Comme chaque 12 du mois, les Zebiyas ont tenté de regagner Businde mais la police les a arrêtés avant qu’ils n’atteignent le site. Une opération discrète mais efficace. Et la justice a, comme d’habitude, "fait son travail" …
<doc7809|left>Interrogatoire individuel, audience publique, puis les peines : une procédure qui semble être désormais connue d’avance. Ce 12 avril, les adeptes de Zebiya, 202 au total, étaient à nouveau devant la cour.
Ils ont été interceptés de nuit en train d’escalader les collines de la commune Gahombo, pour atteindre Businde. Parmi eux, 20 sont des mineurs, qui ont vite été relâchés.
Pour le reste des prévenus, la Cour n’a pas hésité à sanctionner [de la même manière que lors des faits du jour de Pâques->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5204]. La sentence est même un peu plus lourde cette fois-ci : 130 sont condamnés à 3 ans de prison avec 10.000 Fbu d’amende. 39 mineurs à majorité pénale (celle-ci étant admise dès 13 ans concernant certains crimes) passeront quant à eux une année et demie derrière les barreaux.
Après, viennent 13 noms considérés par la cour comme meneurs dans ce ‘cache-cache’. Il s’agit à majorité d’{intellectuels} (ayant un diplôme universitaire) condamnés à cinq ans d’emprisonnement et à une amende de 100.000 Fbu chacun.
Du 11 au 12, une soirée de plus en plus connue …
Désormais, tout a changé du côté de Businde. Il est 18 heures, jeudi 11 avril, en commune Gahombo. Dans la paroisse de Rukago, à quelques kilomètres de la colline Businde, la vie s’écoule normalement. Aux cabarets de la place, pailles au coin des lèvres, la population s’offre {urwarwa}, la bière de bananes locale.
D’autres, dont les moyens le permettent, sont à la Primus. Parmi eux, Désiré, un habitant de Businde. Montrant sa gorge asséchée, il commande sa première bouteille : "Fais vite !", exige-t-il au cabaretier, tout en regardant sa montre : "Je ne sais pas si les policiers vont me laisser passer", ajoute-t-il. Ah bon ! Une alerte ? "Si !", répond-il : "Demain c’est le 12, la date des Zebiyas. Toute la colline est assiégée par des policiers. Et toute personne qui tente d’entrer à Businde est soumise à un interrogatoire pour savoir s’il s’agit d’un adepte d'[Eusébie->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4399] ou pas." Pour plus de vigilance, rajoute-t-il, tous les hommes de la localité sont tenus de veiller toute la nuit à côté de la police.
Hop ! La dernière gorgée avalée, Désiré fouille avec empressement ses poches, pour régler la facture. Puis saute sur son vélo : "Bye bye ! On reste en contact !", lance-t-il en enfourchant son engin, après avoir laissé ses coordonnées. Ensuite, c’est appel sur appel. Toute la nuit, la sécurité, le calme, sont de mise, rapporte-t-il. "Aucun Zebiya n’est venu", se dit-on.
Le 12 avril, à 6h30 sur la colline Businde, au centre de Kigarama, les hommes en uniformes s’entremêlent ici et là, armés jusqu’aux dents : casque sur la tête, grenades lacrymogènes bien rangées à la ceinture, kalachnikov sur le dos, bâton au creux de la main … tout cela dans un froid de canard. Il a plu presque toute la nuit.
"Sont-ils venus ou pas ?" Une question qui hante ceux qui sont moins bien informés. "Ils sont venus, mais ont été arrêtés en cours de route", chuchote un policier. "Ils sont rassemblés juste sur la route qui mène au chef-lieu de la province Kayanza, tout près des bureaux communaux", précise un autre agent de la sécurité.
A 7h30. Au lieu indiqué. Dans la rue, les Zebiyas, par centaines, mouillés, face contre terre, assis par rangées. Autour, la police. L’administrateur est également sur place. Mais personne ne veut commenter les faits. Vers 11h, les fidèles de Zebiya sont tous acheminés au chef-lieu de la province Kayanza. Et les procédures judiciaires débutent.
A préciser : le procès se déroule en l’absence de leur avocat : "Je n’ai rien su !", s’exclamera plus tard Me Prosper Nyanzira, sans trop de détails …