Deux chefs de quartier de la zone Buterere et un adjoint de l’un d’eux sont emprisonnés à la prison de Mpimba, depuis jeudi 25 juin. Pour leurs familles, c’est un coup monté pour empêcher les leurs de se porter candidats aux prochaines élections collinaires.
Amadi Masumbuko, chef de quartier de Buterere 2 B 13e avenue, son adjoint Daniel Butoyi et Jean de Dieu Nduwimana, également chef de quartier de Buterere 2 B, 14e avenue, croupissent dans la prison de Mpimba depuis le 25 juin. Motif : détention illégale d’armes à feu.
Leur arrestation remonte au 17 juin. Zawadi Nkurunziza, épouse d’Amadi, se rappelle ce jour : « C’était le matin, en ouvrant le portail, nous avons vu trois policiers. Quelques minutes plus tard, une escouade d’autres policiers sont venus les rejoindre. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’ils se sont mis à fouiller toute la maison jusque dans la cuisine ». Ils ne trouveront rien. « Après, un des policiers a menacé mon mari, lui disant que s’il ne parvient pas à trouver ce qu’il leur appartenait, il aura à faire avec eux».
Intrigués, ils se mettent à fouiller toute la maison. Ils ne comprennent pas ce que disent ces policiers en parlant des « choses qui nous appartiennent ». A leur grande surprise, ils trouvent des armes cachées dans un coin dans la cuisine. « Elles étaient placées en dessous d’une poupée ». Après cette fameuse découverte, son mari les amène par lui-même au bureau de la zone Buterere.
Dans l’entretemps, la fouille s’est poursuivie au domicile de Jean de Dieu Nduwimana, avec le même modus operandi. La même situation s’est également produite chez ce chef de quartier de Buterere 2 B, 14e avenue. Un membre de sa famille raconte : « Contrairement à chez Masumbuko, les armes ont été retrouvées dans la cour de la maison ». Dans la foulée, il sera lui aussi arrêté le 17 juin.
Pour leurs proches, sans l’ombre d’un doute, ils sont convaincus que les mobiles de ces arrestations ne sont que les élections collinaires qui se profilent le 24 août. « Leur assise dans le quartier est tellement grande que leurs adversaires ne peuvent faire autrement si ce n’est que les discréditer ».
Un procès qui peine à prendre forme
Arrêtés le 17 juin, Masumbuko et ses amis, selon leur famille, ont d’abord passé les deux premiers jours au cachot de la zone Buterere. « Avant d’être transférés à Mpimba, le 25 juin, ils ont passé 5 jours au Bureau Spécial des Recherches ».
Plus étonnant, déplorent leurs proches, ça va faire un mois qu’ils attendent d’être jugés. « Ce n’est que le 8 juillet qu’ils ont été entendus par la chambre de Conseil du Tribunal de Ntahangwa». Devant avoir délibéré endéans 48h, ils s’étonnent qu’une semaine après leur comparution, ils ne soient pas encore fixés sur leur sort. « C’est clair comme de l’eau de roche. Soit ils doivent bénéficier d’une liberté conditionnelle, soit le tribunal doit trancher et dire quelle peine ils purgeront. Sinon, prétexter tous les jours qu’ils n’ont pas de moyens de locomotion, c’est une façon cachée de tarder le dénouement, ce qui de surcroît montre qu’ils sont à court d’arguments ».
Des familles désemparées
Regard hagard, mine renfrognée…Leurs dames, à première vue sont à bout de force. Depuis l’incarcération de leurs maris, dans leurs ménages, c’est la galère. Avoir de quoi mettre sous la dent, c’est devenu un « luxe ». Avec ses sept enfants, Mme Zawadi imagine mal comment elle pourra s’en sortir si le père des enfants n’est pas relâché.
Idem pour Mme Nduwimana. Maman d’un nourrisson de deux mois, c’est pour elle un véritable calvaire. Un parcours du combattant d’autant que sans lait maternel suffisant, elle doit compléter avec du lait de poudre (France Lait). « Nous devons nous sacrifier. Au lieu de laisser le bébé sans rien manger, avec les enfants, nous nous privons des repas. Histoire de mettre de côté un peu d’argent pour acheter son lait en poudre». .
Une amertume partagée par leurs voisins. A l’unanimité, ils soutiennent que les chefs de quartier incarcérés sont des hommes intègres. « En plus de 5 ans en tant que chef de quartier, ils n’ont jamais failli à leur mission. Plus que de conseillers, ils témoignent qu’ils sont, pour la plupart, des pères pour nous ». Ils demandent leur libération. « Sinon, que leurs adversaires se détrompent. Nous ne les élirons pas de force, au contraire, ils devraient laisser ces coups bas et compétir en toute transparence ».
Anatole Bacanamwo, secrétaire exécutif de la Cnidh, se veut rassurant : « Sous peu, ils devraient bénéficier d’une liberté conditionnelle et comparaître en rentrant chez eux.» Après s’être entretenu avec le responsable militaire du secteur nord et le procureur de Ntahangwa, M. Bacanamwo fait savoir que tous les éléments semblent indiquer qu’ils pourraient être innocentés. « Eu égard à tout cela, en aucune manière, leur droit de vote ne doit pas être usurpé ». Pour rappel, les élections collinaires sont prévues le 24 août.