Deux personnes ont été arrêtées en présence du chef de zone à Butihinda (Muyinga). Passons sur les conditions de l’arrestation, en pleine nuit, sans aucun mandat. Le plus grave, ils ont été battus. A mort. L’acte commis à Butihinda en présence d’un représentant de l’administration à la base est grave. Ailleurs, la présence de l’autorité rassure et garantit le respect des règles d’un État de droit. En présence d’une autorité, un citoyen, même pris en faute, est à l’abri d’une justice expéditive.
Au moment où nous mettons sous presse cette édition, le chef de zone Butihinda est sous les verrous. Nous ne pouvons que saluer la réaction des autorités. Sauf qu’il n’était pas seul. Les témoignages recueillis auprès de la population indiquent qu’il était accompagné par « des Imbonerakure », la jeunesse du parti au pouvoir.
Des enquêtes poussées doivent être menées pour identifier exactement l’identité de ce groupe emmené par le chef de zone Butihinda. Ces jeunes, à l’instar du chef de zone, doivent être arrêtés pour enquête. S’il s’avérait que ce sont effectivement de jeunes militants, le parti devrait prendre position. Un parti, de surcroît au pouvoir, ne peut pas tolérer pareil comportement.
Un mot sur les corps suppliciés que l’on découvre ces derniers jours dans plusieurs coins du pays. Beaucoup de militants des droits de l’homme évoquent des raisons politiques derrière ces crimes. C’est un phénomène à ne pas banaliser ; car toutes les tueries de masse ont toujours commencé par des meurtres isolés. Le sang appelle le sang et le pays risque de replonger dans un cycle de violence. Il y a urgence pour casser cet engrenage vers la violence.