Trois mois après les inondations de Buterere, les victimes mènent une vie misérable. Elles demandent une assistance d’urgence.
« On ne sait plus quoi dire. La vie devient de plus en plus intenable », se lamente une mère rencontrée à l’endroit appelé communément ‘’Kwa Manwangari’’, quartier Kiyange I, zone Buterere, commune Ntahangwa, au nord de Bujumbura. C’est là qu’on avait rassemblé les 418 ménages sinistrés. Une grande salle faite de tentes avait été installée.
Aujourd’hui, on y trouve encore 16 ménages. « Pour manger au moins une fois par jour, nous sommes obligés de mendier », confie un homme, visiblement affamé. Et parfois, il signale que le peu d’aides reçues est laissé aux enfants. Avant la catastrophe, les 16 ménages étaient des locataires.
Début juin, seuls les propriétaires des parcelles ont reçu des tentes familiales. « C’est désormais là que nous passons la nuit », confie un père de famille de Kiyange. Selon lui, ils ont reçu l’ordre de les installer chez eux.
« C’est vraiment difficile. La vie y est un vrai calvaire. Que ce soit la nuit ou la journée, il fait tellement chaud. Et ces tentes sont très exiguës ».
Pire encore, cet homme indique qu’ils dorment souvent le ventre creux : « C’est déjà presque deux mois que nous ne bénéficions pas d’assistance alimentaire. Nos enfants vont sans doute mourir de faim.»
D’après lui, 75 ménages sur les 418 ont reçu dernièrement un kit de 2 kg de riz, de haricot et de farine de manioc.
Ces sinistrés essaient malgré tout de reconstruire leur vie. Aujourd’hui, ils sont en train de fabriquer des briques. Et ce avec l’appui des jeunes du Centre Jeunes Kamenge en vacances.
« Malheureusement, nous craignons que nos efforts soient vains. Nous n’avons pas d’argent pour payer les maçons, acheter du matériel, etc », signale Isabelle, une mère victime. Et de demander au gouvernement et aux bienfaiteurs de leur venir en aide.
L’administration locale dépassée
« C’est une situation difficile à gérer. Il y a des sinistrés qui n’ont toujours pas où aller », déclare Patrice Sibomana, chef de quartier Kiyange I. Ils sont affamés et leurs champs ont été totalement détruits. « Ils n’ont rien récolté ». Cet administratif craint que les briques fabriquées ne soient pas utilisées. « Pour construire une maison, il faut de l’argent pour payer les ouvriers, se procurer du matériel. Et ces sinistrés n’ont rien ». M. Sibomana interpelle le gouvernement et les bienfaiteurs pour secourir ces familles.
Quant à Antoine Ntemako, président de la Plateforme nationale de lutte, de prévention et de gestion de catastrophes, il indique que le gouvernement est au courant de la situation. « Nous sommes en train de frapper ici et là pour mobiliser les moyens matériels et financiers. Cette question nous tient à cœur ».
Pour rappel, Samedi 28 avril 2018, les eaux de la rivière Mutimbuzi ont débordé et envahi certains quartiers de la zone Buterere, commune Ntahangwa, au nord de Bujumbura. Le quartier dit ‘’Miroir de la ville de Bujumbura’’ a été également touché. 325 maisons ont été détruites et 2083 personnes se sont retrouvées sans abri.