Évasions des détenus, coups et blessures consécutifs aux conflits fonciers, surnombre dans les cachots de la police, réflexes de se justice populaire, sont autant de conséquences de la grève des magistrats dans la province de Bururi…
<doc2156|left>Selon Fidèle Nkurunziza, représentant la Ligue des droits de l’homme Iteka dans la province de Bururi, les conséquences de la grève des magistrats qui perdure se manifestent dans les différentes communes. Il indique que des cas d’évasions des détenus se multiplient dans les milieux carcéraux. Ainsi, poursuit-il, trois détenus du cachot de la police de transit se sont évadés vendredi, 18 novembre, après avoir passés trois semaines sans être entendus par un magistrat : « ils ont préféré s’évader car ils n’avaient plus d’espoir d’être interrogés, les magistrats étant en grève depuis plus d’un mois. »
D’après Fidèle Nkurunziza deux tentatives d’évasion de prévenus ont été enregistrés à la prison de Bururi et une autre à la prison de Rumonge au cours de cette période de grève. « Ce sont surtout des détenus prévenus qui tentent de s’évader car ne sachant plus quand leurs dossiers seront instruits », poursuit-il.
« La justice est en congé »
Ce défenseur des droits de l’Homme indique que des conflits fonciers engendrant des coups et blessures sont rapportés par les autorités administratives. Les communes les plus citées sont Mugamba, Matana, Songa et Rumonge.
Un surnombre des détenus est aussi observé dans les différents cachots de la police. A titre illustratif, au cachot de la police de Bururi se trouve 38 détenus alors qu’elle était supposée en accueillir 10. Le cachot de la police judiciaire de Rumonge conçu pour 8 détenus en héberge aujourd’hui 43. Une autre conséquence est le développement des réflexes de justice populaire. Cela a été remarqué aux marchés de Rumonge et Kabumburi en commune de Buyengero : de présumés voleurs ont failli être lynchés par une foule de gens en colère n’eût été l’intervention rapide de la police. « Cette foule arguait que la justice est en congé », a précisé le responsable de la ligue Iteka dans cette province du sud du Burundi.
Il est à noter que les magistrats de Bururi n’ont pas répondu à l’appel lancé par le ministre de la Justice à reprendre le service ce lundi. Seuls, le procureur de la République à Bururi et le président de tribunal de grande instance continuent à travailler. Le mouvement de grève des magistrats est aussi largement suivi au niveau des magistrats des tribunaux de résidence des différentes communes de la province.
Ces magistrats indiquent qu’ils attendent l’appel des responsables de leur syndicat pour reprendre le travail.