Un mandat d’arrêt a été lancé contre le président Buyoya et seize anciens hauts responsables militaires et civils. Ils seraient impliqués dans l’assassinat du président Ndadaye. Manœuvre politique, dénonce Buyoya.
L’affaire la plus commentée par les Burundais. Le procureur général de la République a surpris tout le monde en décidant la réouverture du dossier sur l’assassinat du président Melchior Ndadaye.
Quatre anciens officiers supérieurs sont arrêtés. 17 mandats d’arrêt internationaux lancés. Et 25 ans après le meurtre du premier président démocratiquement élu, un nom est cité : celui du président Pierre Buyoya.
Pour le procureur général de la République, des éléments de l’enquête déjà disponibles révèlent que ces personnes pourraient avoir été impliquées dans ce crime dans sa préparation, pendant son exécution et même après sa commission.
« Ces mandats d’arrêt internationaux sont lancés pour que les pays qui les hébergent puissent les arrêter et les extrader au Burundi afin qu’ils s’expliquent sur les faits qui leur sont reprochés, » a indiqué Sylvestre Nyandwi.
Des poursuites qui ont suscité une réaction du président de la Commission de l’Union africaine. Il fait tout de suite allusion à cette affaire dans une déclaration sortie le samedi, 1 er décembre. Moussa Faki presse l’ensemble des acteurs concernés de s’abstenir de toute mesure politique ou judiciaire qui serait de nature à compliquer la recherche d’une solution consensuelle conformément à l’esprit de réconciliation nationale. « Le dialogue est la seule voie de sortie de crise. »
Et Buyoya enfonce le clou
Après quelques jours, le président Buyoya est sorti de son silence. Dans son communiqué de presse, il se dit stupéfait par ces accusations graves.
Il parle de manipulation politique et d’une nouvelle manœuvre de diversion visant à faire oublier les questions douloureuses non résolues.
Selon lui, le gouvernement a choisi de s’emmurer délibérément dans le refus du dialogue pour résoudre la crise qu’il a lui-même provoquée et qu’il alimente depuis 2015. « Il serait difficile d’imaginer que le régime soit à même de mener une procédure judiciaire avec un minimum de garanties et de crédibilité. »
A la radio BBC, l’ancien président va plus loin ce mercredi. Il parle de vengeance ethnique et d’une démarche dangereuse qui va briser toute la corde qui lie le peuple burundais. Pierre Buyoya balaie d’un revers de la main la demande d’extradition de Bujumbura. « Je ne suis pas le premier sous mandat d’arrêt et à ma connaissance, personne n’a déjà été extradé vers le Burundi. »