre dernier.

« En septembre, ils sont revenus. Le père de la famille est rentré tard dans la nuit et a rencontré un groupe de gens avec des machettes devant le portail.

Ils l’ont dit qu’ils étaient membres du comité mixte de sécurité. Ils ont volé son téléphone et l’ont blessé avec la machette sur le bras et le cou. Ils ont aussi blessé sa femme à la tête », confie une proche de la famille.

D’autres habitants du quartier Jabe 3 ne décolèrent pas contre l’administration et les forces de l’ordre. Selon eux, les administratifs à la base sont soit ignorants ou complices : « C’est incompréhensible qu’après une année, rien n’est encore fait pour traquer ces groupes armées ».

L’administration tranquillise

Le chef de quartier Jabe 3, Evelyne Nkenguburundi, confirme des attaques perpétrées par des groupes armés de machettes et de fusils dans son quartier. Elle indique avoir donné des rapports au chef de zone Bwiza, à l’administrateur de la commune Mukaza et au chef de poste de la police : « Le nombre de policiers a été augmenté. Cela fait deux jours que le quartier est calme. Que la population soit tranquille, la sécurité est assurée ».

Cependant, elle nie l’existence des groupes de jeunes de ce quartier qui torturent la population : « En tant que leader, je ne peux pas accepter que de tels groupes opèrent dans mon quartier ».

Et de préciser que les comités mixtes de sécurité ne fonctionnent plus dans ce quartier depuis des mois.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Garukira uburundi

    C’est terrible!Nous appelons avec insistance le nouveau premier ministre et ancien ministre de l’intérieur à punir sèvèrement ces sauvages.Jamais ce pays ne doit accepter ces criminels.Où sont les imbonerakure pour restaurer l’ordre dans ces quartiers,où est la police burundaise pendant que nos mamans,papas subiseent la violence des sauvages sans aucune valeur?Ces gens doivent être tous alignés et fusillés parce que attaquer nos mamans JAMAIS cela ne sera accepté.Autant restaurer la peine capitale!

  2. Rukara

    Je ne sais pas de quelle paix le président parle. Lui même il n’en a pas eu égards aux actions qu’il vient d’entreprendre en démettant l’ancien gouvernement suite aux soit disant existence de plan pour le renverser.
    Qu’il sache aussi que ces gens en question sont en premiere ligne pour perturber la paix des petits citoyens.
    Et qu’il cesse de raconter des bobards a la communauté internationale. Il n y a pas de paix au Burundi.
    Quel pays en paix ou on rencontre un membre de la sécurité a chaque cent mètres avec des armes de guerre prêtes a tirer a tout instant.
    Ces rondes de nuit mixte soit disant mais en réalité composées des membres du seul parti cndd-fdd indiquent qu’il n y a pas de paix. Un aveu d’échec au niveau de la paix.
    Les membres de ces comités doivent représenter toute la population burundaise pour la convaincre qu’ils ne sont pas responsable de tous ces crimes que l’on constate ici et la chaque nuit au Burundi.

  3. Kamina

    Pourtant toute la population profite des dividendes de la paix retrouvée. Niko tubwira amakungu. Ou c’est un fait divers comme il y en a dans toutes les agglomérations du monde ?

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